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4. Commentaire des résultats

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4.1 Examen des approches méthodiques pour l'établissement des pertes en entrepôt
4.2 Appréciation sur le stockage du mais chez les petits paysans togolais

La présente étude s'est efforcée de livrer un aperçu de l'état des pertes subies dans les systèmes de stockage du mais des petits paysans togolais. Le mode de progression méthodique utilisé s'est fortement inspiré des recommandations élaborées par HARRIS et LINDBLAD (1978). Trois des méthodes discutées au sein de la FAO (1982) ont été mises en application au cours des deux ans qu'a duré l'enquête, qui avait pour but d'établir les pertes de stockage, tandis qu'une quatrième a été de nouveau examinée dans le cadre d'un essai préliminaire.

4.1 Examen des approches méthodiques pour l'établissement des pertes en entrepôt

La conservation des stocks à l'échelon des petits fermiers constitue un système dynamique, dont il est difficile de contrôler la variabilité intrinsèque, surtout si l'on considère que les données fournies par les paysans sont souvent inexactes. Ceci vaut tout particulièrement pour la méthode utilisée. HARRIS et LINDBLAD (1978), ainsi que la commission d'experts de la FAO, dirigée par von SCHULTEN (1982), ont attiré l'attention sur le fait qu'il n'était pas possible de mettre en application une seule méthode qui vaudrait pour toutes les situations susceptibles de survenir, et cela en raison de l'énorme variabilité des systèmes locaux de post-récolte.

L'incertitude qui règne quant à une approche méthodique unique, et que l'on souhaiterait en même temps appropriée, commence déjà lorsque l'on se pose la question de savoir quel volume devra avoir un échantillon représentatif, et finit devant la dotation souvent limitée en matériel et en personnel. Ces deux facteurs sont non seulement inséparables, mais ils exercent en outre une influence réciproque considérable lors de la planification des essais. Cette dernière constitue un problème fondamental, qui met davantage en lumière le conflit de finalités existant entre l'exigence d'une exécution rigoureuse des essais et la représentativité de l'enquête pour un système ou une région donnés.

On recommande en règle générale le prélèvement de 10 épis de mais, ou de 1 à 1,5 kg de mais en grain, par échantillon, sans donner en même temps la moindre indication quant aux raisons ayant présidé à ce choix (ADAM et HARRIS, 1977; GOLOB, 1976; GOLOB, 1981; RABOUD et al. 1984). La présente enquête a en revanche nettement démontré qu'un volume d'échantillons de 10 épis était loin d'être suffisant pour maintenir le taux de variabilité à un faible niveau, et cela en raison de l'énorme hétérogénéité du substrat et de la répartition hétérogène des infestations d'insectes et des infestations de champignons dans les entrepôts. Même en sachant que nous avons utilisé pour notre enquête 100 épis par échantillon, il ne nous a pas été possible d'exclure totalement certaines variations au niveau du tracé des courbes d'évolution. ZEHRER (1986) a utilisé lors des examens qu'il a effectués au Togo des échantillons de 200 épis. C'est aux essais d'optimisation futurs qu'il appartiendra de fixer, preuves à l'appui, le volume d'échantillons à prélever lorsque l'on a affaire à un stockage du mais en épis, avec les spathes,

Cette constatation vaut également en ce qui concerne le choix de la méthode à utiliser.

Nos recherches ont montré que la MCP (Anon., 1969), qui est recommandée par des auteurs français, était, au vu des conditions-cadres décrites, la mieux adaptée. En revanche, c'est celle qui demande le plus de travail, surtout si l'on pense au volume d'échantillons mentionné. Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que l'on doive s'attendre à une grande variabilité dans les résultats si l'on ne prélève qu'un nombre réduit d'échantillons (ROWLEY, 1984) Il ne faut donc examiner qu'un nombre d'espèces réduit si l'on ne dispose que d'une dotation limitée en personnel. Nous pensons que des examens effectués d'après la MCP, et réunissant un volume d'échantillons approprié, sont à considérer comme des essais exacts, qui livrent également du point de vue de la différenciation des facteurs de dommages le plus d'informations.

La critique émise par ADAMS (1976), et HARRIS et LINDBLAD (1978), à l'égard de cette méthode, à savoir qu'elle ne permettait pas de prendre en compte les dommages résultant d'une infestation occulte par un simple examen visuel des échantillons, est justifiée. On ne peut pas davantage exclure des valeurs de pertes négatives en cas de faible infestation. On peut cependant minimiser ces erreurs de méthodes en augmentant le volume d'échantillons.

La comparaison entre la MCP et la MPVS a montré que la MCP permettait d'obtenir de meilleurs résultats. GOLOB (1981) émet un jugement similaire à la suite des examens qu'il a effectués au Malawi. Il faut cependant remarquer que les résultats fournis lors de la présente enquête par la MCP et la MPVS n'étaient pas aussi divergents qu'ils l'étaient dans l'enquête menée par GOLOB (1981). Les analyses effectuées par lui suivant la MPYS ont livré des chiffres beaucoup plus élevés, tandis que les données que nous avons recueillies d'après la MCP et d'après la MPVS n'ont pas permis de constater de divergences, même après répétition. Il est certain que GOLOB (1981) n'a livré qu'une ligne fondamentale pour l'évaluation des pertes à partir de la totalité des greniers examinés, attirant l'attention sur l'hétérogénéité du substrat. ADAMS et HARMAN (1977), tout comme HARRIS et LINDBLAD (1978), ont quant à eux recommandé d'établir une ligne fondamentale distincte pour chacun des greniers testés.

Si la MPVS est une méthode relativement facile à mettre en application, elle prête néanmoins à la critique sur bien des points.

Nous avons signalé dans la partie consacrée aux résultats que les mesures de poids volumique accusaient des différences de plus en plus importantes au fur et à mesure de l'augmentation du taux d'humidité du grain et de celle des dommages causés. Ceci conduit donc à se poser la question de la représentativité d'une ligne de base fixée une fois pour toutes pour l'évaluation des échantillons de travail. Dans le cadre de travaux plus anciens, ayant pour thème l'applicabilité du poids à l'hectolitre dans la culture des plantes, on s'est déjà penche sur le problème du caractère peu approprié de la détermination du poids volumique. Au cours d'essais exacts sur le poids à l'hectolitre, BRUCKNER (1951) a constate l'influence considérable exercée sur la structure superficielle d'un grain par le dessèchement et la réhumidification, et a également attire l'attention sur le fait que la représentativité du poids volumique dépendait justement du pouvoir de glissement de la marchandise examinée. Au regard de ces contingences, qu'il est d'emblée difficile d'éliminer, la MPVS, en tant que méthode de détermination des pertes, devait forcément entraider des inexactitudes supplémentaires en cas d'augmentation de l'infestation due aux ravageurs, A partir d'un certain niveau, l'augmentation du volume des particules de grain contraint à postuler une augmentation de substance par unité de volume, ce qui entraîne une sous-estimation des résultats.

Dans les conditions d'utilisation décrite, la MPMG s'est avérée insatisfaisante. La commission d'experts de la FAO (1982) a déjà attire l'attention sur le problème posé par l'évaluation des grains brisés. Lors d'examens effectués sur la base de la MPMG sur des stocks de millet, ROWLEY (1984) a obtenu des résultats extrêmement variables et a également mis ceux-ci sur le compte du caractère très hétérogène du substrat.

La quatrième méthode employée, qui tenait compte quant à elle des conditions nouvelles amenées par l'infestation due à P. truncatus, a été la MPE. HAYWARD (1983) fait état en l'occurrence de bons résultats obtenus sur du millet au moyen de cette méthode de détermination des pertes.

En raison des conditions analogues à celles de la MPVS et de la MPMG en ce qui concerne l'évaluation des échantillons de travail, à savoir un standard externe, il faut s'attendre avec cette méthode à des problèmes de représentativité similaires. Elle ne présente pas en revanche les risques d'erreurs susceptibles de se produire avec les deux autres méthodes, erreurs dues à la manipulation des échantillons, au dessèchement et à l'humidification, ou encore à l'évaluation des grains brisés. On ne dispose malheureusement d'aucun autre rapport sur d'éventuelles expériences pratiquées au moyen de cette méthode. Eu égard à sa simplicité d'utilisation, nous pensons néanmoins qu'il s'agit-là d'une méthode adéquate lorsque l'on a à recenser rapidement des pertes de stockages par le prélèvement d'un volume élevé d'échantillons. Il faut toutefois noter qu'elle est applicable uniquement à la marchandise stockée en épis.

Au vu du degré de corrélation relativement élevé constaté entre dommages et pertes, il semble que la "Converted Percentage Damage Method" (HARRIS et LINDBLAD, 1978) se prête également bien à une évaluation rapide des pertes de stockage. ROWLEY (1984) a mis cette méthode en pratique pour l'estimation de pertes infligées à du millet stocké en sacs, et a obtenu en l'occurrence un résultat satisfaisant (r = 0,74; n = 92),

L'ensemble des méthodes présentées recensent en premier lieu les pertes relatives, ce qui garantit la comparabilité avec d'autres enquêtes. Les chiffres des pertes relatives permettent de déduire les pertes absolues subies par une unité de stockage, un système, une communauté, une région ou une économie nationale.

En résumé, on peut dire que le choix de la méthode doit être opéré en fonction de la tâche, de l'objectif fixé, ainsi que des conditions de mise en oeuvre des matériels et personnels au regard de la situation rencontrée. Les approches proposées par HARRIS et LINDBLAD sont à considérer comme des méthodes standard qui seront, le cas échéant, à modifier en fonction du problème d'hétérogénéité maintes fois soulevé Il est en l'occurrence absolument indispensable de spécifier exactement les modifications apportées, et cela de manière à préserver la comparabilité avec d'autres auteurs.

Au vu de la situation actuelle, il nous semble qu'une combinaison entre la MCP, qui permet de procéder à un essai exact, et la "Converted Percentage Damage Method" qui, elle, permet d'étoffer l'éventail d'échantillonnage, est la plus à même de permettre une caractérisation des pertes de stockage à l'échelon des petits paysans Grâce à leur standard interne, ces deux méthodes sont relativement insensibles à l'hétérogénéité du substrat et peuvent être appliquées dans les conditions de stockage les plus diverses. Etant donné le manque d'informations précises en ce qui concerne le prélèvement d'un large échantillonnage, il nous parait important d'obtenir un reflet aussi fidèle que possible des facteurs biologiques, économiques et sociaux régnant à l'intérieur des systèmes étudiés.

Le caractère d'adéquation de la MPE pour l'établissement des pertes demeure à démontrer par d'autres enquêtes.

4.2 Appréciation sur le stockage du mais chez les petits paysans togolais

Les présents résultats, ainsi que ceux de publications similaires, permettent de conclure que les pertes survenues à l'échelon des petits paysans durant le stockage du mais sont moins importantes qu'on ne l'avait craint en général. D'après les donnés dont on dispose jusqu'à présent, les pertes quantitatives recensées au cours d'une période de stockage de 6 à 9 mois dans les entrepôts de mais à la suite des infestations d'insectes et de rongeurs se chiffrent en moyenne à env. 5 %.

Dans le cadre de nos enquêtes, nous avons déterminé, en fonction des espèces et des conditions de stockage, des pertes de poids relatives moyennes variant entre 0 2 % à la suite d'infestations d'insectes (espèce locale obligatoirement soumise à enfumage) et 11,8 % (espèce hybride), ceci après 6 mois de stockage durant la période principale. Les pertes enregistrées à la suite d'une infestation d'insectes se chiffraient respectivement en moyenne à 6,4 et 6,0 % pour la durée de stockage. A l'issue d'une période de stockage de 4 à 5 mois, les pertes relatives sont passées respectivement à 7,7 et 5,1 au cours de la petite saison de stockage, après retranchement des pertes initiales existant déjà lors de la mise en entrepôt.

Il n'y a pas eu au cours de la saison de stockage de pertes supplémentaires dues à des champignons. Les pertes à mettre au compte des rongeurs se situaient en moyenne aux alentours de 0,4 %.

Les pertes indiquées ci-dessus étaient principalement dûes à l'activité alimentaire de 5. zeamais. Néanmoins étant donné que le nombre de 5 zeamais a commencé à décroître à partir du 120ème jour après la ME, alors que les pertes continuaient d'augmenter, on peut en déduire que l'importance des parasites secondaires s'est accrue au fur et à mesure que la saison de stockage s'avançait.

Il est toutefois certain qu'il faut s'attendre dans l'avenir à des pertes beaucoup plus élevées en raison de l'apparition du bostryche P. truncatus, qui a son habitat d'origine en Amérique centrale,

Durant une période d'observation de 3 à 6 mois, GOLOB et HODGES (1982) ont relevé dans des greniers à mais de petits paysans tanzaniens des pertes de poids relatives moyennes de 9 % (max. 34,6 %). GILES et LEON (1974) ont fait état au Nicaragua de pertes atteignant 40 % à l'issue d'une période de stockage de 6 mois dans des greniers de petits paysans. HOPPE (1986) faisait état au Honduras de pertes de poids cumulatives de plus de 30 % pour une période de stockage de 6 à 7 mois, également du fait de P.truncatus.

Les résultats que nous avons obtenus au moyen de la MPE, utilisée à cette occasion pour la première fois, et qui indiquent des pertes de poids relatives de 30,2 % dues aux infestations d'insectes, de champignons et de rongeurs pour une période de stockage de 6 mois! sont comparables aux chiffres précédemment cités. Ils étaient ainsi de 4 à 5 fois plus élevés que les pertes moyennes totales enregistrées à la même époque dans les greniers à mais togolais, à la suite d'une infestation causée par des ravageurs déjà connus, et qui atteignaient 7,1 % (chiffre obtenu à partir de la MCP).

Si l'on prend cependant pour base les pertes survenues dans des conditions climatiques comparables et dans des greniers abritant des espèces locales, et cela à l'issue d'une période de stockage de 6 mois, il faut alors s'attendre à ce que l'infestation par P. truncatus provoque au Togo des pertes 10 fois plus élevées.

L'examen de la situation du stockage du mais chez les petits paysans permet de reconnaître trois secteurs de problèmes: l'infestation par P.truncatus, la sensibilité des espèces hybrides vis-à-vis des organismes parasitaires, ainsi qu'une infestation sur pied relativement importante, surtout du fait des larves de mites. Les espèces locales traditionnelles, au contraire, se sont révélées appropriées au système rural de stockage. On peut compter ici sur des pertes très faibles, surtout là où l'on pratique l'enfumage obligatoire.

Les principes régissant la protection des végétaux en général permettent également d'élaborer des mesures préventives et curatives pour la protection des denrées stockées.

Ainsi que l'ont montre les résultats indiqués plus haut, les mesures préventives essentielles à prendre dans le cas du stockage du mais au Togo sont: la sélection adéquate des espèces, l'hygiène de stockage et l'absence d'infestation au niveau de la récolte.

La question difficile qui se pose est celle d'une stratégie optimale de protection des denrées stockées, au regard de l'application curative de mesures de protection des stocks dans les conditions pratiques de stockage existantes. Il est inutile de recommander l'enfumage permanent de la marchandise stockée. D'une part en raison de la disponibilité limitée du bois de chauffage, en particulier dans les régions du littoral, et d'autre part parce que l'affectivité de ce traitement dépend en majeure partie de l'épaisseur de la couche de marchandise. L'enfumage d'une unité de stockage abritant plus de 2 t de mais hybride provenant de la région de cultures n'aurait probablement qu'un effet de protection très limité. L'efficacité insuffisante de l'enfumage facultatif démontre le bien-fondé de cette supposition. De la même manière, le gazage de ces unités de stockage ouvertes n'est opportun que dans des cas exceptionnels en raison de la prompte réinfestation.

La mise en oeuvre de mesures préventives chimiques de protection des stocks est surtout rentable lorsque l'on s'attend à une offre réduite en mais, à la suite d'une mauvaise récolte, et cela dans le cas d'espèces présentant une sensibilité particulière aux insectes nuisibles (mais hybride) et en vue de la vente de quelques unités de stockage. Il faut noter qu'il est en l'occurrence nécessaire de procéder à certaines modifications en ce qui concerne les processus techniques

Il semble opportun de procéder à un traitement du mais aux insecticides. Ce traitement, qui a pour but de réduire l'infestation initiale et de combattre les mites, sera effectué dès avant la récolte et assorti de mesures de suivi. La seconde récolte, en particulier, présentait en effet un degré élevé d'infestation sur pied.

Dans le cas d'un stockage des épis de mals en spathes, l'efficacité des insecticides que l'on applique sur les épis selon la méthode du sandwich est extrêmement réduite Les insectes nuisibles ayant infesté le mais dans les champs trouvent sous les feuilles enveloppant l'épi une bonne protection contre l'insecticide. D'après les examens auxquels nous nous sommes livrés, l'infestation sur pied jouait un grand rôle dans l'évolution future des pertes. L'observation de la répartition de l'infestation a montré par ailleur que les insectes nuisibles se comportaient de manière relativement constante par rapport à l'endroit considéré. Il faut en déduire que ce n'est qu'après l'apparition de dégâts importants que les insectes quittent l'épi infeste auparavant et entrent en contact avec l'insecticide.

Il nous semble donc opportun de procéder à une modification du système de stockage traditionnel en ce qui concerne les espèces de mais menacées. Les experts de l'African Rural Storage Center de la FAO à Ibadan, Nigéria, ont concu un grenier destine au stockage du mais. Par rapport aux méthodes de stockage traditionnelles, ce grenier offre aux paysans toute une série d'avantages (DICHTER, 1978). Dans ces unités de stockage, le mais est versé sans les spathes. Au moment du remplissage du grenier les épis sont traités, suivant la méthode du sandwich, avec un insecticide approprié. Ce procédé de stockage permet d'anéantir rapidement les insectes nuisibles introduits dans le grenier avec la récolte et d'empêcher une réinfestation.

Les problèmes d'humidité ne sont pas à craindre grâce à une bonne ventilation. Etant donné que ces "cribs" (greniers) sont construits avec des matériaux disponibles sur place les paysans n'ont donc pas à faire face à des coûts beaucoup plus élevés que ceux occasionnés par la construction d'un Ebli-Vas.

La forte impression faite par les pertes élevées enregistrées à la suite de l'apparition de P. truncatus souligne l'urgente nécessité de prendre des mesures de protection du mais stocké. CROWLEY et al, (1980) ont observé que P truncatus avait beaucoup plus de difficultés à se déveloper sur le mais en grain que sur les épis. On doit donc voir ici un avantage du stockage du mais en grain par rapport à celui du mais en épi. D'un autre côté, on favorise en cela une infestation par S. zeamais. Il convient donc de traiter le grain au moyen d'un insecticide efficace contre les deux espèces, ou encore d'utiliser pour ce faire un mélange de deux agents actifs.

Les expériences faites jusqu'à présent au Togo ont montré cependant que les paysans étaient peu disposés à stocker leur mais dans des sacs. Les paysans font valoir qu'ils ne disposent dans leurs habitations que de possibilités de stockage réduites. Ils soulignent d'autre part le manque de personnel pour l'égrainage des épis après la récolte, et le manque de moyens financiers pour se procurer des sacs.

Au vu des conditions-cadres socio-économiques, il s'avère ici que des mesures efficaces de protection des stocks dépendent en majeure partie de la mise à disposition des capacités nécessaires de la part des services publics ou des organismes de coopération partenaires.

En collaboration avec la GTZ, on a conçu au Togo, au niveau des petits paysans, un entrepôt étanche au gaz (HARNISCH et KRALL, 1986), qui peut être également construit avec des moyens relativement modestes par les fermiers eux-mêmes. Les calculs de rentabilité ont montré que ces entrepôts étaient amortis en une seule saison de stockage. Considérant les problèmes posés par P truncatus, nous pensons qu'il est extrêmement urgent de renforcer les travaux d'évaluation de ce système de stockage au niveau des villages. Il est indubitable qu'un entrepôt entrains des problèmes de gestion (comptabilité, gazage, aération, etc), ce qui implique la nécessité de mesures d'accompagnement: formation intensive et assistance-conseil en collaboration avec les représentants locaux des services publics et les chefs de village.

Pour résumer, il s'est avéré au cours de la présente étude qu'au niveau des problèmes qui se posent au stockage villageois, des efforts tout particuliers devaient être déployés afin de protéger la récolte de mais. Ces efforts devront se concentrer en priorité sur les principales zones de culture du mais de la Région Maritime Dans ces régions, en effet, le stockage pratique d'après les critères traditionnels n'offre pas de conditions appropriées à un stockage sur de la récolte de mais, surtout si l'on pense à P. truncatus.


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