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Dans le cadre de recherches menées dans des greniers à mais ruraux, on s'est livré à une observation de la dynamique de population de Prostephanus truncatus, un ravageur introduit au Togo. Les études englobaient également le potentiel de dommages et de pertes du ravageur, de même que ses rapports avec la faune des ravageurs et insectes utiles autochtones. Parallèlement, des essais ont été entrepris afin de déterminer la capacité de survie et de reproduction de P. truncatus sur des espèces de bois indigènes ainsi que sur divers autres substrats.
Pour assurer la lutte biologique contre le grand capucin du mais, le prédateur T. nigrescens a été importé a posteriori de la région d'origine du ravageur. On s'est ensuite livré à de premiers essais destinés à établir l'efficacité du prédateur. Ces essais se sont déroulés dans une cage de quarantaine ainsi qu'en conteneurs. Eu égard à d'éventuels effets secondaires liés à la mise en oeuvre du prédateur, on a également étudié son comportement vis-à-vis de denrées stockées d'origine végétale. Les recherches se sont achevées par le lâcher du prédateur au Togo.
1 Le ravageur introduit, à savoir P. truncatus, était en mesure de s'affirmer face à la concurrence des ravageurs autochtones, formant ainsi dans certains greniers des populations très importantes. L'infestation ne touchait pas la totalité des greniers. Des pièges à phéromones ont permis d'établir la présence du ravageur pendant toute l'année.
2. De toute évidence, la faune des organismes utiles autochtones ne constitue pas un facteur limitatif pour le grand capucin du maïs A. calandrae et X. flavipes ont certes pu endiguer la croissance démographique du ravageur dans des essais en conteneurs, mais l'influence de ces deux insectes utiles dans la nature s'est révélée inexistante ou du moins extrêmement restreinte.
3. Dans les cas de gradation de la population de P. truncatus, on a assisté à des dommages et pertes de poids de MS considérables. Les épis infestés étaient souvent entièrement détruits, ce qui s'est nettement répercuté sur la structure des dommages. Les dommages et pertes enregistrés ici dépassaient de loin le niveau de ceux constatés dans les greniers épargnés par le ravageur.
4. P. truncatus est capable de survivre au moins 3 mois sur les espèces de bois couramment utilisées dans la construction des greniers. Les femelles du ravageur demeurent aptes à la reproduction au-delà de cette période. Dans les conditions rencontrées au Togo, la limite de survie semble se situer aux alentours de 4 mois.
5. P. truncatus était en mesure de se multiplier sur les espèces de bois M. esculenta et P. regia. On a constaté qu'il pouvait se reproduire sur S. tragacantha.
6. Dans une cage de quarantaine imitant de près les conditions réelles, le prédateur importé, T. nigrescens, s'est montré capable d'influencer fortement la population de P. truncatus. Au bout de 9 mois d'essai, on a en effet dénombré à la suite de la mise en oeuvre du prédateur environ 80 % de moins de P. truncatus adultes. Les dommages et les pertes avaient respectivement diminué de 41,6 et 46,5 %.
7. Le prédateur T. nigrescens n'a eu visiblement aucune difficulté à s'adapter aux conditions climatiques nouvelles. Que ce soit dans des conditions proches de la réalité ou dans le cadre d'essais en conteneurs expérimentaux, on a assisté à un développement abondant des populations du prédateur.
8. Les diverses marchandises stockées d'origine végétale n'ont pas exercé sur le prédateur T. nigrescens d'attirance manifeste. On n'a trouvé sur les marchandises stockées proposées dans la cage de quarantaine qu'un nombre relativement réduit de T. nigrescens adultes. A la suite de l'installation de T. nigrescens sur des denrées stockées, on a constaté que les coléoptères avaient quitté les conteneurs après un bref séjour.