Introduction et aspects concernant l'usage de ce dépliant
Le maïs et le manioc sont les deux principaux aliments de base de l'Afrique occidentale. Il a fallu que ce soit justement ces deux aliments essentiels qui soient de plus en plus victimes d'infestations causées par le grand capucin du mais, un ravageur des stocks récemment importé accidentellement dans cette région et qui est responsable de pertes particulièrement lourdes dans les greniers ruraux de stockage du mais et du manioc. De plus en plus de paysans tentent à l'heure actuelle de venir à bout du ravageur par l'emploi de produits chimiques de protection des stocks. Les insecticides, comme on appelle ces produits dans le langage technique, ont fait depuis longtemps déjà leur apparition dans le stockage rural. Et pourtant, beaucoup de paysans ne sont toujours pas suffisamment informés sur l'efficacité, les modalités d'application, les coûts et les risques attachés aux divers produits.
Sans un séchage suffisant, un tri soigneux de la marchandise à stocker, sans hygiène et sans local de stockage approprié, la seule mise en oeuvre de produits chimiques de protection des stocks ne permet pas de garantir un stockage du mais n'entraînant qu'un minimum de pertes. Les insecticides ne sont pas une panacée.
Ce dépliant d'information s'adresse aux personnels des services de vulgarisation agricole et de protection des végétaux ainsi qu'aux organisations non gouvernementales opérant dans les zones rurales de l'Afrique au sud du Sahara. Elle entend toutefois également fournir aux fabricants et aux vendeurs de produits phytosanitaires, de même qu'aux organismes à vocation commerciale, un certain nombre de suggestions pour l'amélioration des produits.
Le contenu de ce dépliant étant entièrement axé sur les problèmes concernés et les activités pratiques, il est également susceptible d'inspirer des représentations théâtrales dans les villages ou des émissions agricoles àla radio.
Etant donné que la situation des cultivateurs d'Afrique occidentale/orientale est bien souvent très hétérogène, nous avons renoncé à donner dans ce dépliant des détails précis d'application et autres «prescriptions» à caractère absolu. Il s'agit en effet d'encourager chez l'agriculteur et chez son interlocuteur la recherche de solutions créatives et adaptées au problème considéré, pouvant impliquer le cas échéant la renonciation à l'emploi de produits chimiques de protection des stocks.
Yao K., lui aussi, a dû l'apprendre à ses dépens. Ce petit paysan du sud du Togo avait acheté des produits de protection des stocks auprès d'un commerçant du marché. Il avait ensuite divisé son mais en deux, une partie du stock étant destinée à sa propre consommation au cours des trois àquatre mois suivants, l'autre partie devant être stockée pendant une période prolongée. Suivant en cela les conseils du service togolais de la protection des végétaux, il avait uniquement traité cette seconde partie à l'insecticide.
Le partage de la récolte permet un emploi économique des insecticides.
Edem: l'important est que les insecticides ne viennent pas au contact de la peau. Il faut que tu portes un pantalon, une chemise à manches longues, des chaussures fermées, ou mieux, des bottes, des gants de plastique ou de caoutchouc et un couvre-chef.
Yao: je n'avais pas de gants, mais j'ai glissé mes mains dans des sacs de plastique.
Edem: parfait, c'est bien aussi. Par ailleurs, tu ne dois jamais manger, boire ou fumer en manipulant des insecticides. Après le travail, il faut te laver soigneusement et changer de vêtements. S'il devait malgré tout se produire quoi que ce soit ou si tu ne te sentais pas bien à la suite du traitement, il faudrait te rendre immédiatement au dispensaire le plus proche. N'oublie pas, dans ce cas, d'emporter l'emballage de l'insecticide pour que le médecin sache quelle est la cause possible de l'intoxication.
Eviter tout contact avec les insecticides!
HENCKES, C.: Investigations into insect population dynymics, damage and lasses of stored maize - An approach to IPM on small farms with spécial reference to Prostephanus truncatus (Horn). Berlin, 1992.
Adresses Dr. Agounké
Directeur de la Direction de la Protection des Végétaux
B.P. 1263
Lomé - Cacaveli
Togo
Albert Bell, Coordinateur de projet
"Lutte intégrée contre le grand capucin du maïs - Les systèmes d'après récolte des petits exploitants"
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GmbH Postfach 5180
D - 65726 Eschborn/Allemagne
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Financé par Bundesministerium für wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung
Edem: est-ce que tu as lu attentivement les instructions d'emploi du fabricant sur l'emballage et est-ce que tu t'es notamment conformé exactement au dosage indiqué ? Si tu utilises une quantité de poudre inférieure à celle qui est prescrite, elle n'aura aucun effet; trop de poudre représente un gaspillage et un danger pour l'utilisateur. As-tu réparti uniformément sur le mais la dose correcte du produit de protection des stocks et soigneusement mélangé les deux ?
Yao: oui, j'ai respecté toutes les indications du paquet et je n'ai entreposé que du mais sec et en parfait état.
Le dosage correct des insecticides: la quantité est insuffisante, le produit est inefficace, si elle est trop élevée, cela entraîne un gaspillage et des risques pour la santé.
Stockage correct de l'insecticide
Edem B. se demande à son tour ce qui a pu provoquer de telles pertes de stockage dans le grenier de Yao K. alors que celui-ci semble avoir fait exactement ce qu'il fallait. Edem B. se creuse la tête: se conformant aux recommandations, Yao K. a partagé sa récolte, utilisé le produit phytosanitaire correct et appliqué l'insecticide uniquement sur le maïs qui devait être stocké un certain temps... Examinant de nouveau le reste de la poudre, Edem remarque cependant qu'elle présente des grumeaux assez épais.
Edem: est-ce qu'il y avait déjà autant de grumeaux dans cette poudre au moment où tu as traité tes céréales, ou est-ce qu'elle était fine ?
Yao: elle contenait beaucoup de grumeaux, des petits et des gros, que j'ai commencé par écraser, et puis la poudre était humide.
Edem: ah, je sais maintenant ce qui a causé tous ces dégâts sur les stocks. Il existe malheureusement une foule de commerçants malhonnêtes qui vendent souvent des poudres n'ayant aucun effet, et qui sont même parfois dangereuses.
Méfiez-vous des filous!
Edem: Ton produit de protection des récoltes est inutilisable. Il a été stocké dans des conditions inadéquates, peut-être aussi trop longtemps, ce qui fait qu'il a perdu toute son efficacité.
Demandez des produits en emballage original chez les distributeurs spécialisés!
Yao K. est bien entendu furieux. Edem B. profite quand même de l'occasion pour attirer encore une fois son attention sur quelques mesures de précaution essentielles en ce qui concerne la manipulation de produits chimiques de protection des stocks. Dans la plupart des exploitations agricoles africaines, on utilise des insecticides en poudre qui sont en général d'une manipulation aisée. Etant donné les risques d'intoxication, l'usage des produits de fumigation est totalement interdit aux personnes privées. En tant que spécialiste ayant reçu une formation adéquate, Edem B., lui, sait que beaucoup de gens manipulent sans aucune précaution certaines substances toxiques et qu'il en résulte des accidents et des maladies.
L'inspection du grenier entreprise six mois plus tard donna des résultats atterrants cependant. Le «nouveau» - c'est comme cela que les paysans togolais appellent le grand capucin du mais - avait causé de graves dégâts. Plus de la moitié des grains de mais traités à l'insecticide étaient inconsommables. Dans la plupart des cas, il ne restait pas beaucoup plus que des enveloppes vidées de leur contenu et une grande quantité de farine blanche.
Yao K. est désespéré. La perte subie a fait un trou important dans le budget du ménage. Et pourtant, il avait bien suivi les conseils du service de protection des végétaux et partagé sa récolte en deux. Il avait intensément réfléchi avant de décider quelle quantité de mais il lui fallait prévoir pour la consommation à court terme et quelle quantité il devait stocker à plus long terme. Il avait même discuté avec sa femme dans le but de chiffrer leurs besoins propres. Et voilà ce qui arrive. S'être donné tant de mal pour rien!
Après de violentes réprimandes de la part de sa femme, Yao K. s'adresse au service national de la protection des végétaux. Edem B., conseiller spécialiste de la protection des végétaux, ne tarde pas à venir inspecter les greniers de Yao et s'efforce de déterminer les causes du dommage.
Edem: quel mais as-tu traité à l'insecticide, celui qui était prévu pour ta propre consommation à bref délai, ou le mais destiné au stockage à long terme ?
Yao: j'ai saupoudré la marchandise que j'avais l'intention de stocker pendant plusieurs mois, mais je n'ai pas traité le mais destiné à ma propre consommation au cours des trois mois suivants.
Evolution de l'attaque par le ravageur
Edem: tu as très bien fait. Les recherches menées en commun par le service togolais de la protection des végétaux et la GTZ ont montré que le grand capucin du mais ne provoque pas de dommages notables durant les trois ou quatre premiers mois. Ce n'est que par la suite, après qu'il s'est multiplié, que le «nouveau» cause de graves dégâts aux récoltes !
Les graves dégâts causés par le «nouveau», n'apparaissent qu'au bout de trois à quatre mois seulement.
Edem: mais as-tu acheté un insecticide recommandé par nous ?
Yao: je l'ai acheté au marché à un commerçant.
Choix de l'insecticide
Edem: contre les ravageurs des stocks qui se sont déjà manifestés, nous recommandons d'utiliser le pyrimiphos-méthyle ou la deltaméthrine. Et lorsqu'il s'agit du grand capucin du mais, nous conseillons en plus les préparations mixtes contenant les deux matières actives citées. Quelle «poudre» as-tu achetée ?
Yao: j'ai encore ici un reste de ce produit de protection des stocks.
Edem: C'est l'un des insecticides recommandés par nous; normalement, si le produit est employé correctement, il donne de bons résultats.
Ne jamais utiliser des stocks que ceux recommandés par les services de protection des végétaux!
Pays attaqués par le grand capucin du maïs en Afrique
