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Dans l'ensemble des pays sahéliens de la sous-région, le Cap-Vert occupe une place à part. Cela tient avant tout à son caractère insulaire qui le distingue foncièrement des pays continentaux, tout en accentuant de façon paradoxale l'aridité habituelle du climat régional, au point qu'on peut parler d'un pays super sahélien.
De cette situation particulière, on retiendra les principaux traits suivants:
Alors que dans le sahel continental, la sécheresse a sévi principalement durant les années 1972-74 et 1982-84, au Cap-Vert, elle dure depuis au moins 20 ans; il en découle une dépendance alimentaire structurelle et quasi totale en ce qui concerne les céréales.
Les vivres importés, notamment le maïs, le blé et le haricot, arrivent par bateau aux deux principaux ports (Praia, île de Santiago, et Mindelo, île de Santo Antao) et, de là, sont répartis dans les autres îles, toujours par voie maritime.
Sur les dix îles que comprend l'archipel, neuf sont peuplées et totalisent (estimation de 1986) 341 820 habitants. Mais à elle seule, Santiago a plus de la moitié des habitants et, avec trois autres îles (Sao Vicente, Santo Antao et Fogo), 90% de la population.
La quasi-absence, depuis de longues années, de production locale, de mais notamment, a eu pour conséquence que le mode de stockage traditionnel a pratiquement disparu. Il s'ensuit un vaste effort d'organisation et d'installations nouvelles.
Le mais est la culture céréalière principale et constitue la base de l'alimentation. Du fait de la sécheresse, sa production a considérablement baissé depuis plus de 20 ans. Au cours des 10 dernières années, cette production n'a jamais atteint le quart des besoins annuels et la dernière récolte (1985) n'en a atteint que 3%.
Le haricot est l'autre produit vivrier traditionnel et constitue, avec le mais, la base du plat- national appelé cachupa. Sa prodution, depuis dix ans, a été meilleure que celle du maïs puisqu'elle a permis, en moyenne, de couvrir un tiers des besoins. Cependant, cette année, elle est tombée à 28% de la demande nationale.
A ces deux produits, s'ajoutent le manioc et surtout- la pomme de terre, dont la production et la consommation sont en augmentation.
2.1 Stockage et conservation
2.1.1 Méthodes traditionnelles
Du fait de la chute de la production depuis de longues années, les modes traditionnels de stockage ont pratiquement disparu, et l'on ne peut que se fonder sur les souvenirs de ceux qui les ont connus pour en évoquer quelques aspects.
Il s'agit d'ailleurs essentiellement du stockage du mais. Après séchage, les épis non déspathés étaient stockés en tas circulaires qui rappellent beaucoup, semble-t-il, les Bliva du sud du Bénin et du Togo.
Pour la conservation des grains battus de mais et de haricot, on utilisait des récipients de fabrication locale qu'on bouchait de façon étanche, après adjonction d'ingrédients naturels de préservation. L'ingrédient naturel le plus souvent cité, et encore utilisé, est le petit piment rouge qui, séché etmoulu, est mélangé au stock. Cet:te méthode de type préventif qui fait appel à des produits végétaux ayant des propriétés répulsives (odeur par exemple) se retrouve, d'une façon ou d'une autre, dans de nombreux systèmes traditionnels.
2.1.2 Evolution des méthodes locales
L'apparition de récipients plus pratiques et plus résistants a accéléré la mutation des méthodes locales, parallèlement à la quasi-disparition des récoltes. Il s'agit principalement de bidons ou fûts métalliques et de carafes en verre. Les fûts sont utilisés pour stocker le maïs, en épi ou en grain, et les carafes (genre bombonnes de vin), pour conserver les grains de haricot-. Le couvercle du fût est ajusté hermétiquement, tandis que le bouchon de la carafe est rendu très étanche par l'enrobage de cire ou de bougie fondue. Avant dépôt du grain, le paysan veille à ce que le séchage soit terminé et ajoute, comme autrefois, du piment rouge réduit en poudre. D'après un des techniciens agricoles interrogés, ces méthodes assez récentes permettent- de conserver les stocks de mais et de haricot en bon état pendant six ans.
2.1.3 Le stockage public
Pour des raisons de logistique autant que de nécessité économique, le stockage des denrées alimentaires a été confié au plan national à l'Entreprise publique d'approvisionnement (EMPA). Cette société détient le monopole de l'approvisionnement (importations), du stockage et de la distribution des produits. Ses installations sont de deux types:
La couverture en stockage public correspondrait alors à 82% de la consommation nationale annuelle. Cependant, un certain nombre de ces magasins de l'intérieur sont d'anciens locaux qui ne remplissent pas les conditions requises pour une bonne conservation. En particulier, ils ne permettent pas d'assurer une bonne ventilation, faute d'ouverture d'aération. Pour le Directeur de la protection végétale, c'est là le problème majeur du réseau public de stockage.
2.2 Protection des denrées et des stocks
2.2.1 Parasites: principaux insectes
Les principaux insectes ravageurs que l'on trouve dans les produits stockés sont les suivants:
Mais : Sitophilus, Tribolium, Rhizopertha, Ephestia, Sitotroga, Corcyra
Riz : Rhizopertha
Haricot : Callosobruchus
NB: On notera qu'on ne trouve pas encore de Trogoderma dans l'archipel.
2.2.2 Inspection et traitement
En collaboration avec les Services de la protection végétale (PV), l'EMPA est chargée de veiller au contrôle de la qualité des denrées et de l'état sanitaire des entrepôts et magasins.
A l'arrivée des produits, un contrôle systématique est opéré avant l'entreposage en sac; puis des visites périodiques sont organisées, selon un calendrier régulier, pour vérifier l'état de conservation des stocks. Les techniciens font les recommandations nécessaires et une équipe spécialisée dans les traitements peut être appelée en cas d'urgence.
Pour ce faire, l'EMPA dispose d'un cabinet technique composé de la façon suivante:
Dans les autres îles, les centres de stockage disposent tous d'agents de traitement. Ceux-ci reçoivent une formation appropriée au cours de stages spécialisés, tel le séminaire pour magasiniers organisé en 1982.
D'autre part, l'EMPA apporte son assistance technique aux autres organismes ou petites entreprises de stockage (magasins privés) qui le demandent:, en particulier aux services du Ministère de l'éducation qui gèrent des stocks (dons alimentaires) distribués dans le cadre du PAM.
2.2.3 Lutte et désinfections chimiques
Les principaux moyens chimiques employés sont les suivants:
2.2.4 Législation
Un décret-loi de la Présidence de la République, approuvé le 31.12.1980, a jeté les bases d'une législation en matière de protection végétale et agroalimentaire dont les principaux décrets d'application ("portaria") sont parus le 7.12.1985. Elle stipule notamment que, seule la Division de la protection végétale, dépendant du Ministère du développement rural (MDR) a le droit d'importer les produits phytopharmaceutiques, dont la commercialisation est as surée par le Fomento Agro Pecuario (FAP), organisme dépendant également du MDR.
Il existe une commission interministérielle chargée de l'homologation tant des pesticides phytosanitaires que des produits pharmaceutiques en matière de santé humaine. Cette commission est composée, à égalité, de délégués du Ministère de la santé et du MDR, et présidée par l'un ou l'autre suivant: les domaines concernés.
Il convient de souligner qu'un service de quarantaine, encore peu opérationnel, faute de moyens, doit être renforcé prochainement pour un contrôle rigoureux aux frontières (ports), en vue d'éviter spécialement l'entrée de Trogoderma granurium et de Prostephaous truncatus qui n'ont pas encore pénétré sur l'archipel.
Déjà, une action préventive est entreprise à propos d'un déprédateur de la pomme de terre, Spinotarsus sp, appelé couramment mille pattes. Comme ce parasite ne se rencontre encore que sur deux îles, Sao Vicente et Santo Antao, la PV a pris des mesures sévères d'inspection et de contrôle des lieux de transit, notamment les aéroports de l'intérieur.
Elle mène en même temps une campagne d'information éducative pour faire comprendre les dangers d'une invasion parasitaire et la nécessité de ces mesures.
2.2.5 Commercialisation des denrées de base
Outre les céréales et les légumineuses, l'EMPA entrepose dans ses magasins des produits agricoles de consommation courante tels que pommes de terre et oignons, et d'autres denrées de base, sucre et café en particulier. Ces divers produits, dont l'arrivage se fait en gros emballages, sont reconditionnés manuellement en petites unités (sacs de 1 kg) pour l'approvisionnement du commerce de détail. En outre, à Praia et à Mindelo, l'EMPA possède des petits postes de vente où ces articles de base sont vendus directement au consommateur, aux prix imposés. Ainsi, cette activité commerciale d'un office public a le double avantage de créer des emplois et de régulariser les prix sur le marché.
3.1 Valeur du réseau et des services publics
Il convient avant tout de noter l'importance du réseau de stockage mis en place, tant en capacité d'entreposage qu'en répartition géographique, et l'efficacité de son organisation.
Il faut aussi souligner l'existence d'une législation spécifique et, chose plus rare, de la volonté de la mettre en pratique. L'application de mesures répressives et surtout préventives est une oeuvre de longue haleine etrequérerait sans doute plus de moyens que ceux dont dispose actuellement le le Gouvernement du Cap-Vert.
3.2 Déficiences des magasins secondaires
Un certain nombre de magasins de petits centres administratifs (Conseil, Délégation) sont installés dans des locaux anciens et non prévus à cet effet. Les murs manquent parfois d'étanchéité, les dimensions ou la disposition intérieure ne permettent pas une bonne répartition des divers types de stocks, et surtout les ouvertures nécessaires à une ventilation régulière sont inexistantes.
3.3 Juxtaposition de produits différents
Si les divers produits sont généralement bien ensachés et empilés sur des palettes, il arrive que des produits de nature différente sont: juxtaposés ou stockés dans une même pièce, par exemple céréales et lait en poudre, ou encore sucre et huile. Cette proximité est nuisible à la conservation des uns comme des autres, en raison spécialement de leurs différences d'ordre hygrométrique.
Cela est vrai, à plus forte raison, lorsque des contraintes passagères (intempéries, etc.) obligent à déposer provisoirement des matériaux de construction, par exemple des sacs de ciment, dans des entrepôts réservés aux denrées alimentaires.
3.4 Insuffisance des moyens financiers
Ces diverses déficiences sont imputables principalement au manque de moyens financiers qui seraient nécessaires pour améliorer les infrastructures existantes et pour installer de nouveaux équipements, tant au plan local (villages) que national, avec le concours d'un personnel compétent.
La Côte d'Ivoire est un pays à vocation agricole où les cultures de rente (café, cacao, oléagineux et coton) destinées à l'exportation occupent une place prépondérante. Les principales productions vivrières (igname, banane, plantain, riz, mals, sorgho) proviennent presque exclusivement des petites exploitations familiales et sont destinées essentiellement (80,90%) à l'autoconsommation.
Dans l'éventail des productions vivrières, le projet n'était concerné que par les céréales et les légumineuses à graines. C'est pourquoi, après en avoir débattu avec les services intéressés du Ministère du développement rural (MDR) et compte tenu du temps disponible, elle a choisi d'aller enquêter uniquement dans le département de Korhogo, au nord du pays. En effet, outre l'igname et le manioc, qui y sont des produits de grande consommation, cette zone a l'avantage de produire aussi du sorgho, du mil, du fond o. du riz (pluvial et: irrigué) et de l'arachide. Les Sénoufo constituent l'ethnie principale de la zone visitée.
1.1 Récolte et séchage
La récolte du sorgho est une activité collective à laquelle prennent part tous les membres de la famille, y compris les enfants. Ces derniers couchent les tiges de céréales et les hommes coupent les épis qu'ils mettent en petits tas avant de les lier en bottes. Sans quitter le champ, les bottes sont alors entassées sur une claie pendant une durée moyenne d'un mois.
Les rongeurs et les oiseaux sont les principaux déprédateurs durant cette opération de séchage et: occasionnent des pertes que les paysans évaluent à environ 5%.
Le maïs n'est récolté qu'au bout d'un mois de séchage sur pied. Puis les épis sont coupés et déspathés avant d'être transportés au village pour un complément de séchage qui est fait à même le sol pendant cinq jours durant lesquels les enfants surveillent: le produit en vue d'éviter les dégâts causés par les volailles.
Le riz est récolté après maturité, au bout de dix jours de séchage sur pied. Ce délai occasionne des pertes dues aux oiseaux, mais aucune action n'est prise pour y remédier. Aussitôt récolté, le riz est mis en bot-tes pour être stocké dans les greniers.
1.2 Stockage
1.2.1 Structures
Le grenier Sénoufo, appelé Boudoul, est une structure cylindrique en banco, dont la hauteur est le double ou le triple du diamètre (cf. figure D.1). Pour établir la plate-forme, les villageois tracent un cercle, à l'aide d'une ficelle et d'une pointe, sur le site choisi. A égale distance sur la circonférence de ce cercle, des petits trous sont creusés pour y poser des pierres de 15 à 20 cm de diamètre. Une pierre est également installée au centre du cercle. Des poutres de courte dimension relient entre elles les pierres et soutiennent un plancher de rondins (8 à 10 cm de diamètre), dont la longueur peut varier de 100 à 150 cm suivant la taille du grenier. Les paysans utilisent de préférence le bois de diégam, réputé très solide et qui, selon eux, a la particularité de dégager une odeur répulsive pour les termites.
Le plancher de rondins est recouvert d'une couche (10 cm d'épaisseur) de banco, faite d'un mortier d'argile et de rachis d'épis de riz. Au bout d'une semaine de séchage de cette assise, la construction du corps du grenier peut commencer. Les murs sont traditionnellement montés par couches avec des mottes de banco (10 cm d'épaisseur environ). Mais il faut noter que cette technique de construction, qui donne des murs très résistants, est de plus en plus remplacée par l'utilisation de briquettes plus épaisses (20 x 10 x 6 cm). Cette nouvelle méthode permet de construire beaucoup plus rapidement (une journée au lieu de trois à quatre semaines), mais les greniers ainsi fabriqués sont nettement moins solides et durables que les greniers en mortes qui peuvent durer au moins dix ans.
Des pièces de bois servant d'entretoises traversent les murs de part en part, donnant plus de rigidité à la structure et permettant de fixer le toit. En même temps, elles facilitent l'accès à l'intérieur du grenier et le tassement des épis. Une ouverture carrée est toujours aménagée dans la partie supérieure des murs. Le toit conique en paille (Imperata cylindrica) recouvre le sommet du grenier.
Il existe un autre mode de stockage pour le riz en épis. A la récolte, celui-ci est mis en bottes et entreposé sur des claies installées dans les champs. Le stock est recouvert de paille et, bien qu'il soit parfois éloigné des villages, peut être conservé ainsi pendant deux ans.
1.2.2 Méthodes de conservation
Dans la zone étudiée, toutes les céréales sont traditionnellement stockées en épis. Cependant, avec l'accroissement des superficies, notamment pour la culture du riz, et l'amélioration de la productivité, on s'oriente de plus en plus vers le stockage en grain, à l'intérieur des greniers, ou même en sac, à l'intérieur des habitations. Toutefois, les agriculteurs reconnaissent que ces dernières méthodes entraînent de plus grandes pertes de conservation. Les principaux déprédateurs sont les insectes et les rongeurs. D'après les villageois, au bout d'un an de conservation, les pertes dues aux insectes seraient de 4 à 5% pour le sorgho, de 3,5% pour le mais et de 2% pour le riz. Quant aux rongeurs, qui arrivent même à pénétrer par la base du grenier où ils font leur nid, les dégâts qu'ils provoquent en un an sont estimés à 7,5% pour le sorgho, 4 à 5 % pour le maïs et 1% pour le riz.
Dans cette zone, les paysans n'utilisent aucun produit de préservation, naturel ou chimique. On peut signaler cependant qu'autrefois le mais en épis, entreposé sur une claie, faisait l'objet d'un traitement avec la fumée d'un feu de bois pendant environ deux mois. Selon les villageois, les grains ainsi traités devenaient très durs et se conservaient très longtemps. Mais maintenant, à cause de la surcharge de travail, cette technique semble avoir disparu.
2.1 Récolte et séchage
Pour le sorgho, dont la récolte coïncide avec celle du riz et du coton, on observe un retard dans l'évacuation des épis vers les greniers, ce qui oblige à faire un préstockage sur claie, au champ, pendant un mois. Il en résulte des attaques par les oiseaux et les rongeurs, entraînant des pertes que les producteurs évaluent à 5%.
Le maïs, en revanche, après maturité, est séché pendant un mois avant d'être récolté, ce qui favorise l'infestation au champ par les insectes (Sitophilus).
Quant au riz, il est séché sur pied en une dizaine de jours, période au cours de laquelle les agriculteurs ne prennent aucune mesure de lutte contre les oiseaux qui, pourtant, peuvent faire des dégâts sérieux.
2.2 Stockage
Malgré la tendance actuelle à construire des greniers en briquettes de banco, moins résistants et moins durables que les greniers en mottes, les structures familiales de stockage des Sénoufo semblent bien appropriées à la conservation des céréales en épis.
Cependant, suite à l'accroissement des superficies et des rendements, les capacités habituelles de stockage deviennent insuffisantes. Plutôt que de multiplier le nombre des greniers, les producteurs, du moins les plus importants, ont recours au stockage en grain, dans les greniers, ou même en sacs, dans les habitations. Ces mêmes producteurs reconnaissent néanmoins que cette forme de conservation entraîne des pertes nettement plus élevées que le stockage en épis.
Dans la zone visitée, aucun produit de conservation n'est utilisé en cours de stockage. On peut en déduire, compte tenu de la diversité des cultures et du volume des productions (mais, sorgho, riz, igname, coton, etc.), que les pertes enregistrées semblent avoir peu d'importance aux yeux des paysans.
3.1 Récolte et séchage
Les retards dans la récolte du mais aggravent les risques d'infestation d'insectes au champ, qui se répercutent sur la qualité de la conservation. Afin de réduire sensiblement les délais qu'on observe (un mois environ) avant la récolte du mais, il est recommandé d'entreprendre la vulgarisation des cribs à mais. De telles structures, qui ont été amplement testées en zones humides dans différents pays, permettraient de sécher beaucoup plus rapidement les épis de mais et d'avancer ainsi la mise en grenier. La Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (CIDT), qui encadre déjà les agriculteurs de cette zone, pourrait facilement se charger de la diffusion de cette méthode.
3.2 Stockage
Le stockage traditionnel en épis assurait une bonne conservation, même en l'absence de produits de préservation naturels ou chimiques. Mais l'évolution actuelle, qui consiste à stocker en grain plutôt qu'en épis, entraîne des pertes plus importantes. Pour réduire ces pertes, il est nécessaire de prendre des mesures, contre les infestations d'insectes en particulier.
Avant de penser aux insecticides chimiques, il est recommandé:
Parallèlement à cette action, il est recommandé d'identifier et, si nécessaire, de vulgariser, parmi les insecticides fabriqués dans le pays, ceux qui s'avèrent les plus efficaces tout en étant peu toxiques et simples à utiliser. Cela devrait se faire avant que les paysans, face aux contraintes imposées par les nouvelles formes de stockage en grain, soient tentés d'employer n'importe quel produit pesticide rencontré sur le marché ou utilisé pour le coton.
Le maître d'oeuvre de l'ensemble de ces actions pourrait être la Direction de la protection des végétaux, en étroite collaboration avec les institutions de recherche agronomique et les sociétés d'encadrement agricole.
3.3 Législation phytosanitaire
La législation existante sur les produits phytosanitaires a besoin d'être actualisée et, plus encore, appliquée. Il est recommandé d'entreprendre cette réforme, tant dans ses principes que dans les modalités d'exécution, et de doter les services publics intéressés des moyens adéquats pour la faire appliquer.
Figure D.1: Grenier traditionnel Sénoufo (Korogho, Côte d'Ivoire).
Le riz est la principale production céréalière de la Guinée-Bissau (80 000 t en 1980-81). On y produit également du mil, du sorgho et du mais (40 000 t en 1980-81), principalement dans les régions Nord et Nord-Ouest du pays. La totalité de la production céréalière est autoconsommée.
Seule la zone nord du pays (alentours de Contubel) a pu être visitée. On y trouve les ethnies Mandingue et Peulh, chacune ayant ses pratiques postrécolte bien spécifiques. La région Sud et celle des Iles, où l'on produit essentiellement du riz et qui sont soumises à des contraintes différentes, n'ont pu être visitées.
Par conséquent-, le système post-récolte décrit ici concerne uniquement la région Nord, chez les Mandingue.
1.1 Le riz
1.1.1 Récolte et séchage
Les techniques post-récolte diffèrent selon qu'il s'agit de riz pluvial ou de riz irrigué. Le riz pluvial est récolté manuellement, épi par épi, par les femmes qui les rassemblent en gerbes (environ 5 kg de paddy), avant de les transporter à la maison pour le stockage. L'essentiel du séchage du riz pluvial est fait sur pied au champ, avant la récolte qui n'a lieu qu'au début de la saison sèche. La période de conservation coïncidant avec la saison sèche, l'opération de séchage des gerbes de riz pluvial est continuée à l'intérieur des greniers ouverts à l'air dans lesquels elles sont: stockées.
En revanche, le riz irrigué est récolté par les hommes en mai-juin au début de la saison des pluies. Les plants de riz sont fauchés, et battus aussitôt à l'aide de fléaux en bois. Ce n'est qu'après le battage que les grains de paddy sont étalés en couche mince sur une aire proprement balayée, parfois cimentée, pour le séchage au soleil. Cette façon de procéder a pour but de hâter le séchage des grains de riz. Lorsque le temps le permet-, le séchage du paddy ne dure en moyenne que trois jours, au cours desquels les grains sont ramassés et rentrés à l'intérieur des habitations tous les soirs afin d'éviter les reprises d'humidité durant la nuit.
1.1.2 Stockage
Les épis de riz pluvial mis en gerbes sont: stockés dans des greniers entièrement faits de matériaux végétaux et très ouverts à l'air extérieur. Il s'agit du Bountoung, (figure E.1) grenier bien dégagé du sol et constitué d'une plate-forme horizontale faite de branchages, recouverts de nattes en lamelles de bambou tressées (Crinting). La plate-forme, dont la hauteur peut atteindre 1,50 m, est soutenue par six poteaux en bois solide et résistant.
D'ordinaire, les paysans préfèrent le bois de feu, appelé ici Koulengo, reconnu pour sa solidité et sa résistance aux termites. Selon les paysans, une vingtaine d'années auparavant, cette espèce arborée se retrouvait facilement à proximité des villages. Actuellement, à cause des feux de brousse, de l'utilisation du Koulengo pour produire du charbon et de l'extension des surfaces mises en culture, il faut aller loin pour le trouver (2 à 3 km des villages).
Le corps du grenier est fait en lamelles de bambou tressées (Crinting) dont la longévité est en moyenne de dix ans (cf. figure E.2). La même paille, Imperata cylindrica (appelé Nyantang) sert pour la toiture des habitations et pour celle des greniers. La toiture déborde largement au-dessous des parois du grenier qu'elle protège du soleil et de la pluie. Imperata cylindrica est préférée à toutes les autres herbes 2/, à cause de sa longévité qui dépasse dix ans.
Les grains de paddy provenant de la récolte du riz irrigué sont stockés soit dans de petits greniers en argile, (appelés Khowlow), soit dans des sacs en jute, à l'intérieur des habitations. Lorsqu'il s'agit de la conservation de graines de semences, l'ouverture du petit grenier est bouchée à l'aide d'argile pour réaliser un stockage étanche à l'air. Elle ne sera rouverte qu'au moment des semis.
1.2 Le sorgho
Le sorgho n'est récolté qu'en novembre-décembre à la fin de la saison des pluies. Le séchage est fait sur pied avant la récolte et dure en moyenne deux à trois semaines après la maturité des grains.
Les épis sont récoltés et mis en bottes par les hommes qui les transportent vers le village, généralement à l'aide de charrettes. Ceux qui n'en possèdent pas payent 7 à 10% de la récolte transportée.
Le stockage du sorgho est fait en bottes dans les greniers en végétaux (Bountoung), comme pour celui du riz pluvial.
1.3 Le maïs
Dans la région, le maïs est souvent cultivé en association avec le sorgho. Arrivant à maturité bien avant ce dernier, il est récolté en août, en pleine période pluvieuse. Les plants de mais sont coupés avant la récolte des épis. Ceci permet d'aérer le champ pour le sorgho.
Les épis sont transportés à la maison où ils sont déspathés avant leur séchage. Une claie en bois d'environ 1,50 m de hauteur soutient la couche d'épis. Un feu de bois à la base de la claie permet d'activer le séchage qui ne dure en moyenne qu'une semaine. Le feu doit être activé tous les soirs pour permettre le séchage au cours de la nuit et éviter les reprises d'humidité.
Lorsque l'épi est assez sec, un frottement du doigt suffit normalement pour l'égréner. Pour les villageois, c'est le signe que les épis de mais peuvent- alors être stockés dans le Bountoung.
Bien qu'aucun produit naturel ou chimique de préservation contre les insectes ne soit utilisé en cours de stockage dans la région, les paysans affirment qu'ils n'ont aucun problème à ce sujet.
Leur préoccupation majeure est engendrée par les rongeurs (rats et souris) qui occasionnent des dégâts importants. Lors d'attaques graves, "il suffit de soulever les épis pour voir qu'ils sont vides", disent-ils. Pour faire face à ce problème, ils utilisent de petits pièges qui s'avèrent peu efficaces pour contrôler l'activité des rongeurs. Autrefois, pour lutter contre les souris, ils utilisaient des chats qu'ils élevaient; malheureusement ceuxci ont commencé à manifester une préférence pour leurs poussins.