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37. Secteur minier - Exploitations souterraines

Table des matières - Précédente - Suivante

1. Présentation du domaine d'intervention
2. Effets sur l'environnement et mesures de protection

2.1 Effets concernant le gisement et les roches encaissantes

2.1.1 Diminution des ressources naturelles
2.1.2 Perturbation de l'environnement géologique
2.1.3 Altération du régime des eaux souterraines
2.1.4 Altération de la qualité de la nappe phréatique

2.2 Effets produits au fond de la mine

2.2.1 Air
2.2.2 Bruit
2.2.3 Poussières
2.2.4 Eaux de mine

2.3 Effets en surface

2.3.1 Air/climat
2.3.2 Eau
2.3.3 Affaissements
2.3.4 Terrils, emprise de l'exploitation, paysage

2.4 Effets de l'exploitation souterraine dans son ensemble

3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'évaluation des effets sur l'environnement

3.1 Air
3.2 Bruit
3.3 Poussières
3.4 Eau
3.5 Sols

4. Interactions avec d'autres domaines d'intervention
5. Appréciation récapitulative de l'impact sur l'environnement
6. Bibliographie

1. Présentation du domaine d'intervention

Les exploitations minières ont pour but de récupérer les matières minérales présentes à la surface du globe. Dans le cas des mines souterraines, les matières premières sont abattues au fond puis amenées au jour. L'accès aux matières premières s'obtient par creusement de puits et galeries débouchant au jour (les opérations de transformation des matériaux qui suivent l'extraction font l'objet d'un dossier distinct "Secteur minier - Préparation et transport"). Le présent dossier traite uniquement de l'abattage en souterrain de matières premières minérales à forte cohésion.

On compte env. 70 sortes de minéraux exploitables, que l'on rencontre accumulés dans la croûte terrestre en une masse homogène ou sous forme de mélange naturel de plusieurs espèces minérales (minéraux accompagnateurs). On parle dans ce cas d'associations minérales.

L'exploitation souterraine englobe toutes les activités visant à récupérer les réserves de matières premières du sous-sol. Celles-ci ne se limitent pas à l'abattage et à la manutention des volumes abattus. Il faut compter également les travaux de pré-exploitation, la mise en place des infrastructures requises, le rattachement aux voies de transport, les aires de stockage et les installations de surface tels les bâtiments administratifs, ateliers etc., ainsi que toutes les mesures à prendre pour la sécurité des mineurs. En ce qui concerne les travaux et ouvrages du fond, on distingue notamment:

- l'abattage
- la manutention
- l'aérage
- le chargement
- l'exhaure
- le soutènement

Dans de nombreux pays, on rencontre de petites entreprises pratiquant l'exploitation à faible découverte sur la base de tranchées, que l'on peut considérer comme une forme intermédiaire entre l'exploitation souterraine et l'exploitation à ciel ouvert.

On mettra à part les procédés spéciaux ne nécessitant pas d'accès direct (sans ouverture de la mine) pour la ponction des matières premières, comme c'est le cas pour la dissolution en place dans les mines de sel, la lixiviation in situ ou la gazéification en place du charbon, où les substances utiles sont d'abord converties en une forme qui les libère de leur gangue et permet de les amener au jour.

Les mineurs travaillent dans les cavités souterraines créées par l'exploitation. Les conditions de travail résultant de l'air, de sa température, son hygrométrie, sa teneur en gaz nocifs ou explosifs ou en substances radioactives, mais aussi de l'humidité, des dégagements de poussière et du bruit, sont fonction du minéral à extraire d'une part et des roches encaissantes, de la profondeur et de l'équipement disponible d'autre part.

Les sites d'implantation des exploitations souterraines sont imposés par les occurrences minérales exploitables. Les exploitations souterraines se rencontrent dans toutes les zones climatiques, dans les régions isolées aussi bien que sous des grandes villes, au fond de la mer et dans les régions de haute montagne. La taille des exploitations va d'une capacité d'extraction de moins de 1 tonne par jour à plus de 15 000 tonnes par jour. La profondeur des niveaux d'exploitation varie entre quelques mètres et plus de 4000 m.

2. Effets sur l'environnement et mesures de protection

Les effets des activités minières se manifestent à trois niveaux différents: dans le gisement et les roches encaissantes, dans les espaces souterrains excavés et à la surface. Une exploitation optimale des ressources minérales assurant en même temps la limitation des répercussions sur l'environnement suppose l'établissement d'un programme détaillé pour la conduite des opérations et les méthodes et techniques d'abattage.

2.1 Effets concernant le gisement et les roches encaissantes

2.1.1 Diminution des ressources naturelles

L'exploitation d'une mine souterraine a pour conséquence majeure la diminution de ressources non renouvelables. Outre les matières premières extraites, il faut compter les pertes à l'abattage et les préjudices causés à d'autres portions du gisement. Le moyen le plus simple de prévenir ces effets indésirables consiste en un remblayage des vides et en une planification minière intelligente.

Suivant les conditions régnant dans l'exploitation, certaines matières premières (charbon et minerais sulfurés) peuvent s'enflammer spontanément et provoquer un feu de mine.

2.1.2 Perturbation de l'environnement géologique

La mise en exploitation d'une mine souterraine requiert le creusement d'excavations sous terre, qui perturbe l'équilibre des terrains environnants en engendrant des contraintes et des mouvements dans le massif rocheux. Comme effets potentiels de l'extraction de matériaux sur l'environnement géologique, il convient de mentionner:

- les affaissements dus à l'éboulement de la roche dans les cavités dégagées. Les effets de ces affaissements peuvent se répercuter jusqu'en surface et endommager des bâtiments et autres installations. Pour les mesures de prévention, voir point 2.3.3.
- la destruction des parties supérieures du gisement. Ceci serait toutefois lié plutôt à une planification minière déficiente.

2.1.3 Perturbation du régime des eaux souterraines

La réalisation d'un ouvrage souterrain a pour effet de modifier le bilan d'eau du massif rocheux creusé en raison des nouveaux systèmes de canalisation et de drainage mis en place. L'exhaure (pompage) peut provoquer par ex. un abaissement sensible du niveau de la nappe phréatique, qui pourra entraîner alors une altération notable de la flore en surface (voir également point 2.3.2.).

2.1.4 Altération de la qualité de la nappe phréatique

Une éventuelle pollution de la nappe phréatique peut être due à différents facteurs. Il peut s'agir d'eaux de mine (voir point 2.2.4) s'infiltrant accidentellement dans les nappes souterraines, de solutions et lessives employées dans le cas de la dissolution ou lixiviation en place, de fuites de produits réfrigérants employés pour le fonçage des puits, ou encore de l'infiltration d'eaux s'égouttant des terrils. Des mesures de protection efficaces consistent à imperméabiliser les sols, les puits et les quartiers d'exploitation épuisés et à installer un système de drainage et/ou de canalisation de ces eaux.

2.2 Effets produits au fond de la mine

Les conditions prévalant dans une mine souterraine résultent de l'interaction entre les mineurs, les machines, les roches et l'atmosphère. Les effets des ouvrages souterrains concernent en premier lieu l'homme qui y travaille. La priorité revient donc aux aspects de la sécurité et de la santé des mineurs.

2.2.1 Air

L'atmosphère régnant au fond d'une mine est influencée non seulement par les activités déployées, mais aussi par la température du massif rocheux, qui augmente avec la profondeur, et les gaz et liquides que la roche peut renfermer.

Tableau 1
Facteur influençant l'air/l'atmosphère dans les mines souterraines

Source de danger Origine Nature du danger Mesures préventives
Valeurs des paramètres
Manque d'oxygène (O2) Min. 19% Atmosphère pauvre en oxygène ou grisouteuse, respiration, lampes à flamme nue, feux de mine Lassitude, asphyxie Aérage
Rayons ionisants Composants radioactifs de la roche, sondes de mesure Irradiation, problèmes de santé Limitation du temps de travail avec contrôle des doses d'irradiation
Radon Se dégage de la roche Irradiation Aérage, limitation de la durée de travail
Grisou (méthane CH4)

Explosif de 5 à 14%

Dégagement de méthane dans les mines à charbon Explosion Captation des gaz, aérage, versions anti-déflagrantes pour les appareils
Poussière de charbon Abattage, transport du charbon Explosion Neutralisation (par arrosage par ex.), protection contre les coups de grisou
Monoxyde de carbone (CO)

----------

> 50 ppm

Gaz d'échappement, dégagement dans les mines de houille laissées ouvertes Intoxication Aérage
Dioxyde de carbone (CO2)

----------

>1%

Inclusion dans des dépôts de sel, gaz d'échappement, se dégage des eaux thermales Asphyxie Aérage
Sulfure d'hydrogène (H2S)
----------
> 20 ppm
Se dégage des eaux d'exhaure et eaux thermales Intoxication Aérage
Oxydes d'azote (NOx) et fumées de tir Tirs à l'explosif Intoxication Aérage, limitation des tirs à certains moments de la journée
Gaz d'échappement Moteurs Intoxication Aérage
Gaz de combustion, fumées Feux de mine Intoxication Extinction, barrages, mesures de prévention
Brouillard d'huile Appareillage pneumatique Intoxication Neutralisation des brouillards (par arrosage par ex.)
Température Température élevée des roches, chaleur des moteurs Lassitude Aérage, refroidissement de l'air

2.2.2 Bruit

Le bruit engendré dans une exploitation souterraine est dû en premier lieu aux machines de foration, aux tirs à l'explosif, ainsi qu'à l'emploi de moteurs à combustion, à air comprimé ou hydrauliques. Les moyens de transport (bandes transporteuses, trains, véhicules) et les ventilateurs constituent également des sources sonores.

Les machines peuvent être conçues ou transformées de façon à réduire les émissions sonores. A partir d'un certain niveau de pression acoustique, le port de protections auditives est obligatoire.

2.2.3 Poussières

Les charges de poussières (par ex. poussières minérales dans les mines de charbon) doivent être limitées autant que possible en raison de leurs risques pour la santé. La plus dangereuse des affections est la silicose, provoquée par les poussières de quartz. Toutes les opérations s'accompagnant d'une désagrégation mécanique de la roche, à savoir la foration, les tirs de mines, le concassage, la manutention etc. provoquent un dégagement de poussières.

Les poussières nocives pour les mineurs peuvent provenir entre autres des minéraux suivants: amiante, béryllium, fluorite, minerais de nickel, quartz, mercure, cinabre, dioxyde de titane, oxyde de manganèse, composés de l'uranium, minerais d'étain. L'amiante sous forme de poussières fines, les poussières inhalables de minerais de nickel et de béryllium ainsi que la suie des moteurs diesel sont cancérogènes. Les poussières de charbon présentent en outre un risque d'explosion.

A titre de mesure préventive, les poussières peuvent être neutralisées par arrosage en cours de foration ou de transport des matériaux ou par infusion du massif avant l'abattage. Le port de respirateurs empêche l'inhalation de poussières. Quant aux particules de suie, elles peuvent être captées par des filtres montés sur les moteurs à combustion.

2.2.4 Eaux de mine

Les activités minières s'accompagnent d'une altération de la qualité des eaux de mine.

Les mineurs devront se protéger contre les eaux agressives par une tenue vestimentaire adéquate. Pour éviter la dégradation des équipements, on choisira des matériaux à bonne tenue à la corrosion.

Tableau 2

Facteurs de pollution des eaux de mine et eaux superficielles Exemples de charges polluantes Mesures à prendre/procédés d'épuration
Modification du pH   Neutralisation
Substances inorganiques solubles Métaux lourds, sels, soufre Précipitation
Matières en suspension non solubles, inorganiques Boues Agglomération et décantation
Substances organiques Huiles, graisses, lubrifiants, émulsifiants Précipitation dans des décanteurs
Augmentation de la température   Refroidissement, mélange de l'air

2.3 Effets en surface

Les effets en surface sont dus à la communication entre le fond et les installations du jour et plus précisément à l'aérage, à l'exhaure et au transport des matériaux abattus. Ils sont produits également par les installations du jour complétant l'équipement du fond. Par ailleurs, les tirs de mines provoquent des ébranlements et parfois des mouvements du massif rocheux perceptibles en surface.

2.3.1 Air/atmosphère

Si la ventilation des galeries se fait sans système de filtrage sur les puits et galeries débouchant au jour, elle peut être à l'origine d'une pollution atmosphérique ayant des répercussions négatives sur la végétation des alentours en particulier. La mise en remblai et l'exposition des terrils et verses à la déflation peuvent être à l'origine d'une pollution atmosphérique considérable, notamment en raison des dégagements de poussière.

Ces dégagements peuvent être limités par un arrosage des produits au moment de la mise en remblai et par la plantation immédiate de végétaux sur les terrils et verses ainsi que l'aménagement de talus de protection plantés eux aussi de végétaux. Dans les régions arides n'autorisant pas de tels écrans de verdure, on préviendra la pollution atmosphérique en limitant les activités sous le vent.

Dans le cas des mines de charbon, on se trouve confronté à de grandes quantités de méthane (CH4) l'un des principaux gaz à effet de serre. La meilleure solution consiste ici en un dégazage contrôlé du méthane par forages préliminaires et aspiration (avec valorisation du méthane recueilli). Les particules solides dont sont chargés les effluents gazeux des mines s'éliminent pour la plus grande part au moyen de filtres.

2.3.2 Eau

Le pH des eaux de mine - notamment dans le cas de minerais sulfurés - peut se situer dans la plage acide (en-dessous de 5,5). On veillera au respect des teneurs limites prescrites pour les sulfates, les chlorures et les métaux.

Ces teneurs doivent être contrôlées si les eaux souterraines sont consommées comme eau potable ou si elles sont rejetées dans les eaux superficielles. On examinera en particulier quels anions et cations apparaissent dans les eaux de mine et on déterminera leur potentiel de risque en fonction de leur concentration et de leur toxicité.

Il importe de souligner ici que les terrils constitués des déblais de la mine souterraine peuvent présenter de fortes concentrations en chlorures et en sulfates. Il faudra surtout tenir compte de cette éventualité dans le cas de terrils de sels en climat humide, où les sels peuvent être dissous par les précipitations.

Pour les rejets dans les eaux superficielles, on veillera à ne pas dégrader des écosystèmes sensibles, à ne pas provoquer une accumulation à long terme de substances polluantes et à ne pas entraver d'autres possibilités de valorisation de ces eaux (pêche par ex.).

Lorsque les eaux polluées d'un fleuve arrivent en zone côtière ou se jettent dans la mer, elles peuvent entraîner une pollution de l'eau de mer, l'altération des fonds marins, des pêcheries et des zones de nidification de la faune aviaire.

Finalement, les exploitations souterraines sont consommatrices d'eau. L'eau est nécessaire entre autres pour la foration, le remblayage, l'exploitation hydraulique etc.

Pour prévenir la pollution des eaux superficielles et souterraines, on appliquera les mesures décrites au point 2.2.4.

2.3.3 Affaissements

Lorsqu'une mine est mise en exploitation, les risques les plus fréquents pour la surface topographique résident dans des affaissements, qui peuvent se manifester selon les cas par des tassements, des inclinaisons, des courbures, des décalages, des distorsions et des compressions du sol. Ces phénomènes affectent avant tout les bâtiments et les équipements d'infrastructure, mais aussi l'environnement naturel. La moindre modification de la pente du terrain aura des incidences sur les systèmes de conduite d'eau, canaux et fleuves par ex., mais aussi sur les cultures de riz pluvial.

La protection contre les risques de ce type commence au stade de la planification régionale, qui doit prendre en compte les éventuelles conséquences d'un affaissement provoqué par l'excavation minière.

Le soutènement des ouvrages souterrains et le remblayage des vides avec les stériles ou le recours à des méthodes d'extraction appropriées peuvent empêcher ou du moins réduire les affaissements.

Un bon découpage du gisement et la progression contrôlée des tranches d'abattage permet en outre d'obtenir des affaissements plus lents et plus réguliers, évitant ainsi une détérioration des bâtiments et des réseaux publics d'approvisionnement à la surface.

2.3.4 Terrils, emprise de l'exploitation, paysage

Dans la grande majorité des cas, on voit apparaître à proximité de la mine de grands terrils constitués des stériles excavés lors du creusement des galeries. Ce type de dépôt devra faire lui aussi l'objet de mesures de contrôle quant aux teneurs résiduelles en métaux, bien que ces teneurs soient surtout significatives pour les terrils recevant les déchets de la préparation mécanique. Souvent, la plantation ultérieure de végétaux sur les terrils se heurte à de nombreuses difficultés. Dans la phase d'étude de l'exploitation, on prévoira les actions de restauration du site qui s'imposent.

A la surface, l'infrastructure et les installations du jour d'une mine souterraine (installations de manutention, bâtiments, ateliers, aires de stockage, approvisionnement en énergies, rattachement au réseau routier existant) occupent également une certaine étendue. Le carreau de la mine avec ses installations peut porter atteinte à l'esthétique du paysage, quand bien même on aurait tenté quelques agréments architecturaux. L'aménagement d'une telle zone industrielle entraîne donc une transformation du paysage aux environs de la mine. S'il s'avère nécessaire de déplacer des groupes de population, les personnes concernées devront être indemnisées en conséquence.

L'abaissement de la nappe phréatique peut avoir des répercussions négatives sur la végétation des alentours et provoquer le tarissement de cours d'eau. Par voie de conséquence, le monde animal et l'homme peuvent également être touchés, par ex. lorsque l'altération du bilan hydrique amène une réduction des disponibilités en eau de boisson.

Comme mesure compensatoire pour la protection des zones humides, il peut s'avérer nécessaire d'alimenter artificiellement la nappe phréatique. Avec la baisse du niveau de la nappe phréatique, il faut par ailleurs s'attendre à des affaissements pouvant entraîner par exemple la détérioration de bâtiments.

Finalement, on percevra également à la surface les ébranlements dus aux tirs à l'explosif et éventuellement des mouvements de terrain.

2.4 Effets de l'exploitation souterraine dans son ensemble

Pour les exploitations souterraines situées dans des régions isolées, l'aménagement du site est susceptible de déclencher des phénomènes de colonisation spontanée et le déploiement d'autres activités. On devra tenir compte dès le départ de ce genre d'effets secondaires indésirables et prévoir des mesures appropriées.

L'emploi systématique de bois comme matériau de soutènement peut se traduire par la mise en coupe de grandes étendues de forêt ouvrant ainsi la voie à l'érosion. Un programme de boisement prévoyant la plantation d'espèces à croissance rapide aux alentours de la mine constituerait un moyen d'atténuer ce problème. Malgré tout, la modification de l'écosystème est inévitable à long terme. Seul le recours à la technique du boulonnage ou au soutènement métallique permettra de réduire sensiblement la consommation de bois.

Presque partout dans le monde, la tradition et l'environnement social et culturel interdisent aux femmes de travailler dans les mines souterraines. Les emplois qui se créent sont donc réservés aux hommes, hormis parfois certains travaux relevant de la préparation mécanique, de la commercialisation et du secteur tertiaire. Quant aux enfants, il devrait être interdit de les employer dans des mines souterraines. D'autres problèmes d'ordre social peuvent également surgir si les logements pour les mineurs et leurs familles de même que les ouvrages d'infrastructure (approvisionnement en eau, marchés, écoles) sont insuffisants et si les mineurs ne bénéficient pas de la couverture sociale requise.

3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'évaluation des effets sur l'environnement

3.1 Air

Les taux de gaz admissibles en Allemagne dans les mines souterraines figurent dans les arrêtés BVOSt et BVOE du service des mines (Landesoberbergamt) du Land Rhénanie du Nord-Westphalie, et dans ses directives spéciales en matière d'exploitations minières.

Les consignes de sécurité relatives à la teneur en méthane (CH4, grisou) de l'atmosphère du fond sont les suivantes:

Taux supérieur à 0,3 %: Mise hors service des lignes de trolleys
Taux supérieur à 0,5 %: Enregistrement des valeurs mesurées
Taux supérieur à 1,0 %: Coupure des équipements électriques
Taux supérieur à 2,0 %: Coupure des appareils de surveillance

Pour les installations de captation du gaz, on se réfèrera aux directives relatives au captage du gaz (voir bibliographie, ouvrages et textes spécialisés).

En ce qui concerne le monoxyde de carbone (CO), on prévoira à partir de 50 ppm les mesures spéciales de sécurité et de sauvetage définies dans le plan de sauvetage minier de 1982 (HGRW).

Quant au dioxyde de carbone (CO2), il oblige à évacuer le personnel lorsque son taux atteint 1,0 %.

Dans les atmosphères où le taux d'oxyde d'azote atteint 300 ppm (avec 30 ppm pour le NO2), le séjour est limité à 5 minutes maximum. Pour 100 ppm NOx (10 ppm NO2 maximum), la durée de séjour autorisée est de 15 minutes par poste.

La teneur en oxygène ne doit pas descendre en-dessous de 19%.

Les concentrations en sulfure d'hydrogène (H2S) se doivent pas dépasser 20 ppm.

Toutes les mesures de taux de gaz s'effectuent à l'aide d'un appareil étalonné, en vente dans le commerce.

Dans les galeries de section importante de la mine, l'air doit circuler à une vitesse d'au moins 0,1 m/s et sur les lignes de trolley à au moins 1,0 m/s. Dans les ouvrages souterrains servant à la circulation, la circulation de l'air ne doit pas dépasser 6,0 m/s.

Pour une ambiance de travail présentant 0,06 à 0,12 % de CO, le débit d'air frais à assurer par personne est de 6 m3/mn, avec 3 à 6 m3/mn en plus pour chaque cheval des engins diesel employés.

La vitesse de circulation de l'air se mesure au moyen d'anémomètres; les débits d'air se calculent à partir de ces vitesses et de la section des galeries.

Certains règlements relatifs aux taux de gaz, aux débits et à la circulation de l'air sont en vigueur dans différents pays, notamment en Inde dans les houillères, au Chili dans le secteur minier, en République Populaire de Chine etc.

3.2 Bruit

Pour les valeurs limites des nuisances sonores dans les mines souterraines, on pourra, à titre indicatif, se reporter aux prescriptions du service des mines de Dortmund (Landesoberbergamt, LOBA).

Selon une des directives du LOBA, le niveau de pression acoustique des appareils de foration ne doit pas dépasser 106 dB(A) à 1 m de distance.

Le port de protections auditives individuelles est imposé à partir d'un certain niveau acoustique. En 1992, la directive européenne de 1988 sur le bruit est entrée en vigueur pour le secteur minier allemand. Des prescriptions relatives à la mesure du bruit ont été établies par la caisse syndicale des mineurs de Westphalie à Bochum (Westfälische Berggewerkschaftskasse). Les appareils de métrologie nécessaires sont en vente dans le commerce.

3.3 Poussières

En République Fédérale d'Allemagne, les diverses valeurs limites applicables au travail en ambiance poussiéreuse sont éditées chaque année par la Deutsche Forschungs-Gemeinschaft, organisme de recherche dont le siège se trouve à Bonn. Dans la mesure où les poussières auxquelles sont exposées les hommes de la mine sont préjudiciables à la santé, il est recommandé de se référer à ces valeur limites ou à d'autres prescriptions équivalentes (par ex. celles d'organisations internationales comme la Banque Mondiale).

Le paramètre le plus important parmi les concentrations maximales admissibles dans les ambiances professionnelles est la concentration en poussières fines de quartz. La limite est fixée à 0,15 mg/m3. On distingue en outre les poussières fines chargées de quartz (= poussières contenant plus de 1% de quartz), pour lesquelles la concentration maximale admissible est de 4 mg/m3. Jusqu'en 1992, les valeurs limites applicables dans les houillères se situaient encore à 0,60 mg/m3 pour les poussières de quartz et 12 mg/m3 pour les poussières à teneur en quartz, mais elles ont également été abaissées par la suite.

Pour une personne travaillant en atmosphère poussiéreuse, l'exposition mesurée en mg/m3 multipliés par le nombre des postes effectués ne doit pas dépasser 2 500 sur cinq ans. Les postes de travail sous terre sont classés en différentes catégories d'exposition aux poussières.

Les personnes atteintes de pneumoconiose légère ne doivent pas être exposées à une charge de poussière équivalent à plus de 1 500 mg/m3 x le nombre de postes en l'espace de 5 ans. Dans le Land Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui compte le plus de mines en République Fédérale d'Allemagne, la conduite des mesures et l'exploitation des valeurs obtenues sont réglementées par l'ordonnance relative aux houillères, art. 44-48 (dernière version du 19/02/1979).

Tableau 3

Autres seuils limites de concentration en poussière applicables au secteur minier:

  Fibres/m3 mg/m3
Amiante, crocidolite 0,5 x 106* 0,025*
Tous les autres types 1 x 106* 0,05*
Poussières fines chargées d'amiante -- 2,0*
Béryl cancérogène  
Poussière fine d'oxyde de fer -- 6
Fluorite -- 2,5
Poussières de minerai de nickel (sulfuré) cancérogène  
Mercure   0,1
Cinabre   0,01
Dioxyde de titane   6
Oxydes de manganèse   1
Composés d'uranium   0,25

Les valeurs sont obtenues par analyse d'absorption atomique et analyse par fluorescence X.

L'application de ces résultats et des méthodes de mesure et d'analyse utilisées en Allemagne à des projets implantés dans des pays en développement est tout à fait indiquée (voir ibliographie).

* teneurs limites normales à respecter en continu

3.4 Eau

Au sein de la Communauté Européenne, le rejet dans le milieu récepteur des eaux et effluents du secteur industriel et minier fait l'objet d'une réglementation très stricte. Les directives du Conseil des Communautés Européennes en date du 16/07/75 relatives à la production d'eau de boisson dans les Etats membres, complétées par le texte du 15/07/80, distinguent trois catégories d'eau demandant une épuration plus ou moins poussée: catégorie A1 répondant à des exigences sévères, catégories A2 et A3 aux exigences moindres. La réglementation se fonde ici sur des niveaux guides (G) et des valeurs imposées (I). Dans le tableau ci-dessous figurent les valeurs correspondant à la troisième catégorie (A3). A titre de comparaison, le tableau reprend également les seuils (S) et les valeurs limites (VL) fixées par le "Landesamt für Wasser und Abfall" du Land Rhénanie du Nord-Westphalie (Projet d'arrêté sur l'eau de boisson, TVO du 26/07/1984).

Tableau 4
Prescriptions concernant la qualité de l'eau potable

 

Elém. CEE RNW Elém. CEE RNW
g/l G I S VL mg/l G I S VL
Fe - 0,2 - 0,2 Cr - 0,05 0,03 0,05
Mn - 0,1 - 0,1 Pb - 0,05 0,01 0,04
Cu 1- - 0,03 - Se - 0,01 - -
Zn 1 - 0,1 2,0 Hg 0,0005 0,001 - -
B 1 - - - Ba - 1 - -
Mg - - 25 50 NO3 25 50 5 11
Na - - 50 150 SO4 150 250 120 240
K - - 5 12 Cl 200 - 25 -
Ni - 0,05 0,03 0,05 F 0,7/1,7 1 - -
As - 0,1 0,006 0,04          
Cd - 5 2 5 pH 5,5 - 9 6,5 - 8

3.5 Sols

L'exploitation de verses et terrils reverdis à des fins agricoles n'est guère prévue. Au cas où l'on envisagerait une telle valorisation du site, on se réfèrera aux teneurs admissibles en métaux lourds dans les sols fixées dans les directives de l'association allemande "Verband Deutscher Landwirtschaftlicher Untersuchungs- und Forschungsanstalten" de Darmstadt ou de l'Office de l'Agriculture et des Forêts ("Biologische Bundesanstalt für Land- und Forstwirtschaft") de Berlin. D'une façon générale, il faudra examiner dans quelle mesure les substances présentes dans les verses et terrils et les risques de lessivage sont susceptibles d'apporter des restrictions pour l'exploitation des sols.

4. Interactions avec d'autres domaines d'intervention

L'impact sur l'environnement des exploitations souterraines ne peut s'examiner indépendamment des autres domaines d'intervention étroitement liés à ce secteur d'activité, dont voici les principaux:

- La prospection minière et l'exploration des gisements en tant que travaux préparatoires à l'exploitation proprement dite;
- La préparation mécanique des matières premières extraites (première étape de transformation vers l'obtention de produits commercialisables), qui s'effectue généralement sur le carreau de la mine ou au voisinage immédiat de l'exploitation, dans des ateliers centralisés;
- La production d'électricité à partir des matières premières extraites dans des centrales thermiques, notamment dans le cas du lignite, où la centrale est souvent implantée au voisinage direct de la mine;
- Le bâtiment et les travaux publics, dans la mesure où les exploitations, souvent situées à l'écart, nécessitent d'importants travaux pour la mise en place des infrastructures et le raccordement aux réseaux routiers et/ou ferroviaires existants;
- La mise en décharge, par ex. des boues sortant des épaississeurs, des huiles hydrauliques, huiles usagées, etc. dans le cadre de l'élimination définitive des matières résiduelles;
- La gestion des ressources en eau, le bilan hydrique et la qualité des eaux se trouvant modifiés en raison du rejet des eaux de mine dans les eaux superficielles ou souterraines et des quantités d'eau prélevées;
- La foresterie, impliquée dans la mesure où l'on a recours au boisage comme mode de soutènement, ceci nécessitant d'importants volumes de bois;
- Le développement régional, auquel les activités minières apportent toujours un élan considérable.

5. Appréciation récapitulative de l'impact sur l'environnement

En résumé, l'exploitation de mines souterraines se présente comme une activité ayant d'importantes répercussions sur l'environnement. En effet, les ponctions minières qui contribuent à l'épuisement des ressources naturelles, les modifications apportées au milieu géologique et à la nappe phréatique, l'altération de la qualité de l'air, le bruit, les poussières, l'altération des eaux superficielles et l'atteinte à l'intégrité du paysage sont autant de facteurs susceptibles de dégrader fortement l'environnement.

Par rapport aux exploitations à ciel ouvert et à d'autres industries, la consommation d'espace est faible. Hormis les emplacements réservés aux verses et terrils, les surfaces nécessaires ne seront occupées que pour la durée de l'exploitation.

Les mineurs quant à eux sont confrontés à des sérieux problèmes liés au travail souterrain. Leur sécurité et leur santé est mise en jeu si les consignes prévues ne sont pas appliquées à la lettre.

Considérant l'environnement au sens large, il convient de citer également les répercussions sociales des mines souterraines, particulièrement marquées lorsqu'il s'agit d'exploitations à caractère spéculatif (par ex. métaux précieux ou pierres précieuses).

Un bon nombre de ces répercussions sur l'environnement peuvent simplement être limitées, mais non évitées entièrement. L'évaluation des effets produits et l'établissement de mesures préventives ou correctives demandent quantité d'informations relatives au site et aux installations. On est donc toujours confronté à une grande marge d'incertitude. On aura donc soin de faire figurer au catalogue des données à recueillir toutes les informations pertinentes et de commencer leur collecte dès les activités préliminaires de reconnaissance, prospection et exploration.

Dans l'ensemble, la fixation des seuils limites, leur surveillance et le contrôle des exploitations fonctionnent de façon exemplaire. Néanmoins, la transposition directe de seuils limites en vigueur en Allemagne dans d'autres pays ne réussira sans doute que dans quelques rares domaines, l'écart étant trop grand entre les différents contextes d'application. Néanmoins il faudrait dans tous les cas essayer d'atteindre un niveau qui permettra d'éviter les incidences négatives sur l'homme et son environnement. Un problème crucial dans le secteur minier est celui posé par les innombrables micro-activités du secteur informel, caractérisées par des méthodes de travail non contrôlables, inadaptées et hasardeuses, tant pour l'ouvrier que pour l'environnement.

La bonne conduite d'une exploitation minière suppose une étroite surveillance, c'est-à-dire des mesures effectuées régulièrement, la collecte de données et le contrôle du respect des principaux seuils limites fixés. A cet effet, l'action d'organismes de tutelle compétents est indispensable.


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