Au dernier jour du séminaire, les participants ont été répartis en plusieurs groupes de travail dans le but de discuter et de clarifier les recommandations qui seraient le résultat de la rencontre. Ceux-ci représentaient un résumé des opinions des participants et seraient ainsi la base sur laquelle tout prochain lâcher de Teretriosoma nigrescens serait fait.
Les groupes de travail se sont occupé des points suivants:
- Recommandation générale pour introduire T. nigrescens comme insecte utile en Afrique.
- La methode de lâcher et suivi
- Recherche ultérieure et besoins de formation
- Conscientisation des donateur
1. Sujet: Recommandation générale pour introduire T. nigrescens comme insecte utile en Afrique.
Considérant la réunion de juin 1989 tenue à Cotonou proposant T. nigrescens comme candidat potentiel à la lutte biologique contre le Grand Capucin du Maïs
- Considérant les résultats des tests exigés par ladite rencontre
- Vu que T. nigrescens ne peut se multiplier sur les végétaux et produits végétaux
- Vu que T. nigrescens ne présente pas de risque pour les insectes utiles notamment abeille et ver à sole
- Vu que T. nigrescens a une spécificité écologique
Le Séminaire-Atelier des 5 et 6 novembre 1990 de Lomé, Togo recommande le lâcher de Teretriosoma nigrescens en Afrique.
2. Sujet: introduction de T. nigrescens en Afrique: recommandation pour le lâcher et pour la méthode d'évaluation de son impact.
A) Une évaluation quantitative complète de lâcher de T. nigrescens, en particulier de son comportement au lâcher et de son impact sur la population de GCM ainsi qu'une large documentation sur l'intensité du programme sont d'une importance capitale pour guider le développement futur des stratégies de lutte pour diminuer GCM.
B) Nombre de points de lâchers: durant la phase initiale, le nombre de points de lâcher devrait être fonction de la capacité de suivi possible.
C) Le lâcher du prédateur devrait s'opérer en 2 phases: une phase initiale pour voir si l'introduction peut s'établir et ensuite, suivant les résultats de ceci, un lâcher général à travers tout le pays en question.
D) Pour le lâcher initial, un village devrait si possible être sélectionné dans chaque zone agroclimatique, afin de prendre en compte la variabilité des conditions de stockage et climatiques.
E) La méthodologie d'introduction ne devrait être arrêtée qu'après consultation des organisations nationales et internationales expérimentées en la matière.
F) Sélection des sites de lâcher: les villages retenus pour le lâcher de T. nigrescens devraient compter un bon nombre de greniers à grains infestés par GCM. Dans chaque village, 5 à 10 greniers devraient être sélectionnés comme points de lâcher. Il faudrait s'arranger préalablement avec les agriculteurs de façon qu'il soit possible d'échantilloner les greniers durant la période de stockage.
G) Période de lâcher: le prédateur devrait être lâché au moment adéquat durant le cycle d'infestation de GCM. Cela dépendra du pays et de la région. Le prédateur ne devrait être lâché que quand GCM est bien présent.
H) Suivi de la dispersion de T. nigrescens afin d'évaluer sa propagation du prédateur dans les greniers des villages:
- à intervalles réguliers, il faudrait évaluer la présence du prédateur dans les épis du grenier du village où le lâcher aura eu lieu.
- le nombre d'épis et de greniers à examiner dépendra des ressources disponibles, maïs devrait être le plus élevé possible.
- il faudra éviter l'emploi de pièges à phéromones, étant donné qu'ils peuvent interférer avec le processus de propagation.
L'évaluation de la dispersion de T. nigrescens dans les zones environnantes se fera tous les 2 mois, après la libération du prédateur. Des pièges à mouches en forme d'entonnoir, avec comme appât la phéromone d'agrégation synthéthique GCM, seront disposés à équidistance de 1 km, sur un cercle de rayon d'une km autour du village sélectionné. Les pièges seront suspendus, à 2 m au-dessus du niveau du sol, et laissés sur place durant la nuit pour s'assurer que le piégeage ne s'effectue que sur les insectes provenant des environs immédiats.
Après la capture de T. nigrescens à 1 km, la propagation au delà de cette distance pourra être suivie en plaçant des pièges dans les villages voisins etc. dans les directions de dispersion effectives du prédateur. La présence du prédateur dans les greniers des villages devrait être examinée, dés qu'il aura été détecté dans les pièges des alentours.
I) Mesures pour évaluer l'impact de T. nigrescens sur la réduction des pertes au stockage dans les différents villages.
- un échantillonnage séquentiel des épis provenant des greniers sélectionnés devrait avoir lieu.
- le nombre de greniers sélectionnés et le nombre d'épis prélevés devra dépendre de la main-d'oeuvre et des ressources disponibles.
- les propriétaires de chaque grenier devraient fournir des informations sur les quantités de grains qu'ils ont prélevé et consommé, afin de calculer le poids réel de grains perdus au stockage durant une saison.
- l'échantillonnage devrait débuter avant le lâcher et continuer à intervalles réguliers après.
- les données antérieures, si disponibles, devraient être intégrées dans l'évaluation.
3. Sujet: Recherche ultérieure et besoins de formation.
Tenant compte de la complexité écologique des systèmes de culture basés sur le maïs mettant en oeuvre des stockages combinés du maïs et manioc comprenant des structures en bois, des champs de maïs composés de plusieurs variétés de maturité différentes et d'autres hôtes (manioc, sorgho etc.), tenant compte aussi que la végétation naturelle se modifie en fonction du temps et du climat de distribution en Afrique, le séminaire recommande de procéder à de plus amples recherches concernant l'analyse d'écosystèmes avec une attention particulière pour:
- la taxonomie et le comportement alimentaire des insectes benefiques et nuisibles
- les frontières géographiques et écologiques
- une évaluation de l'impact socio-économique
- des études sur les dynamiques de populations et les cycles biologiques de Prostephanus, ses concurrents et ses antagonistes
- les interactions entre la plante hôte et l'insecte nuisible, tant aux champs que dans les greniers
- les méthodes de culture et de stockage, y compris l'emploi d'insecticide
- développement ultérieur de techniques de piégeage à l'aide de phéromones
- techniques d'élevage et de lâchers pour des ennemis naturels prometteurs.
Le séminaire recommande aussi des formations de différents niveaux en étroite association avec la recherche sus-mentionnée, sur
- l'identification des insectes nuisibles au stockage, et de ses ennemis naturels
- méthodes d'élevage et de lâchers
- techniques de contrôle et de suivi
- évaluation de l'impact sur les pertes aux cultures.
4. Sujet: Conscientisation des donateurs
Malgré les recherches et les mesures de contrôle et d'éradication déjà entreprises, le GCM reste un sérieux obstacle à la sécurité alimentaire en Afrique, et est toujours en train d'accroître sa zone de distribution. Tous les efforts doivent être menés pour développer une approche globale afin de ramener les pertes à des niveaux acceptables.
De nombreux pays ne disposent pas de l'infrastructure, des moyens de recherches ou de fonds nécessaires pour s'attaquer efficacement aux problèmes engendrés par LGB. Pour cette raison, la communauté des donateurs et les organisations internationales est invitée à donner son support afin de mettre en pratique les recommandations ci-dessus énumérées.