Table des matières - Précédente - Suivante


Back to Home Page of CD3WD Project or Back to list of CD3WD Publications

Chapitre V - Stockage en sacs

5.1. Conception des magasins
5.2. Les matériaux de construction
5.3. Équipements des magasins
5.4. Stockage en magasins souples
5.5. Gestion des magasins
5.6. Magasins réfrigérés

 

Selon la destination du produit, le stockage sera implanté sur les lieux de production, près des centres de commercialisation, près des centres de transformation, près des centres d'exportation.

Dans tous les cas, la question se pose de savoir s'il faut stocker en vrac ou en sacs. Après une phase transitoire au cours de laquelle stockage en vrac et stockage en sacs ont coexisté, les pays exportateurs de céréales stockent généralement en vrac.

Les pays en développement se trouvent dans la phase transitoire et les deux techniques y coexistent avec chacune leurs avantages et leurs inconvénients.

MAGASINS DE SACS

La solution de stockage en sacs en magasins est la plus fréquemment utilisée, car elle permet d'employer des bâtiments existants et, dans le cas de constructions neuves, exige un investissement plus faible que le stockage en vrac.

Les principaux facteurs de dégradation des stocks sont, nous l'avons vu, la température, l'humidité et les différents déprédateurs (insectes, rongeurs, oiseaux). Les magasins doivent être conçus et gérés de façon à limiter l'influence de chacun de ces facteurs.

Nous énumérons ici les points principaux sur lesquels le responsable de la construction d'un magasin doit se pencher pour préparer son projet:

- choix du site - exposition,
- dimensions du magasin - nombre d'ouvertures,
- construction: plancher
  murs
  toiture
  ouvertures (portes, fenêtres),
- équipements.

5.1. Conception des magasins

5.1.1. Choix du site. Exposition
5.1.2. Conception des magasins
5.1.3. Principes de construction

 

5.1.1. Choix du site. Exposition

- Le choix du site est un facteur très important de réussite. Le sol de fondation doit être stable pour éviter que le bâtiment ne se fissure ou qu'il soit nécessaire de prévoir des fondations spéciales toujours coûteuses. L'avis d'un organisme spécialisé (Génie rural, Travaux publics) doit être demandé avant de fixer le choix de l'implantation.

La topographie des lieux est également à prendre en compte. On évitera les zones basses, inondables, pour leur préférer un point haut, d'où les eaux de pluie s'évacuent facilement, mais d'accès facile, en gardant à l'esprit qu'il faut prévoir des voies d'accès ouvertes par tous temps et pouvant supporter des véhicules lourds.

L'implantation devra donc se faire près des voies de communications (axe routier).

Il faut enfin tenir compte des réseaux d'électricité et d'eau s'il est prévu que le magasin en soit équipé.

- Pour limiter l'élévation de température produite par le rayonnement solaire en zone tropicale, le bâtiment doit être orienté est-ouest dans le sens de la longueur, c'est-à-dire qu'il ne présentera au rayonnement du matin et du soir que ses pignons, les façades étant orientées nord-sud et protégées pendant la journée (au moment où le rayonnement est le plus intense et proche de la verticale) par les débordements de la toiture. L'absorption maximum de chaleur se fait par le toit, car les rayonnements obliques sont peu intenses et s'appliquent sur des surfaces réduites. Les façades étant ombragées, la conduction par les murs n'a que peu d'importance, les températures intérieure et extérieure étant peu différentes.

En climat chaud et humide, les constructions lourdes ayant une grande inertie thermique ont moins d'intérêt qu'en climat chaud et sec. L'inertie thermique est intéressante pour conserver le mieux possible la fraîcheur de la nuit dans la mesure où l'écart de température diurne est élevé.

Dans le cas des climats chauds et humides à faible écart diurne, la construction lourde ne s'impose donc pas, à moins qu'un conditionnement d'air ne soit prévu.

Il a cependant été constaté, en Côte d'ivoire, pour des magasins de stockage de cacao, que des constructions lourdes avec toitures en béton permettent d'emmagasiner de la chaleur dans la journée, ce qui abaisse l'humidité relative à l'intérieur du magasin. Pour compléter cette action les portes sont ouvertes pendant les heures les plus chaudes de la journée.

L'orientation du magasin doit être telle que les portes opposées soient dans l'axe des vents dominants. Cette orientation est toutefois moins impérative que l'exposition au soleil, car la direction des vents dominants est souvent imprécise, d'une part, et certains travaux indiquent que l'air pénètre mieux dans les ouvertures faisant un angle de 45°C avec la direction du vent, d'autre part.

5.1.2. Conception des magasins

5.1.2.1. Dimensions

Pour calculer les dimensions du magasin, il faut tenir compte non seulement du tonnage et du volume spécifique de la (ou des) denrée(s) à stocker, mais également du coefficient d'utilisation du volume offert compte tenu de la nécessité de prévoir des espaces libres pour la manutention, l'individualisation des tas, la facilité d'inspection et de fumigation. Enfin, pour les magasins ayant une certaine importance, il est nécessaire de prévoir en annexes: une aire de travail, une remise pour les matériels et un bureau...

Surface au sol

Tonnage à stocker

Le volume spécifique des principales denrées stockées en sacs est le suivant:

• Mil souna 1,25 m³/t
• Pois, haricots, lentilles 1,3 m³/t
• Blé, riz usiné, café 1,6 m³/t
• Maïs, sorgho, arachide décortiquée, palmistes 1,8 m³/t
• Soja, cacao 2 m³/t
• Farine de blé, farine de maïs 2,1 m³/t
• Graines de coton. 2,5 m³/t

Hauteur des tas

Cette hauteur est fonction du produit à stocker, par exemple pour des farines on limite celle-ci à 20 lits de sacs pour éviter une compaction des niveaux inférieurs alors que, pour les céréales en sac jute, on peut stocker sur 30 lits et plus. Elle est également fonction du type de sac utilisé, et de la qualification du personnel.

Avec du sac polypropylène tissé ayant tendance à glisser, la hauteur est souvent limitée à 3 mètres alors qu'elle dépasse 5-6 mètres avec du sac en jute.

5.1.2.2. Coefficient d'utilisation du volume offert

- Individualisation des tas

La meilleure utilisation du volume offert est naturellement obtenue en stockant en un seul tas. Ceci est rarement possible en pratique et n'est d'ailleurs pas à recommander. Le chef de magasin est souvent conduit à indivisualiser les lots selon la nature des produits (voire même leurs variétés), leur destination, etc. D'autre part une individualisation du stock peut faciliter la gestion et permettre un meilleur contrôle des denrées stockées.

A cet effet on doit prévoir:

• un écartement de 1 m environ entre les piles de sacs et les murs qui servira d'allée d'inspection et dé' traitement;

• des couloirs de manutention de 3 à 4 m de largeur. Dans les magasins importants (prévoir au moins un grand couloir central);

• au-dessus des tas, une hauteur telle qu'un homme puisse se tenir debout en tout point du tas. En pratique réserver 1 m au-dessous du faite des murs.

- Proportions

Pour faciliter le travail et la gestion des stocks, il est souvent judicieux de retenir pour le magasin une forme rectangulaire en cherchant à avoir une longueur double de la largeur.

5.1.2.3. Exemple de calcul des dimensions

Déterminer les dimensions d'un magasin devant stocker 1000 t de mais en sac jute en 4 lots.

Le volume du stock de mais sera, d'après le volume spécifique donné précédemment: 1000 t x 1,8 m³/t = 1800 m³.

Si l'on prévoit de stocker sur une hauteur de 5 m, la surface au sol sera de: 1800/5 = 360 m².

Pour se rapprocher des proportions telles que Longueur L @ 2 l (largeur) on détermine approximativement 1 par:

surface = L x l = 2 l² = 360 m² d'où l = 13,4 m

Retenons par exemple l = 12 m

La surface occupée par le produit étant de 360 ml, la longueur sera de: 30 m.

Nous pouvons maintenant «éclater» ces 4 lots en prévoyant par exemple:

- une allée centrale de manutention de 3 m de large,
- une allée perpendiculaire de 2 m de large,
- une allée d'inspection sur le pourtour de 1 m de large.

Figure

Le schéma est alors le suivant

Les dimensions du magasin seront:

Largeur l = 1 m + 6 m + 3 m + 6 m + 1 m = 17 m
Longueur L = 1 m+ 15 m + 2 m + 15 m + 1 m = 34 m

soit une surface au sol de 578 m².

La hauteur des murs sera de 5 m + 1 m = 6 m.

Le pourcentage d'utilisation du magasin sera:

Ce calcul théorique permet une bonne approche des dimensions à préconiser; le choix définitif sera fixé compte tenu des dimensions standard de construction.

5.1.2.4. Locaux annexes

Dans la pratique il est courant de constater que l'occupation du sol telle que nous l'avons définie dans l'exemple précédent n'est pas réalisée. Le magasin limité à «quatre murs et un toit» n'est pas une structure fonctionnelle car, faute de place, il doit abriter le bureau du magasinier, la (ou les) bascule(s), le stock de sacs, les bâches, les appareils et produits insecticides, voire le matériel de nettoyage. Il en résulte souvent une impossibilité pratique pour le magasinier de gérer sainement son stock et d'éviter les réinfestations de lots préalablement traités.

Dans les centres importants comprenant plusieurs magasins, il est possible de prévoir un bâtiment de «Services» abritant au minimum: un bureau de 15 à 20 m² (suffisant pour servir au besoin de petit laboratoire), un dépôt pour la sacherie et les bâches, un dépôt pour les produits insecticides, une aire de travail pour le stockage transitoire de lots à fumiger ou reconditionner, et éventuellement un équipement de nettoyage (nettoyeur-séparateur), traitement et réensachage. Trop souvent ces matériels sont mis en place après la conception du projet et sont mal implantés, en sorte que leur utilisation est difficile et souvent abandonnée.

Dans le cas de magasins isolés d'une certaine importance, il est relativement peu onéreux de réaliser cette aire de services en prévoyant un appentis non bardé (sauf pour le bureau) en long pan du magasin.

En reprenant l'exemple précédent la disposition des différentes annexes peut se faire en fonction des circuits de grains.

Fig. 98: Schéma possible pour magasin important.

5.1.3. Principes de construction

5.1.3.1. Fondations

Si possible éviter la construction sur des terrains argileux instables (glaise) ou des terrains remblayés. On devra dans tous les cas atteindre le bon sol qui devra présenter une résistance à la pression supérieure à 1,5 kgf/cm'.

Les fondations, qui forment l'ossature de base du bâtiment, seront constituées de «plots» en béton au droit des poteaux reliés entre eux par des semelles filantes.

5.1.3.2. Sol

Le sol du bâtiment est généralement constitué d'une dalle de béton reposant sur un lit de pierres ou autres matériaux concassés, correctement compactés; cette couche de base étant recouverte d'un lit de sable. Entre la dalle et ce sol préparé est placé un écran imperméable à l'eau et à la vapeur d'eau qui peut être constitué soit par des couches de bitume ou d'asphalte étendues à chaud, soit par un feutre bitumé, soit encore, comme c'est généralement le cas, par un film de matière plastique (film polyane).

La dalle elle-même est faite de béton armé. Elle doit comporter des joints de dilatation de façon à éviter d'éventuelles fissurations toujours difficile à contrôler.

La dalle est recouverte d'une chappe de béton de quelques centimètres, lissée et dans laquelle on peut incorporer un durcisseur. Dans certains cas la dalle porteuse est prévue sur vide sanitaire; cette solution, qui nécessite un ferraillage important, est souvent très onéreuse.

Enfin, l'option magasin surélevé de 1,20 m peut également être envisagée; elle est intéressante dans son principe car elle facilite les manutentions entre le magasin et les véhicules de transport (pour autant que les quais de chargement et de déchargement soient à la bonne hauteur car sinon on aura, au contraire, créé une contrainte supplémentaire). Cette solution est également chère, elle peut entraîner un surcoût d'environ 40% de la construction.

5.1.3.3. Élévations

On distingue d'une part, l'ossature constituée par les poteaux, le chaînage bas et le chaînage haut, et d'autre part, les murs qui constituent un remplissage entre les éléments de cette ossature.

Dans beaucoup de cas l'ossature est réalisée en béton armé.

Les poteaux qui soutiennent le bâtiment en reprenant toutes les forces sont reliés entre eux par un chaînage bas, lui-même solidaire du plancher, et par un chaînage haut qui renforce la structure et sert de base à la fixation de la charpente. Lors de la construction, il faut veiller à la bonne attache entre elles des différentes parties de l'ossature: fondations-poteaux -poteaux-chaînages, et vérifier notamment le bon recouvrement des fers.

Enfin, si les poteaux doivent présenter des saillies (poteaux plus larges que les murs), celles-ci seront toujours à l'extérieur du bâtiment de façon à avoir une paroi intérieure lisse qui facilite la manutention et l'entretien.

Les poteaux peuvent parfois être métalliques (IPN).

Les murs sont généralement montés en agglomérés de ciment creux (meilleure isolation) de 15 à 20 cm d'épaisseur. Ils doivent recevoir sur les deux faces un enduit lissé. Cet enduit sera lui-même recouvert de peinture claire.

Par exemple

- intérieurement: peinture vinylique ou glycérophtalique,
- extérieurement: peinture à la chaux.

Enfin, pour faciliter l'entretien du magasin, il est nécessaire que la liaison mur-sol soit arrondie.

Les parois lourdes en maçonnerie ont l'avantage de présenter de bonnes propriétés thermiques.

Dans certains cas cependant, le bardage du bâtiment est en matériaux légers:

- fibrociment : matériau fragile,
- tôle galvanisée : il faut une couche de zinc suffisante pour résister à la corrosion,
- tôle d'aluminium : légères et solides, elles peuvent être exposées à des risques de corrosion d'origine électrolytique au contact d'autres métaux ou de béton humide.


5.1.3.4. Couverture

- La charpente

Souvent en treillis métallique, elle est constituée de barres en fer profilé. Généralement des fermes, croisillonnées sont constituées de fers cornières, l'assemblage se faisant à l'aide de boulons ou rivets. Il est nécessaire de bien respecter le principe de la triangulation. Les pannes sont des IPN. Les charpentes métalliques permettent des portées plus grandes que les fermes en bois.

Des pannes métalliques permettent des espacements entre fermes (travée) de 7 à 8 m, alors que l'on est limité à 4-5 m avec le bois.

Cette charpente métallique repose sur des poteaux en fer ou des poteaux en béton armé.

Il existe également des fermes portiques métalliques regroupant poteaux et charpente, mais elles sont rarement disponibles localement.

Fig. 99: Ferme cadre.

Fig. 100: Ferme portique.

- La toiture

Elle peut être réalisée en plaques de fibrociment (bon isolant thermique, mais fragile), en tôles d'acier galvanisé ou en tôles d'aluminium (fort pouvoir réfléchissant). Le débordement du toit doit être de 1 m en pignon et, en long pan, d'une largeur telle qu'il permette une protection des ouvertures de ventilation (1 m et plus).

L'éclairement naturel par plaques translucides en toiture est déconseillé en raison des risques d'échauffement ponctuel de la surface du stock. Pour limiter les condensations il est parfois recommandé de mettre un isolant, cependant, en cas de fuites du toit, cet isolant empêche de situer correctement leur origine.

5.1.3.5. Ouvertures

- Portes

Elles doivent être correctement réparties en fonction des circuits de grains envisagés. Dans la mesure du possible (notamment pour les grands magasins) il faut disposer d'au moins deux portes pour pouvoir appliquer aisément le principe «premier entré - premier sorti», pour la gestion des stocks.

D'autre part, pour faciliter les contrôles, il est intéressant d'avoir les portes situées sur un même côté de bâtiment, par exemple deux portes sur un même long pan.

Ces portes doivent avoir des dimensions suffisantes (l = 3 m; h = 2,5 m au minimum). Le type de porte conseillé est celui des portes métalliques à battants s'ouvrant à la française. Métalliques, car plus résistantes, et à battants car permettant une bonne fermeture. Les portes coulissantes sont en effet à l'origine de nombreux problèmes: vrillage facile, mauvaise fermeture créant toujours entre l'encadrement et la porte un jour important, laissant le passage libre aux insectes et aux rongeurs.

Pour éviter une perte de volume utile, il faut prévoir leur ouverture vers l'extérieur du magasin.

Les portes doivent également être surmontées d'un auvent avec gouttières pour les protéger et permettre les manutentions par temps de pluie.

- Ouvertures d'aération

Pour éviter des problèmes d'entrée d'eau, de rongeurs, de vol, etc., les aérations basses disparaissent. L'expérience montre en effet que ces ouvertures basses présentent dans la pratique beaucoup plus d'inconvénients que d'avantages.

Les ouvertures de ventilation, placées au faîte des murs en long pan, doivent être largement dimensionnées, (1 m² par travée), protégées des pluies par le débordement du toit et obturables par volets simples rabattables. Enfin, elles doivent être équipées de grillage antioiseaux (maille de 20 mm), extérieur, et de grillage moustiquaire (maille 1 mm) fixé sur cadre en bois amovible (pour permettre le nettoyage) et placé au moins 10 cm en retrait du précédent.

On évitera les ouvertures en laitière, toujours difficiles à mettre en œuvre ainsi que les aérateurs statiques à commande par chaîne qui deviennent souvent très rapidement inefficaces par manque d'entretien dû à une accessibilité difficile.

5.1.3.6. Aménagement

Il faut prévoir une concession vaste et enclose autour du magasin. Les camions doivent pouvoir accéder aux portes du magasin en toute saison.

Les abords du magasin doivent être protégés contre les eaux du ruissellement par un fossé régulièrement entretenu.

5.1.3.7. Note importante

Tous les calculs de dimensionnement du magasin doivent être faits par des spécialistes (Génie civil - béton armé...) et au niveau de la construction, il est primordial de confier les marchés à des entreprises compétentes et de prévoir un financement (5 %) pour la surveillance effective des travaux.


Table des matières - Précédente - Suivante