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1. Introduction

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1.1 Problématique
1.2 Objectifs de la présente étude

Imposante et rebondie, la population mondiale ne cesse de croître rythme soutenu. Son chiffre actuel, qui est de 5,3 milliards d'hommes, va passer d'ici la fin du siècle à plus de 8 milliards d'individus (FAO 1990). Cette évolution va entraîner une demande sans cesse accrue en denrées alimentaires, notamment dans les pays à forte croissance démographique. Dans nombre de pays d'Afrique et d'Asie, il faut s'attendre à une aggravation du problème de l'alimentation, ainsi qu'a une recrudescence de la malnutrition et de la sous-alimentation Dans le même temps, on assiste à un accroissement des exigences posées par certaines catégories de revenus au niveau de l'approvisionnement (exigences qualitatives vis-à-vis des produits), ce qui se répercute là encore au niveau de l'offre et de la demande.

On s'est efforcé dans le passé de poursuivre principalement deux stratégies visant à résorber le déficit alimentaire Des efforts ont été déployés d'une part pour satisfaire une demande croissante par l'augmentation de l'offre, tout en essayant d'endiguer les taux d'accroissement démographiques par le biais du contrôle des naissances et du planning familial, et cela en vue de limiter la demande.

La mise en culture de nouvelles surfaces, ou encore l'exploitation plus intensive des surfaces agricoles déjà cultivées, peut permettre d'accroître l'offre en produits alimentaires. L'élargissement des surfaces cultivables se heurte toutefois, notamment dans les régions a forte densité de population, à ses limites naturelles. Du tait de la réduction corollaire des périodes de jachère, le sol devient un facteur de plus on plus rare. La mise on culture d'espèces a haut rendement, les engrais minéraux et les mesures de protection des plantes permettent de garantir et d'augmenter les revenus on nature. Ceci exige toutefois de la part des exploitations agricoles des capitaux suffisants. Les petites exploitations orientées vers l'économie de subsistance no disposent la plupart du temps que de capitaux limités, ce qui réduit les possibilités d'achat de moyens de production.

Il existe en général au niveau de l'approvisionnement de la population en denrées alimentaires un certain décalage temporel et spatial entre la production et la consommation, décalage que vient combler le stockage. Toute perte survenant dans le cadre de la période de post-production se traduit par une réduction du volume de nourriture potentiel. En tant que possibilité d'améliorer l'offre en nourriture, les mesures de protection des récoltes et des stocks acquièrent dans cette perspective une importance sans cesse croissante. Cette ''troisième option" n'est pas une invention de l'époque agraire postmoderne, mais plutôt un retour à certaines techniques élémentaires destinées à assurer la survie de l’homme.

Avec l'intensification du commerce des denrées alimentaires, qui vise a réduire certains déficits alimentaires régionaux, la protection des denrées stockées a acquis une dimension nouvelle. Le commerce international des denrées alimentaires s'accompagne cependant d'effets secondaires négatifs, et parmi eux l'introduction de maladies et de ravageurs. Exemple typique de ce phénomène: l'introduction dans un certain nombre de pays africains, du Grand Capucin des Grains (Prostephanus truncatus HORN), un dangereux ravageur des stocks.

1.1 Problématique

Selon MAY(1977), les pertes mondiales survenant avant et après la récolte se chiffrent à env. 48 96, La "NATIONAL ACADEMY OF SCIENCES' (1977, p. 168) estimait pour 1935 les pertes probables de post récolte à 47 millions de tonnes pour les seuls pays en voie de développement. Cette évolution souligne l’importance, aussi bien que la nécessité, de la recherche en matière de systèmes de post-récolte. De vastes recherches ont été entreprises depuis lors dans le domaine de la post-récolte (GARDNER et ai. 1987; SALUNKHE et ai. 1985, WRIGHT 1988; SCHULTEN 1982; MORRIS 1978; ADAMS 1977b). SALUNKHE et ai. (1985, p. 1 et suiv.) ont tait le point des résultats des recherches menées jusque-la, taisant remarquer qu'en dépit de l'intensité des efforts déployés, on n'était toujours pas en mesure de réduire durablement les pertes de post-récolte.

La difficulté, dans l'étude des problèmes posés par la post récolte, réside dans l'hétérogénéité et la complexité de leurs effets. Une méthode d'analyse directement axée sur le système et allant au-delà du schéma de pensée unidimensionnel cause/effet permet d`appréhender le système de post-récolte en tant que complexe dynamique comportant de multiples facteurs. S'il est vrai que l'on trouve dans certains ouvrages consacrés à la problématique de la post-récolte des approches analytiques des systèmes, comme par ex. chez McFARLANE (1983), SALUNKHE et ai. (1985), MULTON (1982a), HULSE (1981), HUYSMANS (1981), HARRIS et LINDBLAD (1978), NATIONAL ACADEMY OF SCIENCES (1978), SPURGEON (1976), REUSSE (1976a 1976b), la plupart de ces études ne prêtent toutefois qu'une attention insuffisante à l'examen des connexités interdisciplinaires.

Il existe entre-temps de très nombreuses études entomologiques consacrées à la biologie des ravageurs des stocks et a l'efficacité des mesures (chimiques) de protection des denrées stockées. Les travaux de recherche sur le Grand Capucin du Mais fournissent à cet égard un exemple typique. La biologie de ce coléoptère nuisible a tait au cours de ces dernières années l'objet d'études particulièrement approfondies. Ces travaux mettent l'accent sur les aspects entomologiques et sur la problématique de la détermination des pertes. L'évaluation économique des pertes et le rendement des mesures de protection des stocks n'y sont en revanche qu'à peine abordés ou traités de manière insuffisante. Dans la bibliographie qu'il a rassemblée sur Prostephanus truncatus, WRIGHT (1938) mentionne 149 travaux, mais aucune de ces études ne traite des problèmes économiques posés par la protection des stocks.

Les études qui prennent également en compte les aspects économiques de la problématique de post-récolte demeurent encore a l'heure actuelle l'exception (PANTENIUS 1987, NARVAEZ et ai. 1985, LISCHKA 1982, GOLOB 1981, ADAMS et HARMAN 1977, BOXALL et ai. 1977, LIPTON et ai. 1974). La bibliographie constituée par GARDNER et ai. (1987), consacrée a la "Research on Economic Post-harvest Loss" (recherche sur les pertes économiques de post-récolte), tait état pour l'Afrique de deux études seulement traitant également les aspects économiques du stockage des denrées.

Autre difficulté le manque de données exactes et comparables concernant les pertes (GREELEY 1987, p. 13). On trouve très fréquemment dans la bibliographie des estimations globales et grossières des pertes. Une étude réalisée par ADAMS (1977b) sur la bibliographie consacrée aux pertes de céréales et de légumineuses a montré que sur les 126 publications analysées 11 seulement fournissaient suffisamment d'informations pour pouvoir comprendre les évaluations de pertes. Depuis le début des années quatre-vingts, on a de plus en plus tendance à critiquer l'importance présumée des pertes de post-récolte, que l'on considère généralement comme exagérée (GREELEY 1985. p. 6; STEVENSON t 984, p. 6; TYLER et BOXALL 1964, p. 4; PREVETT 1962, p. 241; TYLER 1932, p. 21).

Les difficultés que présente l'estimation des pertes résident dans l'hétérogénéité et la diversité des systèmes de post-récolte. Il n'existe à ce jour aucune méthode universelle d'estimation des pertes. Rien que pour le mais, PANTENIUS (1967) se livre à une comparaison de quatre méthodes d'estimation quantitative des pertes. L'estimation des pertes est de toute évidence une opération difficile, du tait que les analyses détaillées sont coûteuses et demandent beaucoup de temps, ainsi qu'un travail considérable.

1.2 Objectifs de la présente étude

 

C'est dans la perspective de ces différents problèmes et de la signification particulière de la protection des stocks pour nombre de pays en voie de développement que s'inscrivent les objectifs vises et les méthodes employées dans ce travail. La présente enquête s'articula autour des thèmes suivants:

  1. Le système de post-récolte mais au Togo est analysé dans une perspective directement axée sur le système lui-même. L'objectif de l'étude est de décrire en détail les filières du mais', depuis la production jusqu'au consommateur final, la saisie quantitative dans le temps des "flux de mais, ainsi que de décrire et d'analyser le système de postrécolte des petites exploitations agricoles. Dans le cadre de l'approche directement axée sur le système, le système de post-récolte maïs n'est pas examine isolément, mais en tant que lien entre la production et la consommation. La corrélation entre ce système de post-récolte et le système exploitation/ménage s'exprime à de nombreux niveaux lorsqu'il s'agit des ressources disponibles et des besoins des individus.
  2. Les indications portant sur les pertes constituent une condition primordiale à toute analyse économique dans le secteur de la protection des stocks. Différents essais permettent de déterminer les pertes survenant dans le stockage du maïs sur l'exploitation, compte tenu des diverses méthodes de stockage et mesures de protection des stocks.
  3. Cette étude vise principalement à l'élaboration d'une approche adéquate (modèle), capable d'apporter des réponses aux problèmes économiques posés par la protection des stocks. Elle s'appuie en l'occurrence, d'une part sur les données concernant la protection des stocks dans le contexte du système régional et paysan de postrécolte, et d'autre pan sur les résultats des essais.
  4. On trouvera dans la partie finale de cette étude divers contenu:, fondes sur les résultats d'enquête et les calculs de modèles, à développer au niveau de l'assistance en matière de protection des stocks, ainsi qu'un certain nombre d'indications au Service National de la Protection des Végétaux pour son travail d'assistance-conseil.

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