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52. Agro-industrie

Table des matières - Précédente - Suivante

1. Présentation du domaine d'intervention
2. Effets sur l'environnement et mesures de protection

2.1 L'agro-industrie en général
2.2 Sélection de différentes branches agro-industrielles

2.2.1 Meunerie
2.2.2 Transformation de tubercules et féculents
2.2.3 Transformation d'oléagineux
2.2.4 Transformation de betteraves sucrières et de canne à sucre
2.2.5 Transformation de fruits et légumes
2.2.6 Laiterie
2.2.7 Transformation de stimulants et d'épices
2.2.8 Extraction de fibres végétales
2.2.9 Tannerie

2.3 Incidences socio-économiques

3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'appréciation des effets sur l'environnement
4. Interactions avec d'autres domaines d'intervention
5. Appréciation récapitulative de l'impact sur l'environnement
6. Bibliographie

1. Présentation du domaine d'intervention

L'agro-industrie repose sur la production agricole et forestière. Elle a pour but d'une part de conserver les matières brutes et de les affiner, d'autre part d'en extraire les substances présentant un intérêt particulier et de les enrichir. L'industrie alimentaire occupe la première place parmi les sous-secteurs de l'agro-industrie.

Bon nombre d'agro-industries se sont développées à partir de procédés artisanaux, ce qui explique que la taille des établissements appartenant à ce secteur et les moyens techniques et équipements à disposition varient fortement. Les observations réunies ci-après se limitent à de petites et moyennes entreprises transformant des produits d'origine végétale (excepté les tanneries). Précisons que si la définition des P.M.E. varie d'un pays à l'autre, on conviendra ici de ranger dans cette catégorie toute entreprise ne comptant pas plus de 100 employés. Pour ce qui est des grandes entreprises agro-industrielles, elles sont présentées dans les dossiers d'environnement traitant du sujet particulier correspondant.

Dans aucun autre domaine d'intervention, développement et environnement ne sont aussi étroitement liés que dans le cas de l'agro-industrie. Dans des cas extrêmes, certains effets produits indirectement peuvent se trouver exactement à l'opposé du but poursuivi. Il peut également arriver que des dégâts apparaissant à moyen et long terme anéantissent les résultats du moment. Nulle part ailleurs non plus, les répercussions sur la biosphère - y compris le genre humain - ne sont aussi étroitement imbriquées les unes dans les autres. C'est aussi dans ce domaine que les femmes jouent le rôle le plus important. A côté des disponibilités limitées en eau et énergie, l'agro-industrie subit donc également les contraintes liées au budget-temps extrêmement restreint de la main-d'oeuvre féminine.

Par conséquent, tout projet touchant à l'agro-industrie demande la plus grande attention en ce qui concerne le contexte socio-économique et les éventuelles répercussions sur celui-ci.

Au sein des activités agro-industrielles, on peut opérer une distinction entre transformation primaire, secondaire et, le cas échéant, tertiaire. En principe les activités de première transformation conviennent bien à de petites entreprises, la complexité des moyens techniques requis croissant en même temps que le degré d'élaboration des produits.

2. Effets sur l'environnement et mesures de protection

2.1 L'agro-industrie en général

L'agro-industrie, qui peut renforcer la demande de certaines matières premières et influencer les formes et techniques d'exploitation des sols, est susceptible d'induire sur l'environnement les effets énumérés ci-après:

Il s'agit notamment de problèmes liés à une exploitation plus systématique et plus intensive des ressources, à savoir la dégradation de la fertilité des sols, les phénomènes d'érosion et de sédimentation, les problèmes de désertification et d'irrigation (salinisation des sols et de l'eau, variation du niveau des nappes et pollution de l'eau), qui entraînent par contrecoup une baisse de la productivité. D'une façon générale, les problèmes de fertilité, de désertification et de salinisation se font le plus sentir dans les pays où la pression de la population sur les terres est la plus forte. Ici, l'expansion des activités agricoles s'opère surtout dans les zones marginales, entraînant une exploitation intensive de ressources également marginales.

Les efforts les plus prometteurs consistent à déployer des mesures de conservation des sols: réduire l'intensité de l'exploitation, mettre en place des programmes de préparation minimum et de conservation des sols (cultures suivant les courbes de niveau, en terrasses, en bandes, extension de la jachère sèche et de la jachère verte), à lutter contre l'érosion éolienne et pluviale et à améliorer la rotation des cultures. Il conviendra donc de vérifier à quel point ces mesures devraient accompagner l'implantation d'activités agro-alimentaires, voire la remplacer.

Dans le secteur agro-industriel, les considérations essentielles demeurent le contexte économique et social existant et les modifications qu'on entend y apporter. Le maintien et la promotion des productions de subsistance de même que des activités agro-industrielles ne s'accompagnant d'aucune limitation de la subsistance sont les mots clés à cet égard.

La transformation des matières brutes a des répercus-sions sur l'air (émissions de poussières et odeurs), sur les eaux (quantités disponibles et eaux usées), sur les sources d'énergie primaires (surtout le bois) et les sols.

Les propos qui suivent s'appliquent spécialement à certaines branches de l'agro-industrie, qui, au cours des dernières années, ont le plus souvent fait l'objet de requêtes de projet.

2.2 Sélection de différentes branches agro-industrielles

2.2.1 Meunerie

Il s'agit ici exclusivement de mouture par voie sèche. On aura donc à tenir compte d'émissions de poussières et de bruit à proximité immédiate des postes de travail, mais également aux environs des moulins. Comme mesures préventives adéquates, on prévoira des installations telles que systèmes d'aspiration des poussières et enceintes acoustiques, ainsi que des protections individuelles (masque buccal, protection auditive), la priorité devant revenir au premier type de mesures. L'utilisation de protections individuelles implique l'information des personnes concernées et des mesures de contrôle régulières.

Les eaux de surface sont mises à contribution dès lors qu'il y a par ex. rejet de déchets dans une rivière ou un fleuve. Une autre solution consisterait à réutiliser ces déchets ou à les évacuer vers une décharge contrôlée (cf. dossier "La meunerie").

2.2.2 Transformation de tubercules et féculents

Dans la mesure où les eaux usées issues du lavage et des processus de transformation (pollution organique) peuvent être rejetées sans prétraitement dans les eaux de surface, ceci peut entraîner un excès de fertilisants, une réduction de la teneur en oxygène et d'une façon générale, avoir une influence négative sur la qualité de l'eau, la microfaune et la microflore, avec pour conséquence à moyen terme la perturbation de biotopes aquatiques.

Les mesures minimum à prendre consistent à prévoir des séparateurs mécaniques et des bassins d'aération, dans lesquels la demande biologique d'oxygène puisse être abaissée à un niveau acceptable. Par ailleurs, une optimisation des techniques de procédé peut également s'avérer intéressante, puisqu'un meilleur taux d'extraction amène une réduction de la pollution biologique des eaux utilisées. A défaut d'optimisation du procédé d'extraction, les eaux usées fortement chargées peuvent être mises à profit comme substrat pour la production de biogaz.

2.2.3 Transformation d'oléagineux

Dans les P.M.E., l'extraction de l'huile s'effectue uniquement par pressage, tandis que l'extraction au solvant est réservée aux grandes entreprises (Cf. également dossier "Huiles et graisses végétales"). Dans le but d'améliorer le rendement, les fruits sont chauffés directement ou au moyen de vapeur ou d'eau chaude. Ces opérations produisent des vapeurs et des eaux chargées d'huile. L'énergie est souvent fournie par combustion de bois. Ceci peut mener à une exploitation abusive des ressources forestières.

Les émissions de vapeur concernent en premier lieu le personnel servant et doivent donc être captées directement sur le lieu de leur production. Pour ce qui est de la réduction des charges polluantes dans les eaux usées, les méthodes citées précédemment conviennent ici aussi, à savoir l'optimisation des techniques de procédé, l'utilisation de séparateurs plus efficaces et le traitement des eaux par lagunage aéré. L'emploi de bois et autres combustibles commerciaux peut être limité par utilisation des résidus des processus de transformation et par optimisation de la consommation d'énergie des installations.

2.2.4 Transformation de betteraves sucrières et de canne à sucre

Ici, l'impact sur l'environnement est lié essentiellement à l'énergie nécessaire à la concentration du jus extrait. Tandis que pour la canne à sucre, le combustible peut être fourni par la bagasse, le processus de traitement des betteraves sucrières requiert certaines améliorations, passant par des économies d'énergie et l'identification d'énergies de substitution.

On attirera également l'attention sur la pollution organique des eaux usées par les opérations de nettoyage et le condensat.

Pour les opérations concernant la production de sucre, on se reportera au dossier spécial correspondant.

2.2.5 Transformation de fruits et légumes

Les aspects intéressant l'environnement sont d'une part la pollution organique des eaux de lavage et l'énergie nécessaire pour les méthodes thermiques de conservation. Les remarques faites aux points précédents s'appliquent également ici. En ce qui concerne la déshydratation des fruits et légumes, on pourra recourir à des séchoirs solaires, de manière à réduire considérablement la consommation d'énergie sans incidence sur la qualité.

2.2.6 Laiterie

Le lait et les produits laitiers offrant des conditions favorables au développement de micro-organismes, les précautions d'hygiène sont relativement strictes pour ce type de produits. Ceci explique l'emploi de produits de nettoyage agressifs. Selon la concentration de ces nettoyants dans les rejets, ils peuvent mettre en danger la qualité des eaux de surface et influencer la microflore et la microfaune.

Comme mesure préventive, il est recommandé d'employer des nettoyants biodégradables et de les doser avec modération. Ceux-ci pourront être dilués dans des récipients empilés.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier les traces de lait contenues dans les eaux de lavage et de rinçage, qui constituent une source de pollution organique.

2.2.7 Transformation de stimulants et d'épices

Les étapes de la préparation de stimulants et d'épices présentant une influence majeure sur l'environnement sont la fermentation et l'élimination des déchets. En règle générale, la fermentation est toujours réalisée au même endroit. A long terme, les polluants émis peuvent être concentrés dans le sol et perturber la microflore et la microfaune. Le lavage de certains produits (par ex. café) après la fermentation est à l'origine d'une pollution biologique des eaux employées, qui peuvent mettre en danger la qualité des eaux de surface en cas de rejet direct dans le milieu récepteur. Les incidences de cette branche de l'agro-industrie sur l'environnement se limitent aux périodes de récolte et se renouvellent donc à intervalles assez longs.

La fermentation devrait s'effectuer à proximité immédiate d'eaux courantes au débit suffisant sur des emplacements préparés à cet effet (planchers en ciment). Les eaux usées fortement chargées doivent soit être diluées en conséquence avant rejet, soit être employées à la production de biogaz. Les eaux de lavage n'étant en général pas trop polluées, les mesures spéciales telles que le lagunage aéré ne seront nécessaires que dans des cas exceptionnels. En vue de leur conservation, les épices sont souvent soumises à un traitement par ionisation. Les effets de cette ionisation sur la santé des consommateurs n'ont pas encore été déterminés.

2.2.8 Extraction de fibres végétales

Dans de nombreux pays, les fibres végétales s'obtiennent presque exclusivement par digestion microbiologique, un processus reposant sur la dégradation des parties non fibreuses du produit. A cet effet, le matériel de départ est plongé dans des eaux à faible courant ou dans des bassins spécialement prévus à cet effet. Le processus de digestion se déclenche spontanément. Ces opérations et le lavage ultérieur des fibres nécessitant des quantités d'eau considérables, les installations sont toujours mises en place à proximité de cours d'eau à débit important. Dans ces conditions, le remplacement des eaux après achèvement de la digestion ne pose pas de problèmes (hormis éventuellement la dissolution de produits phytosanitaires utilisés sur les cultures).

Le processus de digestion s'accompagne de certaines nuisances olfactives, impossibles à éviter sans moyens disproportionnés. La seule solution consiste à ne pas implanter de telles installations à proximité de zones d'habitation et de tenir compte de la direction des vents dominants.

L'extraction de fibres végétales ne faisant pas appel à de grands moyens technologiques, les précautions à prendre pour éviter les incidences négatives sur l'environnement se limitent à bien choisir le lieu d'implantation et à exploiter si possible les conditions naturelles rencontrées.

2.2.9 Tannerie

Parmi toutes les agro-industries, les tanneries sont celles comportant le plus de risques pour l'environnement. Ceci est dû d'une part aux importantes nuisances olfactives générées par ce travail, d'autre part aux teintures et autres produits chimiques (en particulier les composés chromés) rendant plus délicat le traitement des eaux usées. A cela vient s'ajouter la pollution biologique de ces eaux. Outre la dégradation des eaux de surface du voisinage, il faut s'attendre également à une concentration de polluants dans les sols et éventuellement dans les nappes souterraines.

Pour éliminer les nuisances olfactives à la source, le tannage devra s'effectuer dans des locaux fermés et l'air rejeté devra être épuré au préalable par des installations de filtrage complexes. Une restriction des nuisances est possible par ailleurs en éloignant suffisamment les ateliers des zones habitées et en les réunissant sur un même site. Par la même occasion, ce regroupement permet d'envisager le traitement multi-étagé des eaux usées, procédé ne convenant guère pour une petite entreprise isolée, parce que trop coûteux (cf. également dossier environnemental de la Banque mondiale).

2.3 Incidences socio-économiques

La majeure partie des emplois offerts par les différentes agro-industries ne requiert qu'un faible niveau de qualification ; en règle générale, les femmes forment la plus grande partie des employés. En revanche, la part de la main-d'oeuvre masculine augmente avec le degré de mécanisation des postes de travail. Avec le recours aux machines, les opérations sont isolées les unes des autres, le travail devient plus monotone et les risques d'accident augmentent. Il conviendra d'examiner dans quelle mesure l'emploi de femmes n'a pas de répercussions sur les cultures vivrières des ménages. Du point de vue ergonomique, les postes de travail sont fréquemment défavorables et il arrive que l'incommodation par la poussière, l'humidité, les odeurs et le bruit atteigne des proportions pouvant mettre en cause la santé et représenter un réel danger, notamment pour les femmes. Compte tenu de la différenciation des postes de travail en fonction des sexes, il serait bon de prévoir des programmes de qualification et d'initiation qui tiennent également compte du cas particulier des femmes. Ces programmes devraient englober l'ensemble des méthodes de production et prendre en considération la situation familiale des employées féminines.

3. Aspects à inclure dans l'analyse et l'appréciation des effets sur l'environnement

Les effets de l'agro-industrie sur l'environnement sont à considérer dans l'espace comme dans le temps, en tenant compte des ressources exploitées et de la main-d'oeuvre nécessaire.

L'appréciation directe et indirecte du domaine des agro-industries se fonde donc plus précisément sur les critères suivants:

- effets sur le personnel employé,
- effets sur les personnes habitant dans le voisinage de l'entreprise,
- altération de l'environnement par les émissions produites,
- changements produits indirectement dans l'environnement (par ex. par modification du niveau d'eau ou augmentation des besoins en énergie).

Partant de ces critères, on examinera les effets directs et indirects d'une telle entreprise, à court, moyen et long terme.

L'appréciation finale résultera de la comparaison avec d'autres mesures de projet possibles et de la considération des coûts économiques, écologiques et sociaux induits.

En ce qui concerne les effets sur la santé, une telle appréciation se heurte au problème de l'absence de seuils maxima admissibles à l'échelle nationale pour des

substances données. La question est encore plus ardue en cas d'émission simultanée de différentes substances pouvant augmenter de virulence par effet de synergie. Les publications d'organisations internationales comme l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) peuvent fournir ici un premier point de repère (Cf. également volume III, Catalogue des Normes anti-pollution).

4. Interactions avec d'autres domaines d'intervention

Les agro-industries sont étroitement liées à la production végétale et animale, qui les approvisionnent en matières premières, ainsi qu'à la commercialisation. L'industrie des métaux et des constructions mécaniques, qui fournissent les installations nécessaires, ainsi que l'industrie de l'emballage y jouent également un rôle.

La médecine vétérinaire, la production animale de même que l'irrigation, la santé et l'alimentation sont des aspects à ne pas négliger. Les projets relevant du domaine de l'économie et les mesures d'infrastructure, notamment en ce qui concerne l'hydraulique rurale et l'alimentation en eau des régions rurales font également partie des éléments indispensables à une appréciation correcte des projets agro-industriels. On n'oubliera pas non plus, au niveau intersectoriel, les concepts généraux de gestion des resources, planification de la localisation des activités industrielles et commerciales, aménagement du territoire et planification régionale.

5. Appréciation récapitulative de l'impact sur l'environnement

Les agro-industries ont fréquemment une fonction pilote au sein du processus d'industrialisation en général. On s'attachera donc en particulier à cerner les effets directs et indirects de ce genre de projet sur les perspectives alimentaires et économiques du pays, ainsi que les conditions générales de l'environnement. Les femmes jouant un rôle prépondérant dans ce domaine, on examinera par ailleurs leur conditions de vie spécifiques.

Les projets agro-industriels revêtent une importance considérable pour le développement endogène d'un pays et sont étroitement liés aux productions de subsistance.

Prises séparément, les petites et moyennes entreprises de l'agro-industrie ont des répercussions directes plutôt limitées sur l'environnement, leurs effets indirects plus généraux pouvant toutefois être plus marqués.

Les tanneries constituent une exception en raison des produits chimiques employés et des fortes nuisances olfactives.

Toutes les entreprises où l'eau sert à l'extraction, au nettoyage ou au transport produisent des eaux usées à pollution biologique plus ou moins forte. En règle générale, ces eaux doivent faire l'objet d'un traitement par lagunage aéré ou dans une station d'épuration. Les émissions de poussières et le bruit sont en revanche limités dans l'espace et les individus concernés sont en premier lieu les membres du personnel.

6. Bibliographie

Bundesimmissionsschutzgesetz (loi allemande sur la protection contre les nuisances) BImSchG du 15/03/1974

Environnemental Guidelines, The World Bank, Environment Department

TA-Luft 27/02/1986 (Instructions Techniques pour le maintien de la pureté de l'air)

TA-Lärm 1968 (Instructions Techniques pour la protection contre le bruit)

Verwaltungsvorschriften zu § 7a WHG, Mindestanforderungen an das Einleiten von Schmutz, bzw. Abwasser in Gewässer.


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