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1. Introduction

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L'insuffisance de l'approvisionnement de la population en denrées alimentaires, aussi bien du point de vue quantitatif que du point de vue qualitatif, constitue encore aujourd'hui pour bon nombre de pays tropicaux et subtropicaux l'un des problèmes les plus pressants,

Cette situation est dûe en partie à l'accroissement rapide de la population, allié à une faible productivité du secteur agricole et à une répartition inégale des ressources.

La population actuelle du globe est d'env. 4,4 milliards d'individus, dont env. 3,3 milliards vivent dans les pays en voie de développement. On estime que la population mondiale passera d'ici l'an 2000 à 6,2 milliards d'individus, dont 80 % vivront alors dans les pays du tiers-monde (NOHLEN, 1983). Les estimations auxquelles on s'est livré jusqu'à présent postulent qu'à l'heure actuelle entre 450 millions et 1 milliard d'individus ne bénéficient pas d'une nourriture suffisante.

La stratégie la plus courante dans le passé, qui visait à couvrir les besoins croissants en denrées alimentaires, reposait pour l'essentiel sur deux facteurs: la réduction des taux d'accroissement des populations par le biais du planning familial et du contrôle des naissances, ainsi que l'augmentation de la production de denrées alimentaires par la mise en place de cultures d'espèces céréalières de haut rendement et l'emploi de substances chimiques pour le traitement des cultures (NRC, 1978). Sur la toile de fond de la croissance des prix des produits de l'industrie chimique agricole, et en raison de l'augmentation de la dette des pays en voie de développement, la dernière méthode citée prend un caractère de plus en plus aléatoire.

Ce n'est qu'à une époque récente que l'on a commencé à accorder une place toujours plus importante à une troisième possibilité, qui consiste à augmenter l'approvisionnement en denrées alimentaires grâce à l'amélioration des mesures de protection des produits agricoles après la récolte. A la suite des famines catastrophiques survenues ces dernières années principalement en Afrique, l'absence d'une infrastructure efficace en tant que maillon de la chaîne reliant la production au consommateur, et susceptible de réduire les pertes de la période de post-récolte, est apparue avec une évidence sans cesse croissante.

L'importance de la production céréalière des pays en voie de développement est à peu près comparable à celle des pays industrialisés (FAO, 1980) Si la population mondiale a augmenté de 2,2% entre 1971 et 1982, la production alimentaire, elle, a progressé de 3.2% (Anon., 1985). Ces chiffres, qui ne sont positifs qu'en apparence, ne sauraient malgré tout faire oublier qu'au cours de la même période, en Afrique, la production de denrées alimentaires par habitant a baissé de 0,9%. Dans certaines régions d'Afrique particulièrement touchées, la production par habitant a même baissé de plus de 20% (Anon, 1983).

Un bulletin de la "National Academy of Science" (NRC, 1978) a chiffré les pertes survenant dans les pays en vole de développement après la récolte à 2 à 40% pour le riz, 1 à 100% pour le mais, 2 à 52% pour le blé et 1 à 68% pour les légumineuses. Etant donné que 68 à 98% des céréales produites dans les pays du tiers-monde sont destinés à la consommation humaine (FAO, 1980), la diminution des pertes de post-récolte permettrait d'améliorer de 30 à 40% l'approvisionnement en denrées alimentaires (SALUNKHE et al, 1985).

L'ampleur des pertes mentionnées plus haut souligne la difficulté d'appréhender avec exactitude l'état des pertes survenant au cours de la période de post-récolte, ce qui incite de nombreux auteurs à déplorer le manque de méthodes adéquates pour la collecte de données concernant ces pertes (ADAMS, 1977; FAO, 1977; HARRIS et LINDBLAD, 1973; FAO, 1982; HYWARD, 1983; SALUNKHE et al., 1985).

La difficulté qu'il y a de trouver une approche méthodique adéquate est cependant à rechercher dans l'énorme variété des conditions de post-récolte. Il sera ici pratiquement impossible d'établir une méthode de recensement des pertes qui soit à la fois simple à mettre en pratique et universellement applicable.

Au vu des considérations qui précèdent, la présente étude portera essentiellement sur l'un des aspects de la période de post-récolte, tout en englobant le complexe des ravageurs et l'état des pertes survenant avant la récolte, deux aspects qui revêtent leur pleine importance dans l'entrepôt.

On trouve ici au premier plan le calcul des pertes de poids causées dans les greniers de mais des petits paysans des régions à climat tropical, au cours de la période de stockage, par certains organismes parasitaires Cette opération a pour but d'élaborer des propositions destinées à résoudre certains problèmes bien précis, dont les solutions s'inscrivent dans les limites du système considéré, et ce grâce à une analyse de la situation.

Il s'agit en outre ici de contribuer à une meilleure appréciation des pertes survenant dans les pays du tiers-monde en période de post-récolte. Le traitement comparé de différentes méthodes d'approche pour le recensement quantitatif des pertes de stockage revêt dans ce contexte une importance capitale.

L'enquête a subi une réorientation à la suite de l'apparition de Prostephanus truncatus (HORN) au Togo, au printemps 1984. Ce ravageur a provoque un bouleversement dramatique au niveau de l'importance des mesures de protection des récoltes, avec des retombées considérables pour l'ensemble des structures socio-économiques de la région infestée. Le caractère typique des dégâts causés par cet insecte soulève par ailleurs de nouveaux problèmes quant aux méthodes de recensement des pertes.

L'enquête présentée ici livre des exemples isolés, dont l'applicabilité à l'ensemble des zones de culture du mais au Togo reste à vérifier. Ce travail vise néanmoins à fournir au personnel spécialisé régional un instrument lui permettant de rassembler d'autres informations sur les systèmes de stockage utilisés par les petits paysans, informations qui permettront à leur tour d'élaborer par la suite des stratégies de protection des stocks adaptées aux conditions locales.

C'est grâce à la coopération entre l'Office allemand de coopération technique S.a.r.l, (GTZ), et L'Institut de phytopathologie de l'Université Christian-Albrecht de Kiel qu'ont pu être menées, de juillet 1983 à juillet 1985, les enquêtes consacrées au recensement des pertes subies dans les greniers à mais traditionnels des régions méridionales du Togo.


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