The release of Teretriosoma nigrescens in Africa, in particular Togo, and follow up activities
Stratégie de lâchers et études de suivi de Teretriosoma
nigrescens au Togo
L'effet économique de la lutte
biologique-intégrée contre le Grand Capucin du Maïs, Prostephanus
truncatus (Horn) (Col.:Bostrichidae) dans
les systèmes de stockage, exemple pris au Togo
Possible lessons from the biological control of
the cassava mealybug Phenacoccus manihoti
for the biological control of Prostephanus
truncatus in Africa
Monitoring the Larger Grain Borer Prostephanus
truncatus and its predator Teretriosoma
nigrescens using pheromone baited flight
traps - latest developments
IIBC/NRI/KARI collaborative project on
biological control of Larger Grain Borer
Discussion
- fourth session
Stratégie de lâchers et études de suivi de Teretriosoma nigrescens au Togo
A. Biliwa, J. Boeye, H.U. Fischer and J. Helbig
SPV and GTZ, Lomé, Togo.
Si l'étude de l'efficacité de T. nigrescens se révèle concluante, la prochaine étape sera le lâcher du prédateur et de son suivi. Ce suivi permettra de mesurer certains paramètres liés à la méthode de lâcher, au comportement de T. nigrescens (migration et vitesse de dispersion).
1. PREPARATION DU MATERIEL BIOLOGIQUE
1.1. Multiplication de T. nigrescens
Pour la bonne réussite de la multiplication, il nous faut un rapport des populations de P. truncatus et T. nigrescens de 10/1. La génération F1 peut être obtenue dans un délai de 2 mois.
Notre cage d'expérimentation contient présentement une population de T. nigrescens évaluée à 30.000 imagos.
1.2. Collecte de Teretriosoma nigrescens
Des quatre lieux de lâcher, trois seront fournis de 5.000 imagos chacun. Le quatrième représente l'endroit d'élevage (Cacaveli). Nous avons donc besoin de 15.000 T. nigrescens en total. Pour obtenir la population de T. nigrescens requise, ii faut procéder à l'égrenage, tamisage et ramassage des adultes à l'intérieur de la cage d'expérimentation. Trois (3) personnes sont requises car on estime qu'une personne peut trier 1.000 T. nigrescens par jour. Les adultes ramassés sont conservés dans des boites en verre contenant des fragments de maïs, afin d'éviter le cannibalisme. Nous avons prévu 1.000 adultes par boîte. Après cette collecte les déchets et le reste du maïs seront fumigés. Les rafles et les spathes seront brûlés. Le transport des insectes aux lieux des lâchers se fera dans les boites et en voiture.
2. LACHER
Il est prévu de réaliser deux types de lâchers:
Des lâchers expérimentaux: c'est la première libération de T. nigrescens dans la nature en quatre localités. Ces lâchers serviront à l'étude de certains paramètres relatifs au comportement de T. nigrescens dont notamment le phénomène de migration, la distance d'attraction par le phéromone etc.
Des lâchers généralises qui couvriront toute l'étendue du territoire national. Ils se feront un an après les lâchers expérimentaux.
2.1. Lâchers expérimentaux
2.1.1. Lieux:
Cacavéli représente un point Un deuxième point sera choisi dans la région Maritime, dans un village au nord-ouest d'Ahépé ou au sud de Notsé, le troisième point se situera dans un village des environs de la ville d'Atakpamé dans la région des Plateaux. La région des Savanes accueillera le dernier point de lâcher dont l'objectif est d étudier la distance d'attraction du piège à phéromone sur T. nigrescens.
Comme critères de choix des localités de lâchers (excepté Cacavéli) sont arrêtés: tous les villages choisis pour les lâchers doivent être situés à l'intérieur du pays, loin des frontières et dans les zones fortement infestées par P. truncatus. En plus l'accès facile dans toutes les directions est indispensable.
La division des interventions et la Vulgarisation (section stockage) et le Service Régional de la Protection des Végétaux des Plateaux à Atakpamé sont chargés de sensibiliser au préalable la population des villages choisis.
2.1.2. Période et méthode de lâcher
Les lâchers s'exécuteront après la conférence internationale des 5 et 6 novembre 1990, probablement en décembre 1990 ou janvier 1991. La libération de T. nigrescens se fera le matin et l'on suivra toute la journée. Pour cette libération des insectes, le contenu de chaque boîte sera vidé dans un plateau d'ou T. nigrescens s'envolera librement. Les adultes qui ne s'envoleront pas seront dénombrés en fin de journée.
2.1.3. Les évaluations
Au niveau des lieux de lâchers on choisit 10 greniers à maïs qu'on recouvre de gaze blanche. On compte d'abord le nombre de T. nigrescens qui se posent sur le tissu couvrant chacun des 10 greniers, puis on les introduit dans le grenier. Un aspirateur sera utilisé pour la prise de chaque insecte avant son introduction sous la gaze. Cette opération est faite à chaque heure à partir du temps de lâcher et cela pendant 2 à 3 jours. La nuit on observera par moment ce qui se passe sur les 10 greniers.
Les 2 ou 3 greniers les plus frequentés par T. nigrescens vont être achetés aux paysans afin d'y effectuer certaines évaluations: les dégâts, les pertes, les populations des différents ravageurs et du prédateur T. nigrescens. Plus tard, quelques champs de maïs non encore récoltés vont être prospectés pour la présence du prédateur.
2.2 Lâchers généralisés
Cc lâcher qui représente le vrai lâcher de lutte nationale contre P. truncatus aura lieu un an après les lâchers expérimentaux.
Deux méthodes de lâcher sont prévues:
- libération de T. nigrescens dans la nature
- introduction de T. nigrescens dans les greniers à maïs des paysans. Une sensibilisation de la population des villages bénéficiant de ces lâchers sera effectuée. Deux sortes d'évaluation sont envisagées:
- examen visuel sur échantillons de maïs
- contrôle par utilisation des pièges à phéromone.
3. SUIVI DE T. NIGRESCENS
3.1. Pose des pièges à phéromone
Les pièges à phéromone vont être posés sur un rayon de 1 km autour du point de lâcher et de 5 km à partir de ces derniers pièges dans les quatre directions nord-sud, est-ouest. Ces pièges seront suivis quotidiennement pendant 14 jours.
3.2. Evaluation de 10 greniers à forte infestation
Au point de lâcher, 10 greniers fortement infestés de P. truncatus comme les 2 ou 3 greniers achetés vont faire l'objet d'une évaluation à partir d'un prélèvement d échantillon de 50 épis par grenier. Il est estimé qu'un homme évalue un échantillon de 50 épis en deux (2) jours. Une autre méthode plus rapide est susceptible de permettre l'évaluation d'un échantillon en un jour par un homme.
3.3. Evaluation de cinquante (50) greniers
Des échantillons de maïs seront pris dans 50 greniers des villages entourant le point de lâcher. Une évaluation visuelle sur place va constater la présence ou l'absence de T. nigrescens.
3.4. Evaluation de 10 greniers témoins
Dix (10) greniers témoins infestés par P. truncatus maïs non infestés par T. nigrescens sont choisis dans des villages plus éloignés. Des échantillons de 50 épis sont également prélevés. Les mêmes paramètres que ceux mentionnés ci-dessus sont pris en compte: dégâts. pertes, populations des différents ravageurs et population de T. nigrescens.
3.5. Fréquence des évaluations
Outre les évaluations du temps zéro (moment de lâcher) toutes les autres seront bimensuelles pour chaque point de lâcher.
4. ETUDE DU PHÉNOMENE DE MIGRATION DE T. NIGRESCENS
A cet effet, il sera installé un système de greniers comprenant: un grenier central de 600 kg de maïs bien infesté par P. truncatus. L'estimation de la population de P. truncatus est faite sur un échantillon de 50 épis. Ce grenier reçoit une population de T. nigrescens dans la relation 10/1. Cette infestation artificielle par le prédateur se fera au centre du grenier. A 10 m autour de ce grenier central, seront installés 8 autres de 300 kg chacun, bien infestés également par P. truncatus. Chacun des 8 greniers sera couvert de gaze blanche. Sur cette gaze blanche seront fixés des morceaux de canon devant servir de cachettes (logis) aux T. nigrescens qui arriveront sur ces greniers. Des observations se feront à chaque heure au cours des 2 premiers jours afin de voir si T. nigrescens migre sur ces greniers. Après elles se poursuivront tous les lundis, mercredis et vendredis aussi longtemps que cela sera nécessaire.
5. ESSAI SUR LA DISTANCE D'ATTRACTION DU PHÉROMONE
Cette expérimentation doit se faire dans une région non encore colonisée par T. nigrescens, assez plate et sans obstacles ou barrières sur de longues distances.
La région des savanes est choisie pour cet essai. Les pièges à phéromone seront installés aux distances suivantes: 50, 100, 250, 500, 1.000, 1.500 et 2.000 m. Les T. nigrescens marqués par couleurs fluorescentes seront lâchés. L'observation des pièges se fera tous les 2 jours.
6. PROSPECTIONS T. NIGRESCENS
Une première prospection, à une petite échelle se fera seulement dans les régions où les lâchers expérimentaux ont eu lieu. El le se fera en mars - avril 1992. Une grande prospection aura lieu en mars avril 1993. Elle couvrira toute l'étendue du territoire national. Ces deux prospections se feront à l'aide des pièges à phéromones.
P. Mutlu
GTZ, Porto-Novo, Bénin.
RESUME
Dans le cadre du suivi du projet «Lutte biologique-intégrée du Grand Capucin du Maïs», la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH a prévu une étude sur l'efficacité de l'antagoniste du Prostephanus truncatus, le Teretriosoma nigrescens. L'objectif est d'évaluer l'impact économique de l'antagoniste dans les systèmes traditionnels de stockage en milieu paysan. L'évaluation économique est basée sur le recensement de la réduction des pertes dans des exploitations-pilotes. Les résultats de ce recensement permettront le calcul de la rentabilité de la lutte biologique en exploitation individuelle, et l'analyse coût-bénéfice au niveau régional et national.
1. INTRODUCTION
Le maïs et le manioc sont menacés depuis 1984 au Togo, 1986 au Bénin et 1989 au Ghana parle Prostephanus truncatus, le parasite des denrées stockées importé d'Amérique Centrale. Des études comparatives très poussées, menées dans sa zone d'origine, ainsi qu'en Afrique de l'Est et de l'Ouest ont révélé que les pertes qu'il occasionne pour le maïs au Togo atteigent en gros 30% après 6 mois de stockage et sont 6 fois plus élevées que celles au Costa Rica. Responsable du bas niveau des pertes enregistrée au Costa Rica est assurément le prédateur Teretriosoma nigrescens dont les larves et les coléoptères réduisent considérablement l'évolution du parasite.
On a rassemblé depuis 1984 lors des expériences menées au laboratoire et sur le terrain des informations sur l'écologie de l'antagoniste. Les indices révèlent sa parfaite adaptation au Grand Capucin du Maïs.
La mise en liberté du T. nigrescens au Togo est prévue pour le fin de l'année 1990, et on espère une réduction des pertes occasionnées par P. truncatus surtout dans le grenier à maïs traditionnel. La réduction des pertes permettrait au paysan de conserver les structures de stockage traditionnelles sans être obligé de subir des pertes importantes ou bien d'utiliser des insecticides.
2. L'OBJECTIF DU PROJET
L'objectif est d'évaluer l'impact économique de l'antagoniste T. nigrescens dans les systèmes traditionnels de stockage du maïs en milieu paysan. L'évaluation se fera par recensement de la réduction des pertes occasionnées par les ravageurs, plus particulièrement par P. truncatus. En raison de l'absence d'une méthode adéquate de recensement des pertes pour le manioc et le sorgho, les effets sur le stockage de ces produits agricoles seront seulement estimés.
3. RESULTATS ET ACTIVITES
Pour atteindre cet objectif. le travail comporte les résultats et les activités suivantes:
3.1 Les données de l'évaluation des pertes sont disponibles
Sélectionner les zones d'études: une zone dans laquelle des libérations de T. nigrescens ont été effectuées, et une zone témoin où celles-ci n'ont pas eu lieu.
Sélectionner dans chaque zone des exploitations-pilotes: il est indiqué de partir d'un échantillon d au moins 300 greniers pris au hasard, car seulement une proportion sera infestée par P. truncatus et seulement une partie de ces derniers avec le prédateur. Seuls les greniers non traités sont pris en compte. En tenant compte des limites en ressources humaines et financières, on se propose de suivre en définitive une vingtaine de greniers pendant les périodes de stockage.
Prélever des échantillons dans les greniers choisis: dans la mesure du possible, le prélèvement devrait commencer dès la mise en stock. Un prélèvement de 100 épis par grenier, à intervalles d'environ 4 semaines, est proposé. Selon la méthode de prélèvement des paysans, les épis seront prélevés pardessus.
La méthode de calcul des pertes proposée est la méthode du comptage et du pesage (MCP). Les insectes seront répertoriés par échantillon, par espèce et par nombre. Les résultats devront être comparés avec ceux des années précédentes si ces derniers sont disponibles.
3.2 Les calculs de la rentabilité de la lutte biologique en exploitation individuelle sont disponibles
Déterminer la quantité de maïs stockée et prélevée pendant la période de stockage pour l'auto-consommation et la vente.
Relever par région les prix de vente des différentes qualités de maïs.
A travers des enquêtes, répertorier l'utilisation des différentes qualités de maïs, par exemple vente aux grands entrepôts nationaux, vente sur les marchés locaux, autoconsommation, et alimentation animale.
Calculer, pour les exploitations-pilotes, les pertes monétaires en tenant compte de la quantité stockée et prélevée.
Rassembler, dans la mesure du possible, des donnés sur la situation des pertes pour le manioc et l'igname dans les exploitations-pilotes.
Analyser les effets sur la situation alimentaire des familles, leurs revenus et liquidités, et sur le développement à long terme des systèmes d'exploitation.
3.3 Les calculs de la réduction des pertes au niveau régional et national sont disponibles
Déterminer la production régionale et nationale du maïs pendant la grande et la petite saison de stockage et la quantité encore en stock.
Recenser les données sur le pourcentage des stocks traités.
Projeter les pertes monétaires au niveau régional et national.
3.4 Les résultats de l'analyse coûts-bénéfices pour la lutte biologique au niveau national sont disponibles
Hypothèse: T. nigrescens déjà répandu sur tout le territoire de P. truncatus.
Prendre en compte les estimations pour le manioc et l'igname si possible.
Commenter les effets de traitement.
4. PROGRAMMATION DU TEMPS ET INSTITUTIONS EMPLOYÈES
Les travaux préparatoires devraient commencer à partir de fin janvier 1991. Les collectes des données sur le terrain sont prévues pendant deux grandes et deux petites saisons de stockage à partir du mois d'août 1991. La durée globale de ce projet sera de 3 ans, c'est-à-dire de janvier 91 à janvier 94. Les institutions concernées sont la GTZ (organisme d'exécution au Togo), ainsi que les Universités de Hohenheim et Berlin pour l'appui scientifique.
5. HYPOTHESES DE TRAVAIL
Il y a certaines hypothèses de travail qu'il faudra vérifier pour la réussite de ce projet de recherche.
Le prédateur T. nigrescens trouve dans les conditions pratiques du Togo un bon terrain pour son développement et ii est en mesure de réduire nettement la croissance de la population des ravageurs, en particulier celle de P. truncatus, de telle sorte qu'on obtient une réduction quantifiable des pertes.
La vitesse de propagation du prédateur ne lui permet pas à court terme de coloniser de grandes superficies et ainsi émpêcher la possibilité de s'installer dans les zones-témoins.
Maïs si c'était le cas, on devrait recourir exclusivement, pour les besoins de comparaison, aux données des années précédentes. Vu que les dêgats connaissent d'une année à l'autre de grandes fluctuations, le calcul de la réduction des pertes comportera un grand facteur d'incertitude.
Le début de la collecte des données aura lieu à peu près 8 mois après la libération du prédateur. Elle s'achèvera après environ trois ans. Le temps d'adaption du prédateur dans l'ensemble de la faune togolaise est donc relativement court. Des changements en bien ou en mal ne sont pas à exclure après l'achèvement de la collecte des données.
P. Neuenschwander
IITA, Cotonou, Benin
ABSTRACT
The successful biological control of the cassava mealybug (CM) Phenacoccus manihoti Mat. Ferr is reviewed in order to draw parallels and point out differences to the planned biological control of Prostephanus truncatus (Horn) by means of Teretriosoma nigrescens Lewis. Foreign exploration for CM natural enemies was first limited by insufficient knowledge of the systematics of the host in Central and South America. This problem is also being addressed for P. truncatus. Importation of the natural enemy T. nigrescens poses however, more problems than was the case for natural enemies of the CM, despite the fact that national biological control expertise has vastly improved since then and administrative procedures are now well developed. The reasons are that the successful biological control agent for the CM was a monophagous primary parasitoid and thus unproblematic for quarantine, whereas T. nigrescens in captivity is a polyphagous predator, with some capacity to bore into stored products. Quarantine of all CM natural enemies was carried out in Europe and concerned the question of safety only. Release and monitoring in Africa were done to evaluate the capacity of the exotic beneficials to establish and their efficiency in controlling the pest.
The mixed procedure adopted for T. nigrescens is judged to be unnecessary and to be setting a bad precedent. The evaluation of the impact of the released beneficials was only possible because of the broad ecological approach chosen, whereby soil/water, alternate plants and crops, competing phytophagous insects, and the antagonistic or competing indigenous parasitoids, predators, and hyperparasitoids were quantitatively evaluated in their interactions, dependence on climate/weather and the farmers' interference. This approach is also recommended for P. truncatus and is now being implemented by IlTA's Biological Control Programme in Central America. Additional features that helped in the success of the CM biological control programme have also been adopted for the biological control project against P. truncatus they are:
i) a regional approach with numerous collaborating national and international institutions in Africa and world wide;
ii) a multidisciplinary approach which emphasises quantitative impact assessment and the promotion of training in biological control in the collaborating countries. With this approach, biological control, property planned and implemented, can again provide a timely, cost effective, and ecologically safe solution to a major pest problem.