Dans un pays importateur de céréales, tel que le Maroc, un silo portuaire est conçu principalement pour le déchargement des bateaux. La capacité de stockage d'un silo portuaire n'a qu'une importance secondaire, c'est la capacité de réception qui constitue la variable primordiale. Cependant l'éloignement des régions desservies par le silo portuaire ou l'incertitude liée aux arrivages des bateaux justifient, parfois, le besoin d'une capacité importante de stockage. Les silos portuaires actuellement en service sont ceux de Casablanca, Safi et Nador. Leurs capacités respectives en milliers de quintaux sont de: 700; 240 et 160.
TABLEAU IV.1 : Quantités de céréales manutentionnées pendant les trois dernières années en milliers de quintauxSilo portuaire | 1990 | 1991 | 1992 |
Casablanca | 8409 | 8822 | 14626 |
Safi | 2651 | 5232 | 4876 |
Nador | 3869 | 2946 | 3895 |
14929 | 17000 | 26997 |
Le Maroc dispose de quatre silos portuaires dont trois ont été construits sous le protectorat français. En 1985, le Maroc a construit le silo horizontal de Nador et très récemment les travaux de construction du silo portuaire d'Agadir ont été lancés.
Le silo portuaire de Casablanca construit en 1933 reste le silo le plus important du Maroc. Il est construit en béton et dispose d'une capacité de 700 milles quintaux. Ce silo a subit plusieurs opérations d'aménagement qui font que malgré son âge (60 ans) il demeure encore en bon état. Les deux principales opérations d'aménagement sont, l'extension du silo en 1976 et la rénovation d'une partie du matériel en 1988. En 1992, les quantités de grains qui ont transités par ce silo avoisinent 15 millions de quintaux.
Le silo de Casablanca possède un tirant d'eau qui lui permet de recevoir des bateaux d'une capacité importante (30000 tonnes). Il permet d'approvisionner, essentiellement, la région économique du centre mais également d'autres régions du Maroc.
L'activité du silo portuaire de Safi a commencé en 1958. Il s'agit d'un silo en béton composé de 64 cellules dont la capacité totale est de l'ordre de 240 000 quintaux. Le silo de Safi n'était pas suffisamment entretenu, comparativement à celui de Casablanca. Toutefois, il vient de subir un confortement intégral de structure et une rénovation partielle de matériel en 1991. Les quantité manutentionnées par ce silo en 1992 s'élèvent à 4.8 millions de quintaux, soit une baisse par rapport à l'année 1991 qui avait enregistré 5.2 millions de quintaux. La zone d'action du silo de Safi est essentiellement, la région de Tensift. Le silo de Safi est conçu également à l'activité d'exportation.
Le silo portuaire de Kénitra a été construit en 1952, il est d'une capacité de l'ordre de 120 000 quintaux. Ce silo était essentiellement pour l'exportation. Actuellement le port de Kénitra connaît plusieurs difficultés, dont principalement les contraintes d'ordre technique inhérentes à sa nature de port fluvial : lorsqu'un navire arrive en rade, il est obligé d'attendre la marée haute pour pénétrer dans le chenal, d'autre part la configuration du chenal, sa profondeur et ses méandres, imposent aux navires des limites de tirant d'eau et de longueur. Ce port ne tourne aujourd'hui, qu'à moins de la moitié de sa capacité, l'ODEP fait état d'un déficit moyen annuel de 10 millions de dirhams par an, auquel s'ajoute le coût de l'entretien. Le silo portuaire de Kénitra est actuellement en état d'arrêt. Une façon intéressante d'exploiter ce silo serait, peut être, de l'utiliser comme silo intérieur.
Le silo portuaire de Nador, construit en 1985, est un silo composé de deux grosses cellules horizontales d'une capacité de 160 000 quintaux. Ce silo a fait la réception d'une quantité de grains de l'ordre de 3.8 millions de quintaux en 1992. Ce silo permet d'approvisionner les minoteries de l'Oriental.
Ce silo composé de cellules tours en béton armé est en cours de construction. Sa capacité totale est de 40.000 tonnes.
Les minoteries industrielles à blés possèdent des installations de stockage de grains et de farine. Ces installations sont prévues dans le cadre de l'investissement initial conformément au Dahir portant sur l'organisation du marché des céréales et des légumineuses qui stipule que les M.I.B. doivent disposer continuellement d'un stock de blé couvrant leurs besoins pour vingt trois jours et un stock de farine couvrant la demande pendant une semaine.
Les contraintes financières des minoteries et l'organisation actuelle du marché des céréales ne favorisent pas une utilisation intensive de ces installations. Les minoteries s'approvisionnent en petites quantités et ne gardent dans leurs stocks que des quantités à peine suffisantes pour un écrasement de quelques jours.
Toutefois les installations de stockage des minoteries constituent, un acquis important pour ces unités dans le cadre d'un marché libéralisé où elles seraient responsables de leur approvisionnement.
Les silos des minoteries sont essentiellement construits en béton (89%), le reste est représenté par des silos métalliques. Globalement, ces silos sont en bon état. (70.7%), une proportion de 25.6% sont dans un état moyen et 3.7 % sont vétustes.
Les installations de stockage au niveau des minoteries se composent :
- d'un matériel de réception des grains (les fosses camions et les fosses wagons, les ponts bascule, les instruments de pesage, le matériel d'agréage),
- d'un matériel d'élévation et de nettoyage des grains
- de cellules de stockage
Par contre ces silos ne sont pas équipés de matériel de chargement orienté vers l'extérieur.
La capacité de réception des minoteries varie entre 200 et 20 000 quintaux par jour. Cette capacité s'élève en moyenne à 3700 quintaux par jour en supposant un exercice de trois cents jours, la capacité de réception totale des minoteries serait de l'ordre de 84 millions de quintaux. Sur les 82 minoteries enquêtées, seules 51 disposent de ponts bascule. Le nombre de fosses camions varie entre 0 et 4 fosses, avec en moyenne 1.18 fosses par minoterie.
La capacité des cellules de stockage des minoteries varie entre 1000 et 95 000 quintaux. Elle se situe en moyenne autour de 23 000 quintaux (tableau IV.20) Les minoteries industrielles totalisent une capacité de stockage en silos de l'ordre de 1.9 millions de quintaux.
TABLEAU IV.2 : Capacité de stockage moyenne selon l'état des silos en 1000 quintauxEtat | Capacité | Effectif des MIB |
Bon | 26.5 | 58 |
Moyen | 16.5 | 21 |
Vétuste | 3.3 | 3 |
Ensemble | 23.00 | 82 |
La capacité moyenne des installations de stockage qui sont en bon état est de l'ordre de 26500 quintaux, contre 16200 quintaux pour celles qui sont en état moyen. Par contre la capacité moyenne des silos vétustes ne dépasse pas 3300 quintaux.
Le passage d'un marché réglementé à tous les niveaux de la filière du blé tendre à un marché libéralisé nécessite de prendre un certain nombre de précaution. Ces précautions se justifient par les délais d'ajustement des comportements. Les importateurs doivent se confronter aux différentes perturbations sur le marché mondial avant d'adopter une stratégie d'importation appropriée. De même certains minotiers ne sont pas encore en mesure de prévoir leurs comportements dans le cadre de la nouvelle configuration du marché. Ces unités ont toujours été dispensées des responsabilité et des problèmes liés à l'approvisionnement. Toutefois, il est certain que leurs installations de stockage tendraient à être plus utilisées. Le rôle et le statut des coopératives reste encore méconnu
Si au niveau d'une entreprise la rupture de stock se traduit par la fuite des clients dont les commandes ne sont pas satisfaites dans les délais, les céréales constituent un enjeu à la fois social et politique de taille qui ne peut pas être livré, uniquement aux mécanismes d'ajustement du marché.
L'ensemble de ces éléments justifient que l'Etat doit constituer un stock de sécurité qui devrait répondre de façon urgente à la demande des différents utilisateurs chaque fois que le marché ferait défaut.
L'importance du stock de sécurité est déterminé en fonction des besoins de la consommation nationale, de l'incertitude dans les délais d'approvisionnement sur les marchés mondiaux, aux coûts de mobilisation du capital (qui peut être mesuré par le coût d'opportunité) et aux coûts de stockage. L'évaluation de ce stock peut également faire intervenir le "coût de la rupture de stock".