La notion de qualité intervient aux différents stades de la filière de commercialisation quel que soit le cultivar concerné. L'appréciation de la qualité fait intervenir des aspects objectifs aussi bien que subjectifs (habitudes alimentaires, goûts culinaires), elle peut varier selon le type d'acteur (consommateur, vendeur).
Le phénomène tel qu'il a été observé au Cameroun fait intervenir 2 critères qui font l'unanimité chez les acteurs de la distribution et influencent la valeur marchande du plantain. Il s'agit du stade de récolte du régime, puis de la fraîcheur du produit durant la commercialisation.
Le stade de récolte:
Les vendeurs définissent grossièrement 3 qualités à la récolte:
- la première qualité correspond à des régimes très remplis, avec des doigts aux arêtes bien arrondies et à la pulpe très colorée (couleur saumon),- la deuxième qualité comprend les fruits récoltés à un stade moyen, aussi bien du point de vue remplissage que du point de vue coloration de la pulpe,
- la troisième et dernière qualité contient des régimes coupés trop précocement et qui présentent des doigts anguleux et une pulpe pâle, voire blanchâtre.
La part relative des fruits représentatifs de chacune de ces 3 qualités varie sur le marché en fonction des périodes, des saisons de production, et de la demande du marché.
Les conditions de croissance du régime et de son remplissage plus ou moins rapide sont liées à la saison (pluie, déficit hydrique, ensoleillement, chaleur). Le producteur récolte en fonction de la demande du marché. Ainsi, selon que la denrée est plus ou moins disponible, les paysans cueilleront plus ou moins précocement. En période d'abondance, la qualité est particulièrement importante et un régime de bonne présentation se vendra mieux. En saison de faible production, le plantain coûte plus cher quelle que soit sa qualité; pour satisfaire la forte demande les récoltes sont alors faites plus précocement.
La fraîcheur
Le prix de la banane plantain verte chute de jour en jour au fur et à mesure qu'elle perd de sa fraîcheur. Le régime qui vient d'être récolté a un aspect turgescent, propre et plutôt brillant; son prix de vente est généralement plus élevé que celui d'un régime qui a déjà séjourné plusieurs jours sur un étalage, au soleil.
Si les intermédiaires peuvent choisir auprès du producteur les stades de maturité des bananes plantains qu'ils achètent, ils peuvent difficilement contrôler la fraîcheur de leur marchandise tout au long du circuit de commercialisation. Or le consommateur est attiré vers le plantain vert de bonne présentation, c'est-à-dire frais et brillant.
Le fait que la fraîcheur soit un facteur qui intervienne dans la valeur marchande du produit est extrêmement important. Cela constitue un des aspects à améliorer dans la filière traditionnelle caractérisée par un système où, après la récolte, les régimes sont malmenés, mal stockés et exposés au soleil à même le sol jusqu'à la vente.
Les diverses manutentions qui interviennent au cours du circuit de vente, si elles n'aboutissent pas forcément à une perte nette d'une partie de la production de banane plantain, conduisent donc à terme à des baisses des revenus pour les acteurs de la distribution. Ce phénomène est plus accentué en saison sèche. Cela constitue un problème courant pour les intermédiaires qui uvrent sur les places de marchés.
Note:
Ces travaux ont été conduits en Côte-d'Ivoire dans le cadre d'un projet PNUD/FAO - Ministère de l'Agriculture, et au Cameroun avec un financement FAO (Bourse André MAYER).