5.8. Situation du séchage naturel des fruits, tubercules, légumes et épices au Niger
- Ali Akilou
INTRODUCTION
Au Niger la principale période de production de produits végétaux est l'hivernage qui s'étale de Juin à Septembre. Toutefois, des cultures de contre-saison sont pratiquées au cours de la saison fraiche (Décembre à Mars) dans les endroits où les disponibilités en eau le permettent (vallées des cours d'eau, mares et bas-fonds, oasis). Cette activité de oontre-saison donne lieu a une production de plus de 600.000 tonnes de produits divers parmi lesquels les tubercules, légumes et épices représentent plus de 400.000 t.
Pour couvrir un besoin de consommation étal; sur toute l'année certaine de ces produits sont conservés à l'état séché. Les techniques de séchage de ces produits sont exclusivement basées sur les méthodes traditionnelles de séchage naturel.
SITUATION DU PAYS
Situé entre les latitudes 12 et 23 Nord et les longitudes O et 16 Est, le Niger fait partie du groupe des pays au Sud du Sahara et sousgroupe des pays du Sahel.
Couvrant une superficie d'environ 1.167.000 km pour une population de près de 6 millions d'habitante le pays est soumis a un régime climatique dont les principales caractéristiques sont les suivantes :
- une saison humide de Juin à Septembre caractérisée par la chute des pluies, des températures hautes et une hygrométrie élevée;
- une saison sèche d'Octobre a Mai englobant une période fraiche caractérisée par des températures minimales bases une hygrométrie très faible et une forte insolation.
Cette situation place le Niger parmi les pays les plus propices au développement du séchage naturel.
LES PRINCIPAUX PRODUITS COMMERCIALISES A L'ETAT SECHE
Au Niger les tubercules, légumes et épices constituent toute une gamme de productions dont le niveau de production et de consommation est variable dans l'année. Le séchage des produits se fait généralement pour répondre à deux soucis :
1) La tomate
Le séchage de la tomate intervient quand les difficultés d'écoulement commencent à apparaître dans las zones de grande production : ces difficultés se caractérisent par une baisse très forte des pris do la tomate fraiche (souvent moins de 20 F. le kg) et une mévente provoquant le pourrissement du produit.
La technique traditionnelle de séchage consiste à couper la tomate en petites rondelles qui sont étalées sur des nattes et exposées à l'air libre. La qualité du séchage dépend de l'épaisseur des rondeles et de la couche mise a sécher,
Le conditionnement des tomates séchées se fait généralement dans des sacs en jute ou des récipients traditionnels (paniers), toujours si le produit est en contact avec l'air ambiant.
2) Les piments
Intervenant beaucoup dans la cuisine africaine les piments sont consommés à l'état frais et plus généralement à l'état séché. La technique de séchage consiste à exposer le fruit entier à l'air libre' sur des nattes. Le conditionnement s'effectue également dans des sacs en jute ou dans des récipients traditionnels.
EXPERIENCES NOUVELLES ET RECHERCHE EN COURS
Dans le domaine du séchage des fruits, légumes, tubercules et épices, les expériences nouvelles et les recherches en cours au Niger sont très limitées. On peut cependant citer les essais menés conjointement par l'Institut National des Recherches Agronomiques du Niger (INRAN) et l'Office de l'Energie Solaire (ONERSOL) portant sur la déshydratation de l'oignon par un séchoir solaire. Cette expérience a été abandonnée pour dos raisons techniques et sooio-économiques. Parmi les raisons techniques figurent le taux d'humidité résiduel trop élevé de l'oignon et le faible débit du séchoir. La raison socio-économique principale réside au manque de débouché compte tenu de l'habitude contractée à utiliser l'oignon à l'état frais.
Des recherches sont actuellement conduites par le laboratoire des mycotoxiques de l'INRAN pour détecter des traces de substances toxiques (aflatoxine principalement) dans les produits alimentaires parmi lesquels figurent la tomate séchée. Les investigations portant sur la saison pluvieuse 1982 n'ont pas révélé de traces de cette substance sur les produits.
CONCLUSION
Les conditions climatiques qui prévalent au Niger sont favorables pour le développement du séchage naturel. Cependant les techniques traditionnelles utilisées au cours du séchage et surtout le conditionnement du produit séché ne permettent pas de garantir une qualite durable et maintenir une composition chimique proche de celles du produit fraie. Ceci porte un préjudice important sur la valeur marchande des produits et limite sensiblement le revenu que peuvent en tirer les producteurs. Une amélioration dos techniques traditionnelles de séchage aurait, au Niger, le double avantage de diminuer les pertes au niveau de producteur, et garantir au consommateur des produite de meilleure qualité. Cette amélioration mettra un accent particulier sur le conditionnement des produits après séchage.