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3. Recommandations

Table des matières - Précédente - Suivante

3.1 Necessite d'institutions nationales de coordination

Dans tous les pays de la sous-région, on observe l'existence de divers services ou organismes publics et privés, relevant de différents ministères et qui s'occupent, chacun de leur côté, de tel ou tel aspect des problèmes d'après récolte: Protection des végétaux, Offices céréaliers, Recherche agronomique, Sociétés ou Organismes d'encadrement agricole, Sociétés de fabrication et/ou de distribution de produits phytopharmaceutiques, etc. Une telle dispersion des compétences et des moyens entraîne des doubles emplois, sinon des concurrences, qui nuisent à l'efficacité de l'action.

Il est donc recommandé de créer, au sein de chaque pays de la sousrégion, un comité national chargé de la coordination de l'ensemble des activités post-récolte. Ce comité responsable, qui devrait être interministériel, serait constitué, d'une part d'un minimum de personnel permanent, d'autre part de représentants des différents services et organismes intéressés. Une de ses premières préoccupations serait de répertorier systématiquement les diverses techniques traditionnelles post-récolte du pays.

 

3.2 Necessite d'une legislation nationale sur les produits phytopharmaceutiques

L'absence d'une véritable législation sur les produits phytopharmaceutiques dans la plupart des pays prive les pouvoirs publics de moyens de contrôle de la fabrication, de la distribution et de l'utilisation de ces produits. Il en résulte des erreurs et des abus de toutes sortes, qui peuvent avoir des conséquences graves, y compris pour la santé des populations.

Il est donc recommandé aux Etats de se doter des moyens législatifs indispensables pour un contrôle efficace de la composition, de l'homologation, de la distribution et des conditions d'utilisation des produits phytopharmaceutiques.

Le Comité national, dont la création est recommandée ci-avant-, serait tout indiqué pour préparer et faire appliquer une telle législation.

 

3.3 Coordination regionale en matiere post-recolte

Il existe, à l'échelle continentale, une institution africaine chargée de la promotion et de la coordination des activités post-récolte. Il s'agit du Centre régional africain de technologie (CRAT), dont le Siège se trouve à Dakar. Créé en 1982, cet organisme n'est pas arrivé à ce jour à jouer pleinement son rôle. Cela est dû, d'une part à l'absence d'institutions de coordination à l'échelon national et sous-régional, et d'autre part à l'insuffisance des moyens mis à sa disposition.

Il serait souhaitable d'instaurer, dans le cadre institutionnel de la sousrégion, une Autorité communautaire chargée de coordonner et d'harmoniser toutes les actions de recherche et de vulgarisation et de diffuser toute information relative au système post-récolte. Une telle Autorité, qui serait une structure légère, devrait travailler en étroite collaboration avec le CRAT pour promouvoir et: coordonner les activités post-récolte communes aux différents comités nationaux proposés à la section 3.1. Une de ses préoccupations prioritaires devrait être la délimitation des zones déjà infestées par Prostophanus truncatus et la promotion de la mise en oeuvre d'une campagne de lutte vigoureuse.

 

3.4 Experimentation de structures ameliorees de stockage villageois

Les magasins en briques de banco et avec toiture en tôle, qui ont tendance à se propager dans la sous-région, ne constituent pas une bonne solution aux contraintes qui ont provoqué leur apparition.

Il est recommandé de procéder à des recherches et expérimentations de structures plus appropriées aux exigences techniques et économiques du stockage vivrier dans les villages. Cette recherche devrait s'intéresser en particulier aux structures de stockage qui facilitent le traitement phytosanitaire, ou encore mieux, qui évitent la nécessité de tout traitement.

 

3.5 Evaluation et diffusion eventuelle de techniques traditionnelles de stockage

Certaines techniques traditionnelles de stockage en grenier de banco sont très élaborées. Elles mériteraient d'être mieux connues en vue d'être éventuellement proposées et diffusées dans certaines zones comparables où les contraintes actuelles appellent de nouvelles solutions. On peut citer notamment les greniers Somba du Bénin, Dagari et Gourounsi du Burkina Faso et Dogon du

Mali. Il est recommandé de tester et d'évaluer, sur au moins deux campagnes agricoles, les performances de ces techniques traditionnelles encore bien perpétuées. Ces tests devront porter tant sur les matériaux et la construction que sur les méthodes de conservation pratiquées.

En ce qui concerne plus spécialement les ingrédients naturels de préservation, il est recommandé de procéder à un inventaire systématique de toutes les études et expériences effectuées à ce jour et, en collaboration avec les comités nationaux suggérés à la section 3.1, de conduire des essais approfondis sur les ingrédients réputés les plus efficaces.

 

3.6 Promotion des banques de cereales

L'épuisement des stocks pluriannuels, consécutif à de longues années de sécheresse, a conduit à l'apparition d'un nouveau type de stockage communautaire tel que les banques de céréales. Celles-ci, lorsqu'elles sont bien conçues et bien gérées par les villageois, apportent une réponse positive au besoin de sécurité alimentaire dans les villages.

Il est par conséquent recommandé:

 

3.7 Proposition d'un projet regional

Les recommandations formulées dans les sections 3.4 à 3.6 mériteraient de faire l'objet d'un projet régional, en appui aux actions des comités nationaux et dont l'exécution devrait être confiée à l'Autorité communautaire suggérée à la section 3.3.

Figure 1: Grenier traditionnel pour le stockage de céréales en épis (Sénégal). Fait en tiges de Guiera senegalensis tressées. A remarquer poutres maîtresses et poteaux remplacés par trois supports en briques de ciment.

Figure2: Grenier traditionnel chez les Mossi et Gourmantché (Burkina Faso), pour le stockage d'épis de céréales. Plate-forme sur pierres.

Figure 3: Grenier Mandingue entièrement construit en matière végétale, appelé Bountoung. Utilisé pour le stockage des épis de céréales (sud du Sénégal et nord de la Guinée-Bissau).

Figure 4: Grenier Djerma (Niger) fait de couches superposées de tiges de mil, de seccos et de paille graminée.

Figure 5: Grenier traditionnel de forme cylindrique pour le stockage des épis (ethnie Minianka, Mali).

Figure 6: Grenier traditionnel de forme trapézoidale (ethnie Bwa-Ba, Mali).

Figure 7: Grenier de forme trapézoidale (ethnie Gourounsi, Burkina Faso).

Figure 8: Grenier au corps presque sphérique installé sur plateforme faite d'un lit de grosses pierres. (Haoussa, région de Madaoua, Niger) .

Figure 9: Plate-forme de grenier à section carrée

Plate-forme de grenier à section carrée

Figure 11: Plate-forme de grenier à section circulaire utilisée pour grenier de grande taille. (Région de Madaoua, Niger).

Figure 12: Plate-forme de petit grenier à section circulaire. Peut être faite de trois, cinq ou neuf pierres suivant la taille du grenier.

Figure 13: Novelle structure de stockage magasin (à ne pas confondre avec les banques de céréales).Remplace le grenier traditionnel dans certaines régions. Stockage en épis ou en grain battu dans des sacs posés à même le sol.


Annexe 1 - Methodologie de selection et d'investigation sur les systemes de stockage et techniques de conservation

Les pays visités ont été, dans l'ordre, les suivants: Niger, Mali, Sénégal, Mauritanie, Côte d'Ivoire, Burkina Faso. Au total, plus de 8 000 km de routes et de pistes, pour visiter environ 25 villages représentant une vingtaine d'ethnies.

La méthode de travail reposait: sur un questionnaire approfondi (60 questions environ), scindé en trois parties intéressant respectivement le préstockage (séchage en particulier), les techniques de construction, avec des aspects socio-économiques, et les techniques de conservation. Le questionnaire intéressait la population de tout un village, mais exigeait- un interlocuteur précis et, autant que possible, représentatif, en accord avec les autorités coutumières locales. Partout, grâce à l'aide des autorités administratives et des agents des services agricoles, l'équipe du projet a bénéficié d'un excellent accueil et d'une franche coopération.

Dans l'esprit du document de projet et compte tenu du temps imparti, le projet s'est efforcé d'enquêter dans des zones représentatives de la diversité agro-climatique et ethnique de la sous-région. Les zones, que l'on distinguera sommairement d'après le climat, peuvent être classées de la façon suivante:

1. Climat sec: Régions: Taboue et Tillabéry (Niger)
Produits: mil, riz, niébé
Ethnies: Haoussa, Sonrhai/Wogoow, Bella
2. Climat semi-humide: Régions: Madaoua, Dosso et Say (Niger), Fada N'Gourma et Koudougou (Burkina Faso), San (Mali), Tambacounda et Sine-Saloum (Sénégal), Guidi-Markha (Mauritanie).
Produits: mil, sorgho, maïs, niébé
Ethnies: Haoussa, Djerma, Gourmantché, Gourounsi, Bwaba, Malinké, Wolof, Sérère, Sarakollé, Soninké.
3. Climat humide: Régions: Diébougou (Burkina Faso), Korhogo (Côte d'Ivoire), Koutiala (Mali), Haute et Basse Casamance (Sénégal).
Produits: mil, sorgho, riz, mals, niébé
Ethnies: Lobi, Dagari, Sénoufo, Minianka, Peulh, Balante, Mandingue du Sénégal et de Gambie, Diola.

 


Annexe 2 - Bibliographie sommaire

Audette, R. et Grolleaud, M. OCDE/Club du Sahel et CILSS. Le stockage non étatique des grains dans les pays sahéliens. Bibliographie générale. Inventaire, analyse et recommandations. N° D(84)241. 250 p. Paris.

Bernango, C. Dossiers Techniques traditionnelles de conservation des céréales locales. MA/IER, PRTT. Bamako.

FAO. Evaluation quantitative des pertes lors des opérations de préstockage et de stockage du mil et du sorgho. Document de travail N° 2. Projet PFL/BKF/001, Amélioration des opérations après récolte et promotion des structures villageoises correspondantes. Rome.

FAO. Manuel pour l'établissement:, l'opération et la gestion des banques de céréales. Bulletin N° 64. Rome.

GRET, IER, DMA, GRDR. Etude du stockage des grains au Mali. Paris


Annexe 3 - Systemes de stockage et de conservation des produits vivriers par pays

A. Benin

La République populaire du Bénin comprend six provinces: l'Atlantique, le Mono, l'0uémé, le Zou, le Borgou et l'Atakora. Le projet n'a pu visiter que celles du Mono au sud-ouest du pays et du Borgou au nord-est.

La province du Mono a un climat de type guinéen, avec deux saisons pluvieuses. Celle du Borgou est de type soudano-sahélien, avec une seule saison des pluies.

1. Production

1.1 Province du Mono

Dans cette province, les principales productions vivrières sont le mais, le manioc et l'igname, auxquelles s'ajoute le haricot en culture secondaire. Le manioc et l'igname constituent la base de l'alimentation, le mais étant: principalement destiné à la vente. Chez le producteur interrogé, le mais autoconsommé représentait environ 10% de sa production.

1.2 Province du Borgou

Dans le Borgou, les principales productions céréalières sont le sorgho et le mais. En 1984, le sorgho représentait 30% des surfaces cultivées et le mais 20%. On y produit également des légumineuses à grains: haricot:, arachide, soja, mais généralement sur de petites surfaces.

La production de sorgho est essentiellement consacrée à l'autoconsommation, alors que celle de mais est principalement destinée à la commercialisation.

Le coton, cultivé dans une grande partie de la province, constitue la seule culture industrielle (33 425 t en 1984-85). Là où celle-ci est implantée, on observe une augmentation sensible des superficies et des rendements des productions vivrières, grâce en particulier à l'introduction de la culture attelée et à l'utilisation de la fumure minérale et des pesticides.

2. Systeme post-recolte

2.1 Maïs

2.1.1 Séchage

Le régime des pluies, très différent entre les deux provinces, a une incidence importante sur cette première opération d'après récolte. Dans le Mono, le séchage pose plus de problèmes lors de la première récolte, en juillet-août, en raison de la courte durée de la saison sèche.

Pour la seconde récolte, faite en novembre-décembre, le séchage du mais a lieu sur pied pendant un mois et demi. On récolte alors les épis sans les déspather et on les laisse sur le champ pendant trois à quatre jours avant de les transporter à pied au village. Les pertes survenant durant cette opération (séchage et attente), attribuées aux rongeurs (rats, souris, agoutis) et aux oiseaux, sont estimées à 1-1,5%.

Dans le Borgou, l'essentiel du séchage a lieu sur pied. Il dure trois ou quatre semaines, au bout desquelles les paysans font la récolte; depuis cinq ou six ans, ils s'empressent de la rentrer par crainte des vols devenus fréquents.

Les pertes pendant le séchage sont peu élevées, sauf dans le cas d'invasion de singes lesquels, à défaut de gardiennage au champ, peuvent causer des dégâts assez importants (8 à 25% selon les producteurs).

2.1.2 Stockage

Dans le Mono, on observe deux types de structures de stockage. L'une, appelée Sagada, est un genre de crib cylindrique, fait de matériaux végétaux à base de nervures et de feuilles de palmier. L'autre, appelée Bliva, consiste en une plate-forme circulaire, confectionnée en nervures de palmes et soutenue par des pilotis en bois (branches d'un arbuste de bas-fonds, appelé communément Erétrine). Les épis de mais non déspathés, entassés sur une hauteur de 1,5 m environ, sont minutieusement superposés à la périphérie en couches circulaires pour former un cylindre très ferme, parfaitement stabilisé sur une hauteur de 1,5 m environ. Des cerclages en fibres végétales, répartis par hauteurs de cinq couches d'épis, maintiennent solidairement l'ensemble. Un toit en paille, débordant largement le stock, assure une protection efficace contre la pluie (cf. figure A.1) 1/.

Le Bliva, dont le diamètre (1,5 à 2,5 m) varie selon le volume de la production, est généralement refait tous les ans.

Le battage du mais qu'on prélève du Sagada, ne concerne que la part de production destinée à l'autoconsommation.

Dans le Borgou, les épis de maïs déspathés sont transportés au village, soit à pied soit en charrette. Puis ils sont traditionnellement stockés dans des greniers en paille, nommés Sassarou en Bariba (cf. figure A.2). Cependant, suite à l'intensification des cultures, le temps manque pour confectionner un nombre suffisant de greniers, d'autant plus que ceux-ci doivent être renouvelés tous les deux ans. De ce fait, l'utilisation de petits locaux en banco, appelés magasins, devient une pratique courante (cf. figure A.3).

Pour le battage, deux cas sont à considérer suivant qu'il s'agit de grain destiné à la vente ou bien destiné à l'autoconsommation. Dans le premier cas, le grain est battu par les hommes à l'aide de fléaux, les sous-produits obtenus étant vannés par les femmes. Les villageois considèrent qu'il n'y a pratiquement pas de pertes lors de cette opération, car les grains éparpillés sont récupérés manuellement. Le produit est alors stocké en sacs, en attendant la vente à l'ONC ou sur les marchés locaux.

Dans le second cas, le maïs destiné à l'autoconsommation est battu par les femmes puis stocké dans divers types de récipients, à l'intérieur des habitations.

2.2 Sorgho

La culture du sorgho ne concerne ici que la province du Borgou.

2.2.1 Séchage

Le séchage du sorgho a lieu essentiellement sur pied et dure deux à quatre semaines. Cependant, dans les zones à agriculture intensive, les activités agricoles en novembre sont multipliées et entraînent un goulot d'étranglement dans le système post-récolte. Il en résulte un report: de la récolte du sorgho, parfois jusqu'en décembre, ce qui entraîne des pertes importantes dues aux attaques d'oiseaux et à l'égrenage des épis.

Lorsque la récolte est faite en temps opportun, c'est-à-dire environ après 15 jours de séchage sur pied, les agriculteurs considèrent que les pertes en cours de séchage sont minimes (1%). En revanche, si la récolte est différée ou trop retardée, les pertes pour cause d'égrenage ou de dégâts d'oiseaux peuvent atteindre, toujours aux dires des paysans, jusqu'à 16%.

2.2.2 Stockage

Contrairement à ce qui se passe pour le mais, la production de sorgho est entièrement destinée à l'autoconsommation. Toute la récolte est stockée en épis dans des greniers en fibres végétales. La femme prélève du grenier la ration nécessaire à une ou plusieurs semaines de consommation, et la bat sur le sol à l'aide d'un fléau. Les pertes imputables au battage sont estimées à environ 2% par les femmes, qui considèrent néanmoins que ces pertes sonttotalement récupérées par la volaille. En attendant la consommation familiale, le grain battu est conservé dans divers types de récipients, toujours situés à l'intérieur des habitations (jarres, pots, sacs, calebasses, etc.).

2.3 Haricot

Dans la province du Mono, le haricot est récolté gousse par gousse dès la maturité. Le séchage des gousses a lieu dans la cour de la concession, à même le sol. Pour éviter les reprises d'humidité pendant la nuit, tout le produit est rentré dans les habitations, et le séchage continuera ainsi pendant trois jours. La récolte est alors conservée en gousses dans des Sagada.

Dans le Borgou, le haricot est séché sur pied pendant environ deux semaines. Toute la récolté est destinée à l'autoconsommation. Elle est:stockée en gousses dans des greniers végétaux à l'intérieur de la concession, ou même dans les champs. Au fur et à mesure des besoins, la femme prélève la ration nécessaire pour la préparation culinaire.

2.4 Dégâts et pertes

Dans la zone visitée du Mono, le projet: a constaté d'importantes attaques d'insectes dans les stocks, principalement à l'intérieur des Sagada. Ces attaques commenceraient au champ dès avant la récolte. La présence de Sitophilus, mais aussi de Prostephanus truncatus, a été remarquée dans la plupart des greniers observés. L'infestation par ce dernier ravageur très redouté proviendrait du Togo, tout proche, où sa présence a été signalée depuis près de deux ans.

Selon le groupe de paysans interrogés, les pertes dues aux insectes dans un Bliva au bout de six mois de stockage, seraient de l'ordre de 2 à 3%; celles dues aux rongeurs, de 3%. A cela s'ajoutent des pertes que les agriculteurs considèrent comme plus importantes, à savoir les pertes au battage, consécutives aux déprédations d'insectes. En effet, lors du battage, les grains attaqués deviennent irrécupérables, entraînant une perte, sur du mais stocké depuis trois mois, qui peut atteindre 15% (toujours d'après les paysans).

Dans le Borgou, le mais est déjà infesté par les insectes au moment de la récolte, alors que pour le sorgho l'infestation n'est apparente qu'au bout de cinq à six mois de stockage, soit au début de l'hivernage (en mai). A cette période, l'infestation sur le mais est considérée par les paysans comme déjà sérieuse. Sur le sorgho, cette infestation ne devient importante qu'à partir de huit à neuf mois, en août. Quant au haricot, l'infestation est déjà importante au bout d'un mois. Pour les paysans interrogés, le degré d'infestation est lié à la personne même s'occupant du stockage: "certains, disent-ils, ont la bonne main, et d'autres pas". Dans ce dernier cas, après 12 mois de stockage du sorgho, les pertes dues aux insectes sont estimées à 5% alors que celles imputables aux rongeurs sont de l'ordre de 10%.

2.5 Techniques de préservation

2.5.1 Traditionnelles

Dans le Mono, du moins dans la zone visitée, la seule technique locale de préservation consiste à disposer des feuilles de neem entre des couches d'épis de mais de 20 cm d'épaisseur environ. Cette technique n'est maintenant appliquée que par les paysans qui n'ont pas les moyens de se procurer les pesticides chimiques.

Dans le Borgou, ces techniques sont peu évoluées comparativement à celles observées dans d'autres régions. Pour les céréales, elles consistent principalement à saupoudrer de cendre les épis stockés dans les greniers, mais les villageois considèrent que cette technique est peu efficace. Les épis de maïs réservés pour la semence sont suspendus à l'intérieur des habitations pour bénéficier de la fumée protectrice des feux domestiques. Certains paysans font brûler du piment sous la base du grenier pour chasser les rongeurs.

Les gousses de haricot destinées à l'autoconsommation sont elles aussi traitées avec la cendre, en saupoudrage. Mais le haricot destiné à la semence est conservé en grains mélangés à de la cendre, et stocké dans des jarres ou des pots en argile fermés hermétiquement.

Dans les zones à production intensive, ces diverses techniques ont tendance à disparaître au profit des insecticides chimiques, considérés comme plus efficaces.

2.5.2 Insecticides chimiques

Dans le Mono, l'insecticide vulgarisé par les services du CARDER est le Pirimiphos-méthyl en poudre (à 2% de matière active). Cependant, les agriculteurs lui préfèrent le décaméthrin en formulation liquide, ou encore l'aldrine (DDT), qui sont moins coûteux parce que vendus par les mêmes services à des prix subventionnés pour le traitement de la culture du coton.

Dans le Borgou, l'utilisation de l'Actellic en poudre, à 2% de matière active, n'est répandue que dans les zones encadrées pour la production cotonnière. L'Actellic, qui est commercialisé en sachet de 50 g à raison de 130 FCFA le sachet, est appliqué sur des couches successives de mais (environ 20 cm d'épaisseur), à la dose de 50 g par 100 kg de produit stocké.

Les agriculteurs qui pratiquent cette technique de préservation semblent bien la maîtriser, grâce aux conseils des agents d'encadrement du CARDER.


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