2 Bilan d'infestation et état des pertes dans les greniers à maïs ruraux
Table des matières - Précédente - Suivante
2.1 Matériels et méthodes
2.2 Grande saison de stockage 1988/89
2.3 Petite saison de stockage 1989
2.4 Petite saison de stockage 1990
2.5 Progression de l'infestation dans les
greniers à maïs
2.6 Structure des dommages causés aux épis de
maïs
Des recherches s'étendant sur trois périodes de stockage ont été effectuées dans des greniers à maïs implantés sur plusieurs sites. Ces recherches avaient pour but d'établir l'importance de l'infestation due aux ravageurs ainsi que les dommages et pertes en résultant. Outre les ravageurs, on a également recensé la faune des insectes utiles. Les résultats figurant dans le présent exposé, qui a valeur de résumé, sont donnés sous forme d'extraits. Pour les résultats complets, on se reportera à HELBIG (1993).
2.1.1
Region d'enquête
2.1.2 Analyse de l'infestation et des pertes
2.1.3 Enquête dans les greniers à maïs ruraux
Les recherches ont été menées dans la Région Maritime, située dans le sud du Togo. Les travaux se sont déroulés au siège de la "Direction de la Protection des Végétaux" (DPV), dans le quartier de Cacaveli à Lomé, capitale du pays.
La République du Togo est un pays d'Afrique occidentale. Le territoire national, qui couvre une surface de 56 785 km², s'étend sous forme de bande mince en direction nord-sud entre les 6° et 11° de latitude N et les 0° et 2° de longitude E. Le littoral a une longueur de 53 km, et la distance du nord au sud est d'environ 550 km. Les pays limitrophes sont le Bénin à l'est, le Ghana à l'ouest et le Burkina Faso au nord (ANONYME, 1991).
Le Togo possède un climat tropical, comportant deux saisons des pluies dans le sud (de mai à juin et de septembre à octobre), et une seule dans le nord (d'avril à juillet). Avec quelque 900 mm de précipitations annuelles, la zone du littoral est relativement sèche. La partie centrale du pays, qui reçoit l 500 mm, est franchement humide. Le nord, qui est une région sèche, reçoit environ 1 200 mm de précipitations annuelles. La température moyenne mensuelle à Lomé est de 26,5 °C (minimum 24,5 °C; maximum: 28,0 °C) (ANONYME, 1991).
2.1.2 Analyse de l'infestation et des pertes
On a procédé au cours de la période de stockage au prélèvement et à l'évaluation d'échantillons de 100 épis de maïs. Ces examens avaient pour objet de recenser les insectes nuisibles et les insectes utiles ainsi que d'établir un bilan des pertes. Ni les épis de maïs infectés par des mycoses, ni ceux endommagés par des rongeurs n'ont été pris en compte.
Prélèvement et évaluation des échantillons
Pour prélever les échantillons, on a enlevé les toits de paille des greniers afin d'accéder plus facilement à la totalité de la surface. L'échantillonnage a été effectué selon la méthode indiquée par PANTENIUS (1987). L'échantillonnage complet de 100 épis a été conservé dans un sac de coton et, dans la mesure du possible, fumigé immédiatement à l'hydrogène phosporé dans le but de préserver l'état momentané de l'infestation et des pertes.
L'évaluation repose essentiellement sur l'analyse individuelle des épis, dans laquelle on collecte pour chaque épi la totalité des données nécessaires à la quantification des pertes et à l'analyse de l'infestation. On a dénombré pour cela les grains endommagés trouvés sur l'épi. Les grains entièrement détruits ont été également comptés, et cela sur la base du point d'insertion situé sur la rafle. On a séparé les grains abîmés des grains intacts, puis tamisé et pesé l'ensemble au moyen de tamis à mailles de 3,15 et de 0,4 mm. Pour établir le poids des grains, on a pris la fraction restée dans le tamis de 3,15 mm. A la suite du tamisage, on a déterminé le nombre de grains intacts à l'aide d'un compteur de grains. La fraction ayant passé le tamis de 0,4 mm a été qualifiée de farine de forage. Le tamis de 0,4 mm a retenu en totalité les insectes, les grains et rafles brisés, ainsi que les divers autres résidus. On a ensuite extrait de ce mélange les insectes, que l'on a classés en fonction de leur nombre et de l'espèce d'appartenance, puis consigné ces données séparément pour chaque épi.
Les diverses fractions, c'est-à-dire les grains intacts et les grains endommagés, les grains brisés et les insectes, de même que la farine de forage, ont été conservées séparément. Après traitement de tous les épis d'un échantillon, les fractions composées de grains et celles composées de farine de forage ont été pesées en totalité, puis les grains intacts ont été dénombrés et l'on a examiné encore une fois la fraction des grains brisés à la recherche d'insectes.
L'évaluation individuelle des épis a été réalisée sur un sous-échantillon, prélevé au hasard dans l'échantillon principal de 100 épis, le reste ayant été traité selon une méthode inspirée de celle du poids des échantillons (PANTENIUS, 1987). Pour ce qui est de la description de cette méthode et des résultats obtenus, voir HELBIG(1993).
L'analyse de l'infestation comprenait en règle générale la classification et le dénombrement des espèces d'insectes découvertes. La classification a été effectuée à l'aide des clés et descriptions empruntées à LESTE (1924), VRYDAGH (1955), WEIDNER (1982), DOBIE et al. (1984) et HALSTEAD (1986). Les espèces inconnues ont été envoyées aux fins d'identification au CAB International (British Museum). En ce qui concerne les lépidoptères, l'infestation a été considérée uniquement du point de vue qualitatif dans la mesure où il n'y a pas eu classification des espèces. L'identification des Sitophilus spp. (Coleoptera, Curculionidae), qui sont des ravageurs primaires de premier plan dans le secteur du stockage, a été réalisée à partir d'échantillons. La seule espèce rencontrée ici était S. zeamais, ce qui explique que cette espèce est également la seule mentionnée dans la suite. Sauf indication contraire, le comptage regroupait uniquement les insectes adultes. Une exception a été faite pour Xylocoris flavipes (Heteroptera, Anthocoridae), puisque l'on a ici comptabilisé ensemble les adultes et les larves.
Calcul des dommages et pertes
Pour calculer les pertes de poids de matière sèche, on a appliqué 2 méthodes, celle du comptage et du pesage (MCP) et celle du poids des échantillons. Seuls les résultats obtenus par la MCP sont mentionnés dans la présente version abrégée. L'avantage de la MCP réside dans l'utilisation d'une norme interne en tant que valeur de référence (PANTENIUS, 1987; SALUHNKE et al., 1985). Cette méthode permet d'évaluer les pertes à tout instant et rend superflue la mesure de l'hygrométrie.
Outre les pertes, on a également enregistré les dégâts causés aux épis de mais par les infestations de ravageurs. Le dommage est défini comme étant le pourcentage de grains endommagés par rapport au nombre total de grains. On trouvera chez PANTENIUS (1987, 1988) ou chez HELBIG (1993) les formules à appliquer pour le calcul des pertes et des dommages.
Pour compléter le bilan des dégâts, lequel fait référence à la totalité de l'échantillon, on s'est livré par ailleurs à une analyse de la structure des dommages en calculant les dégâts infligés à chacun des épis, ce qui permet de donner une idée de l'intensité des dégâts auxquels le paysan se voit confronté lorsqu'il ouvre les spathes d'un épi pour l'examiner.
Pour analyser la structure des dommages, on a procédé à une classification en plusieurs catégories, qui sont les suivantes:
S'agissant des essais en conteneurs, les pertes ont été calculées en partant de la différence entre le poids originel et le poids final, compte tenu de la teneur en humidité. Pour ce qui est du processus de traitement des échantillons, on a utilisé la méthode décrite précédemment. Dans le but de calculer les dommages avec précisions, on a prélevé dans le maïs employé dans chaque préparation un certain nombre d'échantillons, à partir desquels on a déterminé le nombre de grains par unités de poids. Cette opération a permis d'établir une moyenne théorique du nombre de grains par récipient, un processus rendu nécessaire par le fait que dans les essais impliquant P. truncatus, il n'est plus possible, en fin d'essai, de connaître le nombre de grains originel.
Interprétation statistique
L'interprétation statistique des données a été effectuée sur ordinateur personnel (BEUTEL & SCHUBÖ, 1983; BROSIUS, 1988) au moyen du logiciel SPSS (programme statistique pour les sciences sociales). Dans les cas où il a paru justifié de présumer une distribution normale des données, on s'est servi de modèles empruntés à l'analyse de variance. Comme moyens de stabilisation de variance, on a utilisé les transformations suivantes (SACHS, 1978):
La comparaison simple des valeurs moyennes a été réalisée au moyen du test t. Pour la comparaison multiple des valeurs moyennes, on a eu recours au test Tukey-HSD (SACHS, 1978; LÄUTER & PINCUS, 1989). Les valeurs moyennes significatives figurant dans les résultats sont signalées car différentes lettres. Là où l'on ne pouvait pas présumer une distribution normale, c'est le test de Mann-Whitney pour les données à mise à échelle ordinale qui a été appliqué (LORENZ, 1988). Les trois tests ont été effectués avec une probabilité d'erreur de 5 %.
2.1.3 Enquête dans les greniers à mais ruraux
En règle générale, le stockage du mais s'effectue dans le sud du Togo dans des greniers traditionnels du type "Ebli-va", dans lequel les épis sont entreposés en spathes. Dans le cadre de la présente étude, la marchandise a été stockée sans traitement aux insecticides, pour que l'on puisse ainsi observer l'infestation naturelle due aux ravageurs et recenser la faune des insectes utiles.
Grande saison de stockage 1988/89
La collecte de données effectuée au cours de cette saison de stockage avait pour objectif d'établir un bilan de l'infestation et des pertes sur les sites infestés ou non par P. truncatus. Quatre sites ont été sélectionnés, dont deux (Cacaveli et Avéta), selon les informations disponibles, étaient régulièrement victimes d'une infestation par P. truncatus, tandis que les deux autres (Davié et Kovié/Mission-Tové) n'étaient pas touchés par ce type d'infestation. Sur chacun des sites de Cacaveli et de Davié, quatre greniers ont été érigés sur le terrain de la DPV. Dans chaque grenier, on a stocké environ 250 kg de maïs d'une espèce locale à grains jaunes, provenant dans ce cas d'un champ. A côté de ces greniers, on a pu utiliser sur 2 sites (Avéta et Kovié/ Mission-Tové) 8 greniers pour y prélever des échantillons (cf. tabl. 1). Le prélèvement d'échantillons, qui a débuté fin août début septembre 1988, s'est poursuivi sur une période de huit mois.
Après avoir prélevé le deuxième et le troisième échantillon au bout de 6 semaines, on est passé à un intervalle de 4 semaines. En ce qui concerne le premier et le troisième échantillon, on a traité ici un sous-échantillon de 30 épis en employant la méthode d'évaluation individuelle. A partir du troisième échantillonnage, le contenu des sous-échantillons a été porté à 50 épis. Le reste des épis provenant des échantillons de 100 unités a été évalué suivant la méthode du poids des échantillons.
Petites saisons de stockage 1989 et 1990
Au cours de la petite saison de stockage 1989, la collecte des données s'est déroulée dans quatre greniers, situés dans quatre localités différentes (tabl. 1). Le mais destiné à ces quatre greniers, une espèce locale à grains blancs qui provenait d'un champ (DPV) et avait été acheté en un seul lot, a été mis ensuite à la disposition des paysans aux fins de stockage. 250 kg de mais environ ont été stockés dans chaque grenier. L'échantillonnage est intervenu par roulement, à intervalles de 4 semaines.
Tabl. 1: Emplacement et données générales concernant les greniers observés au cours des diverses périodes de stockage
Lieu | Éxploitation | Remarques |
Grande saison de stockage 1988/89 | ||
Avéta | 1 | récolte fin juillet; grenier datant de 4 semaines; bois neuf |
Avéta | 2 | récolte du 15 au 25 août; grenier neuf; bois de 3 ans, en partie remplacé |
Avéta | 3 | récolte fin août; stockage dans la maison |
Avéta | récolte fin août; grenier neuf; bois neuf | |
Mission-Tové | 5 | récolte fin août/début septembre; grenier neuf; plate- forme de tôle |
Kovié | 6 | récolte fin août/début septembre; grenier neuf; bois neuf |
Kovié | 7 | récolte début à mi-août; grenier existant depuis mi-août; |
bois neuf | ||
Kovié neuf | 8 | récolte fin août; grenier neuf; bois |
Petite saison de stockage 1989 | ||
Gbonvé greniers |
1 | dans le cours; avec d'autres |
Davié | dans le cours; unique grenier | |
Avéta | 3 | dans le cours; unique grenier |
Mission-Tové | 4 | dans le cours; unique grenier |
Petite saison de stockage 1990 | ||
Gbonvé-I | 1 | dans le cours; avec d'autres greniers |
Gbonvé-II | 2 | dans le cours; avec d'autres greniers |
Davié-I | 3 | dans le cours; unique grenier |
Davié-II | 4 | sur le terrain d'essais de la DPV |
L'évaluation a été effectuée sur 50 épis sous forme d'examen individuel, tandis que les 50 autres épis étaient traités selon la méthode du poids des échantillons (cf. chapitre 2.1.2).
Au cours de la petite saison de stockage 1990, on a érigé au total quatre greniers, semblables à ceux de la région et répartis sur deux sites: Davié et Gbonvé. Trois de ces greniers ont été placés chez des paysans, le quatrième sur le terrain expérimental de la DPV (cf. tabl. 1). Le maïs, une espèce locale à grains jaunes, avait été acheté chez un paysan de Gbonvé. Le premier prélèvement d'échantillons est intervenu directement à la suite de l'emmagasinage, les prélèvements suivants à intervalles de 4 semaines. Pour le reste, les méthodes employées étaient identiques à celles de la petite saison 1989.
2.2 Grande saison de stockage 1988/89
2.2.1 Populations de ravageurs et d'insectes
utiles
2.2.2 Bilan des dommages et pertes
S'agissant de la grande saison de stockage 1988/89, le recensement de l'infestation de ravageurs et des pertes de stockage de mais subies par les petits paysans s'est déroulé sur quatre sites différents, comprenant chacun 4 greniers. A Cacaveli et à Davié, les responsables des essais ont installé des greniers traditionnels sur le terrain de la DPV. A Kovié/Mission-Tové, les prélèvements ont été effectués dans des greniers appartenant à des paysans.
2.2.1 Populations de ravageurs et d'insectes utiles
A Cacaveli et à Kovié, on a enregistré durant la grande saison de stockage 1988/89 une infestation due au ravageur importé P. truncatus. A Kovié, un seul grenier a été infesté par P. truncatus, la densité de population étant toutefois demeurée très faible durant la totalité de la période de stockage. A Cacaveli, en revanche, la population de P. truncatus s'est très fortement accrue, atteignant au bout de 8 mois une densité de 7222 coléoptères pour 100 épis (fig. 1). Aucune infestation n'a été décelée sur les sites de Davié et d'Avéta.
Outre celle du grand capucin du mais, on a également recensé la dynamique démographique de S. zeamais. Ce charançon est un ravageur primaire cosmopolite du mais stocké, capable de causer des dégâts considérables. A titre complémentaire, on a également relevé l'abondance de cet insecte, puisqu'il s'agit là d'un facteur important, aussi bien pour expliquer l'ampleur des pertes causées que du point de vue de l'interaction avec P. truncatus.
Dans la plupart des greniers, S. zeamais était peu abondant, avec en moyenne entre 1 500 et 2 000 coléoptères au maximum pour 100 épis (cf. fig. 1 et 2). Sur le site de Cacaveli également, la population de S. zeamais avait pu s'établir solidement et atteindre une densité comparable à celles des autres sites malgré une forte concurrence de la part de P. truncatus.
L'infestation des épis de maïs par des lépidoptères sur les sites de Cacaveli, Davié et Kovié/Mission-Tové atteignait en moyenne de 40 à 60 % (fig. 1 et 2). Les valeurs élevées enregistrées à Cacaveli à la fin de la saison de stockage sont vraisemblablement dues à un problème d'identification. En cas de très forte infestation par P. truncatus, il devient en effet difficile d'établir un bilan précis des dégâts dus aux lépidoptères. Sur le site d'Avéta, l'infestation de lépidoptères était beaucoup moins élevée, puisqu'elle n'atteignait ici que 20 à 25 % environ.
Ravageurs secondaires
Durant la grande saison de stockage 1988189, on a observé l'apparition régulière d'un certain nombre de ravageurs secondaires: Cathartus quadricollis (Coleoptera, Silvanidae), Tribolium castaneum, Palorus subdepressus (Coleoptera, Tenebrionidae), Cryptolestes spp. (Coleoptera, Cucujidae) et Carpophilus spp. (Coleoptera, Nitidulidae). Parmi les Cryptolestes spp., les espèces C. pusillus et C. ferrugineus ont été identifiées, tandis que chez les Carpophilus spp., on rencontrait surtout C. dimidiatus et, dans me moindre mesure, C. obsoletus. On a par ailleurs relevé dans des greniers isolés la présence, en nombre limité, de Palorus depressus, d'Oryzaephilus surinamensis (Coleoptera, Silvanidae) et celle de Typhaea stercorea (Coleoptera,
Populations d'insectes utiles
Le recensement des insectes utiles a été là encore réalisé à partir d'échantillons de 100 épis. Pour ce faire, les individus trouvés dans les épis de maïs ont été classifiés suivant l'espèce et le nombre. En ce qui concerne les hyménoptères, seuls les imagos ont été comptabilisés. Pour les hétéroptères, on a compté et les larves et les imagos.
On a constaté sur tous les sites la présence régulière des espèces X. flavipes, Theocolax elegans, Anisopteromalus calendrae (Hymenoptera, Pteromalidae), Cephalonomia waterstoni et Holepyris sylvanidis (Hymenoptera, Bethylidae). Les hyménoptères étaient en général faiblement représentés, leur nombre ne dépassant que dans certains cas isolés 10 individus pour 100 épis. Au contraire de cette dernière espèce d'insectes utiles, la punaise prédatrice X flavipes est apparue en assez grand nombre.
2.2.2 Bilan des dommages et pertes
C'est à Cacaveli qu'ont été observés, et de loin, les dommages les plus importants enregistrés durant cette période de stockage (fig. 3). Au bout de 8 mois de stockage, les dommages atteignaient ici 62 %, contre 47 % à Avéta (après 7 mois) et un peu moins de 30 % à Davié (fig. 4) et Kovié/Mission-Tové. Etant donné que les dommages étaient à Cacaveli à peu près aussi élevés que sur les trois autres sites au moment de l'emmagasinage, on peut estimer que cette différence très nette est due à la composition qualitative et quantitative de l'éventail des ravageurs présents.
Le recensement des pertes a également révélé des différences majeures entre les sites. Alors que les pertes avoisinaient I % sur tous les sites au moment de l'emmagasinage, des divergences très nettes se sont fait jour par la suite. Au bout de 8 mois, les pertes atteignaient à Cacaveli 36,5 %, contre des valeurs inférieures à 20 % sur les sites d'Avéta et de Kovié/Mission-Tové. Avec 9 %, Davié enregistrait à l'issue de la période de stockage de 8 mois les pertes les plus faibles.
La production de farine de forage, qui constitue l'indice d'une forte infestation par P. tuncatus, atteignait en moyenne à Cacaveli 666 g pour 100 épis, c'est-à-dire qu'elle était plus de trois fois supérieure à celle enregistrée à Avéta. Sur les deux autres sites, ceux de Davié et de Kovié/Mission-Tové, on n'a trouvé qu'une quantité de farine de forage assez minime (environ 100 g au maximum).
2.3 Petite saison de stockage 1989
2.3.1 Populations de ravageurs et d'insectes
utiles
2.3.2 Bilan des dommages et pertes
Au cours de la petite saison de stockage 1989, le recensement de l'infestation et des pertes concernait greniers, implantés sur quatre sites: Gbonvé, Davié, Avêta et Mission-Tové. L'emmagasinage des épis de maïs a eu lieu début janvier 1989, la durée de stockage étant de 6 mois. Le maïs entreposé dans les quatre greniers, qui provenait d'un champ, a été confié aux paysans pour emmagasinage. Considérant la provenance unique de ce mais, on peut présumer que l'infestation par des insectes nuisibles des épis entreposés était à l'origine uniforme. Les différences qui se sont manifestées dans les caractéristiques d'infestation et d'analyse sont par conséquent directement imputables au stockage.
2.3.1 Populations de ravageurs et d'insectes utiles
Dans le courant de la petite saison de stockage 1989, on a assisté sur les sites de Gbonvé et de Davié à une infestation due à P. truncatus. A Avéta et à Mission-Tové, P. truncatus n'a été trouvé dans aucun des greniers à mais observés.
A Gbonvé (fig 5), l'infestation précoce s'est traduite par une très forte croissance démographique de P. truncatus au cours des 6 mois de stockage. A la suite d'une forte poussée à partir du troisième mois de stockage, on a dénombré au bout de 5 mois 6 373 coléoptères pour 100 épis.
A Davié, l'infestation par P. truncatus n'a manifestement débuté que beaucoup plus tard. Les premiers coléoptères ont été découverts au bout de quatre mois seulement, le ravageur étant d'autant moins abondant à la fin de la période d'observation. Il faut cependant noter que la population a fortement évolué en deux mois, puisque l'on a trouvé au sixième mois de stockage 1 008 coléoptères pour 100 épis.
S. zeamais, qui est apparu sur tous les sites, a pu s'y établir solidement. Sur les sites de Gbonvé et de Davié, où l'on rencontrait également P. truncatus, la croissance démographique de S. zeamais est demeurée assez faible. A Davié, on a recensé au bout de 6 mois 1 404 adultes de S. zeamais. A Gbonvé, le nombre de coléoptères appartenant à cette espèce, qui atteignait 1 800 au bout de quatre mois, n'a augmenté que de façon négligeable jusqu'au sixième mois de stockage, passant alors à 2 021 pour 100 épis.
A Avéta et à Mission-Tové (fig. 6), les populations de S. zeamais avaient visiblement trouvé de meilleures possibilités de développement qu'à Gbonvé et à David. On a observé en effet sur ces deux sites une croissance démographique relativement forte du ravageur. A Avéta, on a dénombré après six mois de stockage 2 835 coléoptères, et à Mission-Tové 3 121 coléoptères pour 100 épis.
L'infestation due aux lépidoptères se traduisait dans les quatre greniers par un niveau uniforme de 40 à 30 % d'épis endommagés.
Ravageurs secondaires
L'éventail des espèces de ravageurs secondaires de la petite saison de stockage 1989 était identique à celui de la grande saison de stockage 1988/89. Les principaux ravageurs découverts ont été là encore C. quadricollis, T. castaneum, P. subdepressus, Cryptolestes spp. et Carpophilus spp. On a également trouvé par endroits P. depressus et O. surinamensis.
Populations d'insectes utiles
Lors du recensement des populations d'insectes utiles effectué au cours de la petite saison de stockage 1989, l'éventail des espèces découvertes était identique à celui de la grande saison de stockage 1988/89. On a en effet trouvé dans les greniers à mais les hyménoptères A. calandrae, T. elegans, C. waterstoni et H. sylvanidis, ainsi que l'hétéroptère X. flavipes.
2.3.2 Bilan des dommages et pertes
L'inventaire des dommages et des pertes infligés au mais stocké sur les sites de Davié, d'Avéta et de Mission-Tové, s'est soldé par un résultat tout à fait comparable. Partis d'un niveau d'env. 4 à 8 % au moment de l'emmagasinage, les dégâts (% de grains infestés) ont progressivement augmenté au cours du stockage, pour se situer à env. 28 à 37 % après 6 mois de stockage (cf. fig. 8). Les pertes ont atteint au cours de cette période entre 5 et 11 % environ.
Les résultats obtenus dans le grenier à maïs de Gbonvé ont été totalement différents (fig. 7). A la suite d'une forte augmentation des dommages à partir du troisième mois de stockage, 65,4 % des grains de maïs étaient endommagés au bout de 6 mois. Les pertes de poids de MS s'élevaient alors à 26,5 %. Au bout de 6 mois, les dommages constatés à Gbonvé étaient par conséquent à peu près deux fois plus élevés que sur les autres sites, et les pertes au moins 2,3 fois supérieures.
Concernant la farine de forage, on a constaté également une différence très marquée entre les sites. Sur les trois sites présentant un niveau de dommages et de pertes relativement bas, à savoir Davié, Avéta et Mission-Tové, on a enregistré après 6 mois de stockage entre 78 et 109 g de farine de forage pour 100 épis (cf. fig. 8). A Gbonvé, ce niveau a été nettement dépassé au bout de 4 mois déjà, puisque l'on a trouvé ici 258 g de farine de forage (fig. 7). Au bout de 6 mois, il y avait à Gbonvé 795 g de farine de forage dans un échantillon de 100 épis.
2.4 Petite saison de stockage 1990
2.4.1 Populations de ravageurs et d'insectes
utiles
2.4.2 Bilan des dommages et pertes
Au cours de la petite saison de stockage 1990, l'état des pertes et l'infestation par des insectes nuisibles ont été recensés à deux endroits, Gbonvé (I et II) et Davié (I et II). La mise en stock a eu lieu début janvier 1990, la durée de stockage étant de 6 mois. Le mais emmagasiné, qui provenait d'un champ, appartenait à une espèce locale à grains jaunes.
2.4.1 Populations de ravageurs et d'insectes utiles
Au cours de la petite saison de stockage 1990, les greniers à maïs présentaient une infestation de coléoptères ravageurs primaires relativement minime. L'infestation due aux lépidoptères était comparativement élevée, se situant en moyenne autour de 80 % d'épis endommagés (cf. fig 9 et 10).
Au cours de cette période de stockage, le ravageur importé P. truncatus s'est manifesté dans trois greniers: Gbonvé-I (fig. 9), Gbonvé-II et Davié-II. Un mois déjà après l'emmagasinage, les échantillons ont révélé la présence de P. truncatus adultes. En dépit de cette infestation précoce des greniers, l'évolution démographique du grand capucin du mais est demeurée très faible durant les trois premiers mois. Ce n'est qu'au bout du cinquième mois de stockage que l'on a enregistré une forte poussée. Avec 517 coléoptères trouvés à Gbonvé-I et 738 à Gbonvé-II, les populations de P. truncatus sont toutefois restées relativement réduites jusqu'à la fin de la saison de stockage. A Davié-II, la population s'est beaucoup mieux développée, atteignant à cette date une densité de 1 797 P. truncatus adultes.
S. zeamais était présent dans tous les greniers dès l'emmagasinage, avec une moyenne de 69 coléoptères pour 100 épis, bien que l'évolution démographique de ce ravageur ait été également très faible dans l'ensemble. Dans trois greniers, ceux de Davié-I, où l'on a dénombré 471 coléoptères (fig. 10), de Gbonvé-I, avec 758 coléoptères (fig. 9), et de Davié-II, avec 767 coléoptères pour 100 épis, la population de S. zeamais est demeurée relativement modeste jusqu'à la fin de la période de stockage. A Gbonvé-II, après un accroissement démographique assez rapide, on a trouvé au bout de quatre mois de stockage un maximum de 1 326 adultes de S. zeamais. Passé ce cap, la densité de ravageurs a de nouveau reculé. Il s'agit du seul cas où l'on ait obtenu un résultat comparable à celui des autres périodes de stockage.
Ravageurs secondaires
A l'instar des autres périodes de stockage, les ravageurs secondaires découverts durant la petite saison de stockage 1990 dans tous les greniers étaient C. quadricollis, T. castaneum, Carpophilus spp. On n'a pas trouvé ici d'autres espèces. Le niveau de l'infestation due aux ravageurs secondaires était dans l'ensemble très faible. Dans certains cas isolés seulement, ainsi qu'à la fin de la période de stockage, on a pu observer une densité de ravageurs légèrement accrue.
Populations d'insectes utiles
Au cours de la petite saison de stockage 1990, on n'a recensé chez les principaux insectes utiles qu'une très faible densité de population. Il est même fréquemment arrivé que l'on n'ait trouvé à aucun moment le moindre individu appartenant à ces espèces dans les échantillons. L'éventail des espèces recensées comprenait là encore X. flavipes, T. elegans, A. calandrae, C. waterstoni et H. sylvanidis.
2.4.2 Bilan des dommages et pertes
En comparaison des autres périodes de stockage, les dommages et les pertes enregistrés au cours de la petite saison de stockage 1990 ont été dans l'ensemble relativement limités. Les dommages les plus importants ont été constatés à Gbonvé-I, avec 19,8 % (fig. I l). A Gbonvé-II et à Davié-II, les dégâts étaient sensiblement équivalents, alors qu'à Davié-I (fig. 12), les dommages atteignaient 13 % seulement.
Dans l'ensemble des greniers, les pertes des 3 premiers mois de stockage sont demeurées à leur niveau originel de 1 à 2 %, pour augmenter ensuite progressivement. C'est à Gbonvé-I que l'on a enregistré au bout de 6 mois de stockage les pertes les plus élevées: 11,7 %. A Gbonvé-II et à Davié-II, les pertes se situaient à la même époque juste en deçà de 10 %. A Davié-I, on n'a recensé que 5 % de pertes seulement.
La production de farine de forage a été elle aussi relativement réduite au cours de la petite saison de stockage 1990. Les chiffres les plus élevés ont été enregistrés au bout de 6 mois à Davié-II et à Gbonvé-I, où l'on a trouvé respectivement 143,7 et 119,3 g. Avec un maximum de 15,8 g. la quantité de farine de forage trouvée à Davié-I était tout à fait minime. On notera en revanche la très forte augmentation de la quantité de farine de forage enregistrée à Gbonvé-I (fig. 11), Gbonvé-II et Davié-II au cours des deux à trois derniers mois de stockage. Etant donné que l'on a également constaté au cours de la même période une très forte augmentation de la densité de population du grand capucin du mais, on peut raisonnablement en conclure que ce sont les activités de forage de ce ravageur qui sont à l'origine de la farine de forage découverte et, partant, de l'aggravation des dommages et pertes constatée.
2.5 Progression de l'infestation dans les greniers à maïs
En ce qui concerne le stockage du mais en épis avec les spathes, il y a lieu, lorsque l'on analyse une infestation causée par des insectes nuisibles, de tenir également compte de la répartition des dommages sur les différents épis. En effet, une infestation qui, même en présence d'une densité de population très élevée, serait limitée à un petit nombre d'épis se traduirait vraisemblablement pour le paysans par des pertes moindres qu'en cas de répartition uniforme de la même population sur la totalité des épis.
Pour déterminer la propagation des ravageurs primaires P. truncatus et S. zeamais dans les greniers, on a défini comme épis infestés ceux d'entre eux qui contenaient au minimum 3 coléoptères et un grain abîmé. Même si cette définition est susceptible de conduire à une sous-estimation de l'infestation, elle a pour but de prévenir une surestimation due à la présence "fortuite" de certains individus. Le nombre d'épis retenus pour l'évaluation était dans chaque cas identique à celui choisi pour l'analyse des pertes selon la méthode du comptage et du pesage (chapitre 2.1.3). Seuls les résultats obtenus pour la grande saison de stockage 1988/89 ont été mentionnés ici.
Grande saison de stockage 1988/89
Au cours de la grande saison de stockage 1988189, il s'est déclaré à Cacaveli une forte infestation due à P. truncatus (fig. 13). A Kovié/Mission-Tové, l'un des 4 greniers observés était faiblement infesté, ce qui s'est traduit dans le calcul de valeurs moyennes par un niveau d'infestation moyen tendant vers zéro.
A Cacaveli, les premiers épis ont été colonisés par P. truncatus au cours des 6 premières semaines (fig. 13). Dans le mois et demi qui a suivi, l'infestation s'est propagée à tel point que 35 % des épis étaient déjà infestés au bout de 3 mois de stockage. Il est probable que durant cette phase l'infestation était due en majeure partie à une migration venue de l'extérieur, et non pas à la descendance produite à l'intérieur du grenier. Au cours des mois suivants, le pourcentage d'épis infestés par P. truncatus s'est accru en permanence, pour atteindre 81 % au bout de 8 mois.
S. zeamais, qui a été introduit dans le grenier à partir des champs, avait infesté au moment de l'emmagasinage jusqu'à 8 % des épis (fig. 14). Au cours des trois premiers mois de stockage, l'infestation due à S. zeamais s'est fortement propagée dans les greniers. La part d'épis infestés est passée à des valeurs variant entre 27 % à Davié et 55 % à Kovié/Mission-Tové. Par la suite, et jusqu'à la fin de la période de stockage, la propagation de S. zeamais s'est fortement ralentie, finissant même par stagner dans certains greniers. Après 8 mois de stockage, la part d'épis infestés par S. zeamais atteignait entre 40 et 67 % selon les sites. La forte infestation constatée à Avéta est principalement due à un grenier qui avait été placé durant toute la période de stockage dans la maison du paysan et recelait une population de S. zeamais supérieure à la moyenne.