2.1. Situation générale de la production
2.2. Consommation
2.3. Variétés cultivées
2.4. Organisation de la filière
La Guinée est un des principaux pays rizicoles d'Afrique avec une production qui varie entre 500 000 et 700 000 tonnes (d'après les statistiques FAO Internet). Elle est en progression constante depuis la fin des années 80 où elle n'avait atteint que 300 000 tonnes (fig n° 1).
La surface rizicole couvrirait environ 450 000 ha. Les principales zones rizicoles excédentaires du pays sont la Guinée Maritime et la Guinée Forestière. La riziculture pluviale de coteaux reste largement prédominante par rapport à la riziculture de bas-fonds qui n'occupe que quelques milliers d'hectares. La riziculture de plaine est pratiquée au niveau de rares aménagements dont certains sont en cours de réhabilitation notamment en Guinée Maritime. Le long du littoral, on pratique la culture du riz de mangrove.
Quelques statistiques sont données dans le tableau n° 1 suivant
Tableau n° 1: Importance du riz selon les Régions (données 1995 très arrondies)
Régions |
% Surface (*) |
Surf. cultivée |
Production |
Rendement |
Guinée Maritime |
61% |
150 000 ha |
210 000 T |
1,4 T/ha |
Moyenne Guinée |
17% |
30 000 ha |
35 000 T |
1,2 T/ha |
Haute Guinée |
43% |
140 000 ha |
215 000 T |
1,5 T/ha |
Guinée Forestière |
76% |
130 000 ha |
180 000 T |
1,4 T/ha |
Total |
|
450 000 ha |
640 000 T |
1,4 T/ha |
(*) Pourcentage de la surface cultivée en riz par rapport à la surface totale cultivée
La production de riz est essentiellement le fait de nombreux petits exploitants qui disposent souvent de moins de 2 ha. Par manque d'intrants et de pratiques culturales appropriées, les rendements restent faibles et souvent compris entre 1 et 1,5 T/ha.
La production rizicole ne couvre pas les besoins actuels de la population Guinéenne (7 M hab.) dont le riz reste le produit de base de l'alimentation notamment en Région Maritime et en Région Forestière. Au cours des dernières années, le pays a ainsi eu recours à l'importation de 200 000 à 300 000 tonnes de riz usiné. En 1996/97, il semble cependant que les importations ont considérablement diminué du fait, notamment, du désenclavement des zones excédentaires qui a permis au riz local de gagner de nombreux marchés. Pour la première fois, le riz local, s'est vendu, en ville, au même prix que le riz blanc importé soit environ 500 FG/kg.
L'essentiel du riz local consommé et commercialisé est un riz étuvé. C'est à dire qu'il a subi un étuvage avant usinage. L'étuvage est une opération qui consiste en une précuisson du riz paddy préalablement hydraté. Les consommateurs reconnaissent généralement au riz local étuvé de meilleures qualités culinaires, gustatives et nutritionnelles qu'au riz blanc importé principalement d'Asie du Sud-Est. Quelques populations rurales de Guinée Forestière semblent cependant lui préférer le riz blanc local qui permet la réalisation de plats plus variés (bouillies, gâteaux,...) et nécessite moins de préparation. En matière de consommation, il existerait donc, en Guinée, trois grands types de riz: 1) riz local étuvé, 2) riz blanc importé, 3) riz blanc local. Une enquête sur les niveaux de consommation des différents types de riz et sur l'appréciation de «la qualité» permettrait, à cet égard, de mieux cerner les attentes des consommateurs.
Figure n° 3: Schéma simplifié de la filière
En Guinée Maritime, une des principales variétés cultivées est le "Djoukémé" (qui signifie littéralement 100 panicules) qui est une variété moyenne à longue fort appréciée des ménagères, notamment dans les familles nombreuses, pour ses qualités de gonflement à la cuisson. Ce riz aussi appelé "Dali fode" ou "Sambaconcon" est fréquemment commercialisé. On rencontre également, d'autres variétés comme "Popa" ou "Moroni" à grains ronds plus faciles à décortiquer et à cuisiner. Certaines variétés comme le "Dissi" à grains noirs ou rouges restent par contre difficiles à usiner. Les variétés sélectionnées comme le CK 5, le CK 7 (riz pluvial) ou CK 113 (bas fonds) produites par le Centre de Semences de Kilissi sont encore peu utilisées.
En Guinée Forestière, on retrouve la variété Djoukémé comme riz de coteaux ou de bas-fonds mais également les variétés de coteaux Dinkiri (à Guékédou), Juin (à Macenta) et Zo ou "riz de montagne" (à Lola)...
2.4.1. Les collectrices ou commerçantes rurales
2.4.2. Les commerçantes urbaines
2.4.3. Les gros commerçants
2.4.4. Les transformateurs
2.4.5. Les détaillants
Outre les producteurs, les principaux opérateurs de la filière sont:
Le commerce des grains produits localement est essentiellement assuré par des commerçants ruraux, généralement des femmes, qui achètent le paddy au niveau des petits marchés villageois, le stockent pour le revendre sur les marchés hebdomadaires des bourgades. Elles peuvent également étuver et décortiquer le paddy pour revendre le riz. Elles sont les principales clientes des unités de transformation artisanales. Ces commerçantes locales disposent souvent d'assez peu de moyens financiers ce qui les oblige à remettre rapidement sur le marché le riz paddy ou le riz transformé. Elles revendent ainsi le riz au détail aux consommateurs locaux ou "en gros" à d'autres commerçantes, les "commerçantes urbaines", sur les marchés hebdomadaires locaux.
Ces commerçantes participent au ravitaillement des villes. Elles sont plusieurs centaines qui assurent ainsi le lien entre les zones de production et les gros marchés urbains. Elles achètent le riz sur les marchés hebdomadaires des gros bourgs et le revendent aux détaillantes ou directement aux consommateurs des grandes villes de la région à des grossistes venant des grands centres de consommation (Conakry, Labé, Kankan, zones minières, etc...). Elles peuvent également s'approvisionner en paddy auprès des gros commerçants locaux, étuver et faire décortiquer le riz au niveau des ateliers présents dans les centres de regroupements.
Ces gros commerçants ruraux gèrent une partie du marché local par le contrôle (notamment financier) qu'ils exercent sur la filière. Ils emploient des agents collecteurs et disposent d'infrastructures de stockage et parfois de moyens de transport qui leur permettent de stocker les grains et de les revendre au prix fort durant la période de soudure. Quelques uns sont appuyés par le projet PASAL pour favoriser la commercialisation du riz local et certains d'entre eux deviennent aujourd'hui propriétaires de machines de décorticage.
En Région Maritime et en Région Forestière, les transformateurs sont présents principalement dans les grands centres de regroupement (préfectures) mais également dans les zones de production (sous préfecture ou district). Les propriétaires des ateliers sont assez souvent des personnes "à la retraite", donc relativement âgées, qui souhaitent poursuivre une activité génératrice de revenus. On rencontre également des gros commerçants, des entrepreneurs (garagistes,...) des fonctionnaires et parfois des producteurs. Dans la plupart des cas, les propriétaires délèguent la gestion des ateliers à un tiers (parent ou homme de confiance) chargé d'assurer le bon fonctionnement de l'entreprise. Les unités de transformation assurent essentiellement un travail à façon et rémunèrent leur activité en faisant payer aux commerçantes le prix de la transformation. La prestation est payée en argent ou en nature.
Ce sont généralement des femmes qui vendent le riz (local ou importé) au consommateur final. Elles commercialisent de faibles quantités unitaires sur les marchés de détail. Elles sont souvent fidèles à une fournisseuse (commerçante urbaine) qui en confiance peut leur laisser le riz à crédit.