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8.1.8 Résidus

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Dans la plupart des cas, une contamination par des résidus d'insecticides est due avant tout à la consommation de produits contaminés. Les insecticides et les produits issus de leur décomposition peuvent être décelés comme résidus dans les produits traités assez longtemps auparavant. Si le produit présente un degré élevé de toxicité aiguë, l'ingestion peut déclencher des troubles immédiats (cf. section 8.4.3).

Les substances chimiquement très stables et, partant, difficilement éliminables (c'est- à- dire celles qui sont particulièrement persistantes), peuvent avoir des effets nocifs à long terme - même si leur toxicité aiguë est moindre - dans la mesure où elles se renforcent en particulier dans les tissus adipeux. On assiste alors à un empoisonnement latent, ce qui est par exemple le cas pour le DDT et les autres organochlorés. On les rencontre malheureusement encore à l'heure actuelle dans la protection des stocks bien qu'ils soient interdits dans la plupart des pays.

Dans un souci de protection du consommateur, il existe pour tous les insecticides des prescriptions relatives aux limites maximales de résidus (LMR) admissibles dans les denrées traitées. Etant donné qu'une grande partie de l'insecticide se décompose pendant la transformation, la valeur résiduelle tolérée dans les produits à degré de transformation moindre (par exemple les céréales crues) est supérieure à celle des produits subissant une transformation plus poussée (par exemple la farine). On part en l'occurrence du principe qu'un individu présentant des habitudes alimentaires normales et qui mange de la nourriture contenant des résidus d'insecticides ne dépassant pas les LMR, n'atteint pas la DJA (cf. section 8.1.7).

Etant donné qu'il faut postuler que les denrées stockées traitées, comme les céréales, sont livrées à la consommation peu après le traitement, les quantités utilisées ne doivent pas excéder les limites maximales de résidus admissibles. Cette exigence, qui a été prise en compte dans le code FAO/OMS, doit être observée de même dans les législations nationales.

Les préoccupations pour la santé humaine ont donné naissance au cours de ces dernières années à de nouvelles approches en matière d'évaluation toxicologique des insecticides. C'est ainsi que l'on a introduit la notion de TMDI (absorption journalière maximale théorique), qui est fondée sur la multiplication de la LMR de produits de base des alimentations nationales par leur consommation journalière estimée.

Devant la quasi impossibilité d'établir des prévisions concernant la TMDI, la FAO/OMS a suggéré, pour parvenir à une estimation plus réaliste des risques de santé encourus par les consommateurs, de recourir à l'absorption journalière maximale estimée (EMDI). Un autre perfectionnement a été introduit avec la notion d'absorption journalière estimée (EDI). Le calcul de ces facteurs étant toutefois uniquement réservé aux pays disposant de bases de données fiables, sa valeur pratique est plutôt limitée.

Les mesures suivantes ont pour objet d'éviter, ou de limiter au maximum, l'absorption de résidus d'insecticides par l'homme ou l'animal:

•Employer exclusivement des matières actives et formulations officiellement approuvées pour la protection des stocks!
•Respecter strictement les doses d'application recommandées!
•Ne traiter le produit stocké qu'une seule fois et éviter les surdoses locales!
•Renoncer aux applications superflues d'insecticides!
•Renoncer à tout traitement qui interviendrait peu avant la vente ou la consommation de denrées alimentaires!

8.1.9 Résistance

On parle de résistance à un produit quelconque lorsque l'on se trouve dans l'incapacité de combattre une infestation de ravageurs au moyen des produits et quantités recommandés et demeurés jusqu'alors efficaces.

Les résistances se développent par le biais d'un processus de sélection: dans un groupe (population) de ravageurs, on trouve toujours quelques individus qui réagissent de manière plus sensible à un produit, mais il en existe également d'autres qui, à l'inverse, sont moins sensibles à ce produit que la majorité de leurs congénères.

Les individus moins sensibles ont ainsi une chance de survivre à un traitement et de se reproduire. S'ils y parviennent ils transmettent alors cette résistance accrue à leur descendance, et c'est ainsi que l'on en arrive, au bout d'un certain temps, à un processus de sélection d'animaux résistants.

Chez les insectes appartenant à des espèces ayant un taux de reproduction élevée (succession rapide des générations, descendance nombreuse), le développement de résistances intervient plus vite que chez les autres. Dans les régions tropicales, la formation de résistances est encore favorisée par des conditions climatiques idéales et la succession rapide des générations de ravageurs qui en résulte. Le processus de résistance est accéléré lorsque:

•on emploie la même matière active durant une période prolongée
•on applique des doses insuffisantes
•l'insecticide est partiellement décomposé suite à un stockage prolongé
•la matière active est inégalement répartie
•les applications d'insecticides ont lieu fréquemment
•les conditions d'hygiène sont mauvaises

On assiste parfois à l'apparition de résistances croisées, c'est- à- dire qu'une population d'insectes se montre résistante à deux matières actives différentes, et cela même si cette population n'a été combattue qu'à l'aide d'un seul de ces produits.

On a par ailleurs constaté parfois des résistances multiples, c'est- à- dire des résistances envers plusieurs matières actives appartenant à différents groupes chimiques.

On distingue différentes formes de résistances:

- La résistance physiologique: les insectes possèdent la faculté de neutraliser le produit actif dans leur corps avant qu'il n'ait pu agir.
- La résistance morphologique: les insectes ont modifié leur morphologie, en augmentant par exemple la couche de cire ou de poils qui les enveloppe, ce qui rend plus difficile l'absorption du produit actif par le corps de l'insecte.
- La résistance comportementale: les animaux évitent activement le contact de l'insecticide.

Voici certaines mesures à mettre en œuvre pour prévenir l'apparition de résistances:

- Changer régulièrement de matière active (si possible une fois par an)!
-Employer des insecticides uniquement dans le cadre d'une hygiène rigoureuse au niveau de l'entrepôt!
- S'assurer que le dosage et l'application sont corrects!
- Renoncer à l'emploi superflu d'insecticides!

Augmenter la dose d'emploi n'est pas une solution du lait que cela engendre à long terme une résistance accrue. Cette augmentation est en outre peu économique et par ailleurs interdite, car elle se heurte aux prescriptions légales en matière de limites maximales de résidus autorisées.

Remarque: L'utilisation intensive de malathion qui a été faite au cours de ces dernières années est à l'origine, dans le monde entier, de résistances parfois extrêmement prononcées vis- à- vis de ce produit, ce qui explique que l'on ne peut plus le recommander universellement pour la lutte contre les ravageurs des stocks. Les insectes résistant au malathion présentent souvent des résistances croisées à des composés organophosphorés d'apparition plus récente.

Il faut également noter que les résistances au chlorpyriphos- méthyle sont déjà largement répandues et que les premières résistances au pyrimiphos- méthyle ont été signalées dans les pays où ce produit est fréquemment appliqué. Les espèces d'insectes résistantes sont susceptibles de se répandre dans le monde par le biais des échanges commerciaux.

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