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2 Aspects socio-culturels de la production de plantes à racines et tubercules

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Du point de vue de l'histoire de l'humanité, les sociétés dont l'alimentation repose sur la culture des plantes à racines et tubercules appartiennent à des civilisations très anciennes. L'habitat de ces sociétés englobait à l'origine l'ensemble des régions tropico-équatoriales de la planète.

La plupart des sociétés fondées sur la culture des plantes à racines et tubercules ont été infiltrées au cours de l'histoire par des sociétés pratiquant la culture des céréales, ou encore détruites à la suite des ambitions hégémoniques de ces mêmes sociétés. Seules quelques-unes des sociétés fondées sur la culture des plantes à racines et tubercules ont réussi à se maintenir tant bien que mal jusque de nos jours en Afrique occidentale ("ceinture de l'igname") et dans certaines îles de l'Océanie, où elles s'efforcent de préserver leur héritage culturel (COURSEY, 1981).

Ceci ne veut toutefois pas dire que les autres sociétés anciennement fondées sur la culture des plantes à racines et tubercules et s'en étant détournées à la suite d'influences extérieures aient perdu leur héritage spécifique. Certaines des traditions et coutumes qui ont survécu dans ces sociétés attestent au contraire l'importance culturelle des plantes à racines et tubercules.

C'est ainsi que le cycle de végétation (plantation, récolte et mise en stocks) s'inscrit fréquemment dans une suite de rituels dont la finalité est de protéger les plantes à racines et tubercules. La récolte de ces plantes est soumise à des interdits, qui font qu'elle ne doit pas avoir lieu avant que l'on ait exécuté certains rituels, cette pratique étant encore renforcée par la menace de sanctions de nature religieuse.

Il est fréquent dans ces sociétés que la plante, considérée dans son individualité, possède une plus grande signification que l'ensemble des cultures. Pour ce qui est de l'igname, par exemple, chaque plante est placée sur une butte et reçoit un tuteur individuel. Le but est ici de maximaliser le rendement par plante (en obtenant des tubercules aussi gros que possible), et non pas le rendement de la surface (COURSEY, 1981). Cette fixation sur la plante individuelle se reflète également dans les techniques de récolte. C'est ainsi que dans le cas de l'igname, on ne récolte qu'un nombre précis de tubercules de chaque plante, et cela avec le plus grand soin, afin d'en assurer la survie.

Les techniques de post-récolte, dont l'objectif consiste davantage à éviter un stockage prolongé qu'à élaborer des systèmes de stockage améliorés (LANCASTER et COURSE Y 1984). sont là encore le d'un d'un désir d'harmonie propre à ces sociétés.

Ceci pourrait expliquer en partie le fait que les systèmes de stockage traditionnels sont de conception extrêmement simple et qu'ils ne présentent souvent aucun signe de perfectionnement endogène. Les systèmes traditionnels de stockage de l'igname en Afrique occidentale (tresse verticale) ne servent pas seulement à la conservation des tubercules, mais possèdent également un caractère de symbole et témoignent de l'aisance et de l'influence dont jouissent leurs propriétaires.

Dans ces sociétés, le secteur de l'après-récolte est fréquemment considéré comme le prolongement des activités ménagères. On ne s'étonnera donc pas que la responsabilité du secteur de l'après-récolte incombe souvent à la femme (LANCASTER et COURSEY, 1984). La répartition spécifique des tâches en fonction du sexe présente toutefois certaines différences selon le type de plante. Ainsi la femme prend-elle non seulement part à la culture et au stockage du taro et du manioc, mais c'est même elle qui dirige parfois ces activités, alors que la culture et le stockage de l'igname demeurent exclusivement du domaine de compétences masculin.

La répartition spécifique des tâches en fonction du sexe n'est plus exclusivement fondée sur les modes de comportement traditionnels. Les changements intervenus au niveau des conditions socio-économiques, citons à cet égard les migrations temporaires lices à l'activité professionnelle, influencent également la répartition des tâches et remettent en question le rôle traditionnel de l'homme et de la femme.


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