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Le traitement des céréales par les insecticides de contact
Les
traitements des locaux
Le
traitement des surfaces
Le
traitement des volumes
Le
traitement direct des grains
Patrick GARAUD
Robert LOCKMAN
Alain ROUSSEAUX
La protection des denrées stockées et des locaux de stockage contre les insectes à l'aide d'insecticides de contact constitue une technique très ancienne puisque de tout temps on a utilisé des adjuvants divers tels que cendres, herbes sèches...
Les insecticides de contact agissent par leurs résidus qui résultent de leur incorporation dans la denrée ou du dépôt sur les murs des locaux.
Sur grain, leur efficacité est dans la plupart des cas, longue car il est suffisamment sec pour ne pas induire des réactions d'hydrolyse très fortes et la lumière n'intervient qu'en surface. La persistance d'action peut donc aller jusqu'à 6-12 mois.
Le traitement des locaux présente deux aspects : le traitement des espaces libres, dit «traitement des volumes» qui ne concerne que les insectes touchés directement par les gouttelettes des produits mis en uvre ; le traitement des surfaces, quant à lui, utilise au mieux les insecticides de contact puisque l'ensemble des insectes va passer à un moment ou à un autre sur la surface traitée avec l'insecticide.
Dans tous les cas, il est nécessaire de nettoyer l'intérieur des locaux, qui auront été préalablement désinsectisés, et leurs abords, ainsi que tous les matériels de manutention.
Il est absolument nécessaire d'éliminer les déchets, après avoir exterminé les insectes au moyen d'un insecticide.
Un simple balayage ou un nettoyage superficiel n'est pas suffisant. Il est souhaitable d'utiliser des moyens industriels adaptés selon le cas, tels que nettoyeur à haute pression, aspirateur à poussière, etc...
Le traitement à l'aide d'un insecticide approprié est impératif, y compris dans les locaux neufs, n'ayant jamais reçu de céréales. Le traitement des surfaces est nécessaire même si ultérieurement le refroidissement du grain peut être obtenu (voir Ventilation de refroidissement p. 19) il est aussi utile que le traitement direct des grains.
Par surface, il faut entendre, non seulement les surfaces entrant en contact avec le grain, sois, murs, mais aussi tous les supports à proximité pouvant receler des foyers d'infestation.
Ce traitement doit se faire par pulvérisation avec un insecticide à persistance d'activité, homologué à cet effet.
Il faut respecter les préconisations données par le fabricant ; celles-ci prennent en compte la capacité d'absorption des supports et obligent le plus souvent à moduler les doses et le taux de dilution, pour les produits concentrés à diluer.
- Pulvérisateur agricole classique.
- Pompe à dos.
- Pulvérisateur à pression préalable.
Les insecticides appliqués sont des concentrés émulsionnables ou à défaut des prêts à l'emploi (dans ce cas il faut vérifier la qualité des joints du matériel d'application) à persistance d'action, contenant les matières actives suivantes:
Seules ou associées avec un insecticide de choc comme le dichlorvos.
L'objectif de ce type de traitement est de diminuer la population d'insectes adultes et des larves présentes.
Il constitue un complément au traitement des surfaces, qui permet d'atteindre les parties très hautes ou masquées, qui ne peuvent être traitées par une pulvérisation.
Ce mode de traitement est recommandé pour des locaux ayant déjà reçu des céréales.
Son efficacité sera d'autant plus grande que le local aura la capacité à retenir l'insecticide dans son atmosphère, pendant une durée suffisante pour agir, le temps de contact nécessaire pouvant varier de 1 à 6 heures selon la finesse du brouillard et la température.
Ces appareils transforment les produits insecticides en particules ultra-fines de 0.3 à 1 micron par injection sur l'échappement d'un moteur à explosion.
Malgré une bonne diffusion, ce système a le défaut de brûler une partie des matières actives et d'être d'un entretien délicat.
Dans ce cas, les matières actives ne sont pas altérées mais les particules sont plus grosses (entre 9 et 30 microns).
Les appareils à turbocompresseurs permettent d'atteindre des hauteurs beaucoup plus importantes (30 mètres).
Dans ce cas, il est recherché un effet de choc avec les matières actives suivantes :
Dans tous les cas, il faudra vérifier que les produits sont homologués pour ces usages.
Le traitement direct des grains
Même si les mesures précédentes ont été parfaitement observées, le traitement direct des grains est nécessaire, si le grain ne peut être refroidi (voir ventilation de refroidissement P. 19).
Dans un stockage à plat, il est techniquement impossible, une fois la marchandise stockée, de la reprendre pour effectuer un traitement rationnel et économique. Pour ces raisons, il est impératif de traiter de la façon suivante :
Le traitement doit être effectué préventivement dès le premier grain et sur la totalité des céréales entrant dans le silo, avec des matériels et des produits adaptés.
Les grandes quantités de liquide à mettre en uvre (mélange concentré émulsionnable avec eau) restreignent son utilisation.
Toutefois cette méthode est recommandée pour traiter sur les tapis ou en bout de vis.
Les matériels de pulvérisation comprennent:
- Une cuve de mélange eau + produit.
- Une pompe réglable.
- Un circuit de pulvérisation.
- Une buse de pulvérisation.
En général, les quantités de liquide à appliquer sont de l'ordre de 100 l. sur 100 tonnes.
Les produits recommandés sont des insecticides à longue persistance d'action contenant les matières actives suivantes :
- Chlorpyriphos méthyl.
- Deltaméthrine.
- Pirimiphos méthyl.
Pour une rémanence souhaitée de durée moyenne, on peut utiliser le malathion.
Méthode pratiquement exclusive en France.
Ce procédé consiste à enrober le grain en mouvement d'un brouillard extrêmement fin, assurant une répartition homogène de l'insecticide.
La nébulisation se fait avec des insecticides formulés "prêts à l'emploi".
Les formulations sont "éclatées", dispersées en particules de 2 à 20 microns (selon la pression d'air et les débits demandés) grâce à leur injection simultanée, avec de l'air comprimé, dans le corps de buses spécialement conçues.
Dans la pratique, il convient de s'assurer du respect de ces conditions d'emploi en fonction du matériel de manutention existant.
C'est le matériel de manutention le mieux adapté à la nébulisation. Le traitement s'effectue, soit en pied, soit en tête d'élévateur : dans tous les cas, à un point d'éclatement du grain, dans un endroit bien clos, tel que boîte de chute, à un point où le flux de grain est «éclaté».
Le traitement doit s'effectuer à la goulotte que l'on équipera d'un caisson pour confiner au maximum le point de traitement.
C'est le moyen de manutention le plus souvent utilisé. On s'appliquera à effectuer un traitement homogène, soit en bas (s'il y a de la place au niveau de la chute de la trémie dans la sauterelle) ou mieux en haut en bout de tapis (en respectant les mêmes règles que pour la vis).
Nota: Dans le cas d'un mauvais confinement du point de traitement, il est possible de diminuer, voire de supprimer l'air comprimé pour grossir les gouttelettes, afin de diminuer les pertes de produit.
Avec ces deux dernières manutentions, il est important de corriger les partes de produit par l'augmentation de la close appliquée, de façon à se rapprocher au plus près de la dose efficace préconisée par le fabricant, sans la dépasser.
Photo 3 : Traitement insecticide à la chute d'un transporteur à bande
Très important : Il est impératif que les premières bennes de camion passent par le point de traitement, afin d'éviter les sources d'infestations d'autant plus graves qu'elles sont difficilement accessibles et situées à la partie inférieure du tas.
Il est indispensable d'utiliser un matériel spécialement conçu pour la nébulisation comportant :
Photo 4 : Débimètre réglable pour le dosage des insecticides appliqués sur le grain.
Il existe différents types de matériels de nébulisation.
L'ensemble est conçu de telle sorte que l'air comprimé injecté crée une dépression qui aspire le produit lequel s'écoule ensuite par siphonnage, d'où la nécessité de placer le bidon de produit insecticide à un niveau plus haut que le point de traitement.
Dans ce type d'appareil, un débitmètre à flotteur (ou à bille) régule la dose d'insecticide.
Photo 5 : Détail de la buse à air comprimé pour la nébulisation d'insecticides sur le grain
L'ensemble de nébulisation est conçu différemment et l'air comprimé ne crée pas de dépression.
Le produit insecticide est poussé en général au moyen d'une pompe.
Le réglage du débit s'effectue:
- Soit au niveau de la pompe lorsqu'il s'agit d'une pompe doseuse.
- Soit avec une vanne en réglage couple à un débitmètre, lorsqu'il s'agit d'une pompe classique.
Pour tous les types de matériels, il faut respecter les modes d'emploi et indications d'installation indiqués par chaque fabricant.
Compte tenu d'une part, de la durée de conservation, et d'autre part de la difficulté de pré-manutentionner les céréales en cours de stockage, il est impératif d'utiliser des insecticides rémaments. Les matières actives répondant à ces caractéristiques, autorisées à la vente en France, sont les suivantes :
Dans certains cas on peut utiliser une matière active à persistance d'activité plus courte, comme le malathion.
Ces matières actives rentrent dans la composition de spécialités commerciales. Il est recommandé de se conformer aux préconisations des fabricants pour leur bonne utilisation.
Pour finaliser le traitement, il convient de traiter de façon périodique le dessus du tas, ainsi que les parties non protégées par une pulvérisation de produit insecticide rémanent.
Nota: Attention aux surdosages provoquant une augmentation des résidus d'insecticides pouvant dépasser la norme de tolérance et rendre le grain impropre à toute consommation et faire l'objet d'une procédure judiciaire par le Service des Fraudes.
Ceci doit être accompagné par un contrôle régulier de la présence d'insectes dans la céréale stockée.
Enfin, pour une bonne réussite de ces traitements, il est très important que les personnes soient formées au traitement, au suivi, au contrôle et à l'observation des précautions d'emploi inhérentes à l'application de ce type de produits. Celles-ci sont préconisées par les fabricants.