Le manioc représente un produit de base pour la sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest, en particulier pour les grands centres urbains de la région.
Afin de déterminer des modalités d'appui aux systèmes post-récolte des tubercules vivriers dans la région, la CFD, dans un premier temps, a confié à TECH-DEV une étude exploratoire des potentiels techniques et économiques de la transformation du manioc au Bénin.
Une première missionau Bénin, du 03 au 12 Décembre 1997, avait pour objectif de déterminer les modalités d'appui au développement des activités de transformation de ce produit vivrier en produits déshydratés, donc stockables.
A l'issue de la mission au Bénin, un séjour, court, au Ghana, du 15 au 19 Décembre, a permis de prendre contact avec quelques dispositifs d'appui à la filière et d'identifier les matériels de transformation disponibles dans ce pays.
A partir de l'analyse, au Bénin, de la filière traditionnelle de la transformation du manioc en gari par les femmes en milieu rural, à titre individuel ou en groupement (Groupements de Femmes), ont été dégagés des axes d'amélioration de la situation actuelle et des orientations pour l'appui technique et financier à apporter aux groupements de femmes.
L'amélioration de la productivité et la réduction de la pénibilité du travail des femmes supposent de faire évoluer des technologies archaïques encore employées pour les opérations de râpage, pressage et cuisson ; ceci nécessite un appui technique et financier pour l'acquisition de râpeuses motorisées et de presses à vis ainsi que la réalisation de foyers améliorés.
L'organisation de circuits de commercialisation plus courts permettrait de livrer le gari conditionné, directement aux points de vente dans les centres urbains ; la marge bénéficiaire des groupements de transformatrices en serait nettement améliorée et la relation entre ces groupements et les commercants gagnerait en transparence.
Le dispositif d'appui, qui serait décidé, pourra être mis en oeuvre avec le concours de structures d'accompagnement de proximité, comme les CECO, opérationnelles sur le terrain.
Par ailleurs, il y aura lieu de prendre en compte les programmes de développement de la filière, déjà mis en place ou prévus par les Institutions internationales de coopération présentes au Bénin.
La transformation industrielle du manioc n'est réalisée au Bénin que par une seule entreprise ; le principal frein à ce type d'investissement serait la difficulté à maîtriser l'approvisionnement en tubercules, d'une part, le niveau bas du prix du gari au détail, d'autre part..
L'absence de développement de petites industries au Bénin dans cette filière peut également être attribuée à la méconnaissance des potentialités du marché pour les nombreux nouveaux produits alimentaires dérivés du manioc et de l'igname (farines améliorées, amidon, ...), produits à plus forte valeur ajoutée que le gari et qui ne sont pas en situation de concurrence avec la filière traditionnelle.
Des propositions pour le développement de la transformation des tubercules vivriers au Bénin sont présentées sous forme de scénario de la modernisation du mode de travail des Groupements de Femmes d'une part, d'investissements dans des petites unités semi-industrielles, d'autre part.
Une approche du compte de résultat prévisionnel et de la capacité de remboursement des emprunts contractés est établie, pour chacun de ces scénarii, à partir des éléments recueillies au cours de la mission ; compte-tenu de la durée courte de cette première étape exploratoire, certaines hypothèses sont incertaines et devront être validées à l'étape suivante de l'étude.
Un "cahier de l'investisseur" sera le moyen d'inciter des investisseurs potentiels en mettant en évidence les potentialités de ce secteur d'activités ainsi que les conditions de réussite de tels projets, notamment la maîtrise des approvisionnement en tubercules, la diversification des fabrications, un circuit court de distribution ; un ordre de grandeur du seuil de rentabilité de tels unités devra également être indiqué.
Ce document présentera les équipements mécanisés pour la transformation des tubercules en produits déshydratés, disponibles au Bénin et surtout au Ghana, et qui ont été recensés au cours de la mission.
La mécanisation de la "garification" est contestée par certains experts (problème de qualité et d'altération du goût du gari) ; cette question devra être instruite, afin de pouvoir orienter les investisseurs potentiels.
Les modalités de réalisation de cette étude exploratoire ont servi de référence pour proposer la méthodologie d'extension de ce travail au niveau des autres pays de la région.
La constitution de "cahiers de l'investisseur" propres à chaque pays nécessitera d'adapter les documents précédemment élaborés aux contextes spécifiques des différents pays, ce travail étant chaque fois réalisé en étroite collaboration avec les organismes et hommes-ressource du pays, compétents dans la filière.