Table des matières
- Précédente - Suivante
TABLEAU 6.3 Calcul de la valeur de la carcasse a partir des prix de la viande au détail
Partie de la carcasse | Pourcentage du poids total de la carrasse | Prix du kg au detail | Pourcentage carcasse prix au détail |
........................... en dollars ......................... | |||
Tete | 8,03 | 0,28 | 2,25 |
Collier | 4,06 | 0,38 | 1,54 |
Pieds | 2,61 | - | - |
Jambon | 19,95 | 1,32 | 26,33 |
Côtes | 5,31 | 1,27 | 6,74 |
Longe | 8,03 | 1,32 | 10,60 |
Epaule | 16,58 | 1,13 | 18,74 |
Flanchet | 11,10 | 0,76 | 8,44 |
Foie | 3,48 | 1,23 | 4,28 |
Graisse, a part | 15,49 | 0,19 | 2,94 |
Graisse, dans la viande | 3,87 | 1,13 | 4,37 |
Perte pondérale | 1,49 | - | - |
100,00 | 86,23 | ||
Prix moyen de vente au détail de la carcasse: 86,23 ¸ 100 = 0,86 dollar le kg. |
Dans la péninsule d'Arabie, le pouvoir d'achat du consommateur et la demande solvable de viande ont tres fortement augmenté, et un afflux considérable de maind'ouvre étrangere a eu lieu alors que les possibilités locales d'élevage sont tres limitées: en raison de ces divers facteurs, la région attire de plus en plus les importations de viande et de bétail. Dans les années 60, il y avait, pour la viande de qualité supérieure, un marché limité qui comprenait essentiellement les personnes directement engagées dans l'industrie pétroliere. On constatait également une forte demande saisonniere d'ovins et de caprins vivants a l'époque du Hadj-le pelerinage annuel des musulmans a La Mecque. En 1978, cette demande d'importation atteignait 400 000 tonnes d'équivalent de viande par an. Le bétail sur pied, pour lequel la population indigene avait une préférence marquée, fournissait un tiers de cette demande et les volailles congelées en assuraient la moitié. C'est cette viande qui est le mieux acceptée sous forme de produit congelé par l'ensemble de la population. Cette percée remarquable a bénéficié de prix tres bas-environ 2 dollars le kg (prix de gros) en moyenne, en 1978, contre 3,50 dollars pour la viande de boucherie réfrigérée ou surgelée, et plus de 5 dollars pour la viande fraîche-, d'une qualité suivie pour chaque marque, d'un emballage en plastique hygiénique et d'une garantie écrite d'un abattage conforme a la loi islamique. Ces volailles provenaient d'Europe orientale et occidentale, des Etats-Unis et d'Australie. Un cinquieme de la demande d'importation portait sur la viande rouge réfrigérée ou surgelée. La viande congelée provenant d'Australie et la viande réfrigérée ou surgelée de chevre, de mouton ou de buffle venant d'Inde étaient surtout consommées par des travailleurs étrangers. Des moutons vivants étaient également transportés d'Australie en grand nombre, sur des bateaux spécialement équipés a cet effet (voir tableau 6.4). Cependant, les consommateurs arabes n'apprécient guere la répartition de la graisse dans les carcasses, par rapport a celle des moutons a queue ou a croupe grasse qui proviennent de l'élevage local ou d'Afrique de l'Est.
Figure 6.3 Arrivée de nouveaux concurrents sur les marchés traditionnels.
Figure 6.4 Effet des restrictions commerciales.
Pour les pays en développement voisins qui possedent d'abondantes ressources pastorales, ce riche marché apparaît comme une terre promise ou leurs gouvernements cherchent constamment a se tailler une place. En 1978, les trois principaux pays d'Afrique jouissant d'un acces facile a ce marché- la Somalie, le Soudan et l'Ethiopie-lui ont fourni respectivement l'équivalent de 4 1000, 11500 et 2 800 tonnes de viande en carcasse. Ces exportations sont meme devenues pour la Somalie une source importante de revenus, mais elles pourraient représenter davantage encore. L'Ethiopie, le Soudan et le Kenya ont a peine commencé a exploiter ce marché.
TABLEAU 6.4 Provenance des approvisionnements en viande de la péninsule d'Arabie en 1978
Provenance | Viande fraîche |
Viande rouge réfri- gérée et surgelée |
Volaille |
................. en équivalent de tonnes carcasse............... |
|||
Production intérieure | 157000 |
- |
- |
Autres pays du Proche-Orient | 2000 |
2200 |
- |
Ethiopie | 2800 |
- |
- |
Somalie | 41600 |
- |
- |
Soudan | 11500 |
- |
- |
Afrique de l'Est | - |
1200 |
- |
Inde | 4800 |
15100 |
- |
Chine | - |
1000 |
- |
Australie | 35300 |
33800 |
9 400 |
Europe orientale | 2200 |
8800 |
|
Europe occidentale | - |
||
Amérique du Nord | - |
13700 |
178 600 |
Dans les pays d'Afrique de l'Est, les pâturages sont sujets a des sécheresses graves et répétées: c'est la le principal obstacle a l'augmentation réguliere des exportations de bétail. Le manque de fourrage et d'eau peut amener les éleveurs a mettre d'un seul coup sur le marché un grand nombre de betes, qui sont d'ailleurs en mauvais état. Par la suite, la diminution des disponibilités qui en résulte peut inciter les gouvernements a interdire l'exportation, afin de contenir les prix a la consommation dans le pays meme. De telles fluctuations quantitatives et qualitatives de l'offre contrastent fâcheusement avec, par exemple, l'approvisionnement régulier en poulets congelés. Ces derniers, dont les sources d'alimentation sont tres diverses, proviennent d'élevages beaucoup plus importants destinés a des marchés nationaux.
Généralement, la viande et le bétail bénéficient, dans la péninsule d'Arabie, d'un marché ouvert, exempt de taxes a l'importation. Bien des pays producteurs de pétrole subventionnent le prix de la viande de façon a contenir le cout de la vie. Seule la République arabe du Yémen, qui dispose en propre d'une capacité d'élevage non négligeable, a établi un impôt sur les importations. N'étant pas appliquée aux importations de viande, cette taxe défavorisait les pays d'Afrique de l'Est dont la compétitivité repose surtout sur le bétail vivant. De plus, les fournisseurs africains trouvaient peu réalistes les dispositions sur la réception du bétail a Djeddah-premier port du monde pour l'arrivage de bétail. Ces dispositions étaient conformes aux conditions d'expédition australiennes, mais 80 pour cent des arrivages provenaient d'Afrique de l'Est. Actuellement, les méthodes d'expédition s'adaptent, a moindres frais, a tous les facteurs qui entrent en jeu: besoins spécifiques des animaux, distances, conditions climatiques et maritimes.
Quand la monnaie d'un pays a, sur les marchés extérieurs, une valeur inférieure a son taux de change officiel, les exportateurs ont constamment tendance a faire état de prix de vente inférieurs a ceux qu'ils perçoivent réellement. Ils peuvent alors rétablir l'équilibre avec d'autres monnaies. En 1978, tous les pays d'Afrique de l'Est ont eu a contrôler les fuites de devises sans toutefois, pour citer le proverbe somali, « museler le bouf qui foule le grain ». Les Gouvernements de la Somalie et du Soudan appliquaient des prix officiels minimaux a l'exportation pour la viande et le bétail; le prix contractuel mentionné dans une lettre de crédit ne devait pas etre inférieur a ce prix minimal. Les prix fixés en Somalie autorisaient des marges plus grandes, permettant aux exportateurs de faire usage des monnaies arabes fortes pour importer des biens de consommation, et en particulier ceux que recherchaient les éleveurs nomades. Ce fait a sans aucun doute contribué a la réussite du pays en matiere d'exportation.
Pour maintenir assez bas les prix intérieurs a la consommation, les Gouvernements du Soudan, par périodes, et du Kenya, en permanence, interdisaient les exportations, ce qui eut des résultats tres fâcheux dans ce domaine. La forte taxe a l'exportation de 25 pour cent sur le bétail, au Soudan, était tres dissuasive.
Au Soudan, l'existence d'un goulet d'étranglement dans les transports entre Khartoum et Port-Soudan avait pour effet d'augmenter la mortalité du bétail et les frais d'affouragement, d'aggraver les maladies et de faire baisser la qualité, et faisait perdre de nombreuses possibilités de vente-d'ou un énorme manque a gagner pour les recettes en devises. A un moment donné, 45 000 ovins étaient entassés dans l'enclos de quarantaine de Kadero, attendant d'etre répartis dans des trains pour Port-Soudan. Pour résoudre ce probleme, on proposa d'organiser des trains spéciaux pour le ramassage du bétail provenant de l'ouest et du sud du pays. Les wagons a bestiaux accrochés a des trains de marchandises normaux ne faisaient pas l'objet des soins nécessaires. Les trains spéciaux auraient pu rouler vers leur destination et bénéficier d'une organisation pour nourrir et abreuver les betes. Restait a savoir si les négociants feraient de ce service un usage suffisant pour en couvrir les frais.
Les installations portuaires avaient certainement besoin d'améliorations sur la partie centrale et orientale de la côte nord de la Somalie, ou les expéditions ne pouvaient se faire que par petites quantités et par mer calme. Il fallait, la ou c'était possible, aménager des mouillages pour de petits cargos de haute mer. La flotte utilisée pour le transport du bétail entre l'Afrique de l'Est et l'Arabie devait etre perfectionnée, car aucun des navires ne répondait aux nouveaux reglements portuaires saoudiens.
Il fallait améliorer l'entretien des troupeaux destinés a l'abattage dans les pays arabes pendant qu'ils étaient en attente dans les ports ou dans les enclos des importateurs. A cette occasion, on fit des expériences pour remplacer le foin importé d'Australie a 200 dollars la tonne par des fourrages produits en culture hydroponique. On peut toutefois se demander s'il est vraiment utile d'investir dans l'installation de parcs d'attente pour les troupeaux aux différents stades du circuit de commercialisation. Au Soudan et en Somalie, les parcours sont abondants et les bons bergers ne manquent pas; les négociants préferent garder leurs troupeaux séparés de ceux des autres; tous ces éléments ont facilité des ententes a l'amiable avec la population locale sur les droits de pâture et l'approvisionnement en fourrage. Un systeme traditionnel complexe d'approvisionnement en viande et en bétail s'était élaboré a partir de cette conception.
En Somalie, on a constaté de sérieuses carences dans la distribution des médicaments vétérinaires a cause de monopoles et de la division des responsabilités entre divers services gouvernementaux, ainsi que dans les communications entre les centres d'exportation du nord, les importateurs de la péninsule et le gouvernement a Mogadiscio. Entre Hargeisa, Berbera et Burao, triangle de stationnement et d'expédition d'un marché traitant environ 90 millions de dollars par an, les liaisons téléphoniques étaient sursaturées. Entre cette région et la destination des exportations, Djeddah, les messages par télex ou par télégramme mettaient deux ou trois jours, et les délais étaient du meme ordre pour les communications avec les compagnies de navigation a l'étranger et les navires en mer.
Dans l'ensemble, l'organisation de la commercialisation donnait satisfaction au stade du groupage. Les éleveurs nomades et les acheteurs traditionnels se rencontraient régulierement dans les memes lieux. Ce systeme reposait sur certains éléments:
Entre prix d'achat sur le terrain et prix d'achat au point d'exportation, la marge dépassait rarement 10 ou 15 pour cent. Pour un marché global de 1,5 million d'ovins et de caprins, la Somalie comptait environ 150 exportateurs. Le bénéfice net était d'environ 2,5 pour cent du chiffre d'affaires et représentait un revenu annuel moyen de quelque 16 000 dollars. Au stade de l'importation, le principal sujet de mécontentement était le prix élevé de la viande en gros a Sanaa (Yémen)-13 dollars le kg, carcasses fraîches.
Des organismes d'Etat pour la commercialisation de la viande et du bétail furent constitués dans tous les pays d'élevage de l'Afrique de l'Est. La Commission des viandes du Kenya avait le monopole des exportations de la viande. Le chiffre d'affaires ayant diminué, les frais généraux greverent lourdement les couts d'exploitation au point d'entraver directement les exportations de bouf de qualité supérieure. L'Office somali pour le développement de l'élevage remplissait un double rôle de services et de commerce. A l'origine organisme de développement, il s'est vu attribuer par le gouvernement des fonctions commerciales pour permettre de réaliser un objectif socialiste en nationalisant un secteur qui relevait jusque-la d'entreprises privées, et soulager le budget de l'Etat du cout de ses services de développement en produisant un revenu commercial. Les résultats furent décevants sur les deux plans. Les revenus assurés a l'Office par le monopole qu'il exerçait dans le sud étaient contrebalancés par les pertes subies dans les régions ou il était en concurrence. En fin de compte, on avait coupé les vivres a ses activités de développement et de prestation de services. Au Soudan, la Société pour la commercialisation du bétail et de la viande gérait dans les provinces des marchés aux bestiaux, menait des activités de développement et donnait des avis sur la politique a adopter. Elle avait réussi a faire obstacle a certaines mesures arbitraires d'interdiction et de taxation des exportations de la part des autorités locales.
Naguere, l'approvisionnement international en viande provenait presque entierement d'entreprises commerciales qui, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Amérique latine, exploitaient des troupeaux de race améliorée. Quelques conserveries existaient en Afrique. Mais, en général, les problemes d'organisation et d'acces au marché rendaient impossible toute exportation de viande a partir des pays en développement. On avait installé de grands troupeaux de bovins, d'ovins et de caprins sur les pâturages saisonniers d'Afrique ou ne sévissait pas la mouche tsé-tsé. A mesure que les prix montaient et que de nouveaux marchés s'ouvraient, on en vint a considérer ces vastes troupeaux comme une ressource au potentiel croissant. Mais, pour la plupart des pays dont l'élevage était excédentaire, les seules exportations de quelque envergure consistaient en livraisons de bétail sur pied a des pays voisins déficitaires; le plus souvent, le bétail franchissait des frontieres terrestres sans etre recensé. Environ 200 000 bovins par an seraient ainsi passés du Niger au Nigéria dans les années 60.
Pour nombre de ces pays, l'élevage représentait l'une des principales ressources. Quand les transports aériens leur donnerent la possibilité d'atteindre les marchés jusque-la inaccessibles, leurs gouvernements chercherent a exploiter cette possibilité au maximum. On fit appel a l'assistance pour édifier les infrastructures nécessaires et organiser la commercialisation. On orientacet effort vers les marchés en expansion des pays voisins plutôt que vers ceux d'Amérique du Nord ou d'Europe. On fixa ces priorités en fonction des distances et de la grande difficulté qu'il y avait a répondre aux exigences vétérinaires des pays traditionnellement importateurs de viande.
Le Tchad fut le premier pays du tiers monde a utiliser a grande échelle les transports aériens pour atteindre des marchés extérieurs lucratifs. On construisit un nouvel abattoir a Farcha, pres de l'aéroport international de N'Djamena. Un petit nombre de compagnies établies sur place envoyerent des agents acheter du bétail aux éleveurs itinérants. Des parcs d'attente clôturés et équipés pour l'abreuvage furent aménagés au voisinage de l'abattoir. Les betes s'y reposaient, et l'on pouvait procéder a l'abattage des que tout était pret pour expédier la viande. On exportait ensuite les carcasses en quartiers dans les soutes d'avions transportant des passagers vers des villes d'Afrique relativement peu éloignées comme Douala, Libreville et Kinshasa. Ces villes, situées dans la zone humide et boisée qui longe la côte, ne disposaient pas d'un bon approvisionnement national en viande a cause de la mouche tsé-tsé. Cette solution semblait résoudre efficacement un probleme spécifiquement africain-comment acheminer la viande, depuis les savanes ou elle est abondante et bon marché, jusqu'aux villes côtieres, ou elle est rare et chere, et contribuer ainsi au bien-etre des populations de part et d'autre.
Les quartiers arriere constituaient le plus gros des livraisons exportées. Les quartiers avant, de moindre valeur, et les abats étaient vendus si possible sur le marché local. A mesure que les opérations prenaient de l'ampleur, il devint plus rentable d'affréter des avions et d'organiser des retours en charge avec des biens de consommation légers et chers. Le volume des exportations de bouf atteignit son apogée en 1970 avec 14 000 tonnes.
Bien qu'ayant a supporter des frais de transport élevés, les exportateurs tchadiens développaient leurs marchés grâce a la régularité des livraisons et au suivi de la qualité. Cela était possible tant que leurs besoins ne représentaient qu'une petite partie des disponibilités totales. Mais il n'était guere facile d'accroître la capacité de production des pâturages tchadiens au rythme de la demande du marché. Ces pâturages étaient particulierement vulnérables a la sécheresse qui, par la suite, se mit a sévir au Tchad. Les prix d'achat monterent en fleche et les exportateurs ne disposerent plus que d'une marge trop étroite pour couvrir le transport de la viande par avion.
Le Lesotho est un pays montagneux et l'élevage en est la ressource principale. Traditionnellement, quelque 15 000 bovins étaient exportés annuellement vers l'Afrique du Sud, pour la plupart des betes en fin de croissance destinées a l'embouche avant abattage. Ainsi, la valeur ajoutée et le bénéfice du traitement des sous-produits profitaient aux entreprises de ce pays voisin. Le Gouvernement du Lesotho était convaincu que, dans l'optique du développement général, il serait légitime de faire des efforts pour tirer de ces possibilités le maximum de bénéfices. L'abattoir existant a Maseru était tout a fait insuffisant. En 1972/73, on dut importer pour 450 000 dollars de viande destince aux touristes et aux clients a haut revenu. Manifestement, il fallait un nouvel abattoir. Mais de quelle taille?
On avait déja préconisé une installation centrale a Maseru, d'une capacité hebdomadaire de 215 bovins, neuf petits abattoirs pour répondre aux besoins locaux, et des marchés de groupage organisés, établis par régions. Le bétail y serait vendu aux encheres, a intervalles réguliers. On créa 17 marchés de ce genre, mais trois ou quatre d'entre eux seulement attirerent assez d'acheteurs pour justifier leur existence.
On proposa ensuite un projet global assurant a Maseru une possibilité d'abattage de 40 000 bovins, 10 000 porcins et 66 000 petits animaux par an, et des parcs d'embouche ou engraisser le bétail pendant 80 ou 90 jours avant l'abattage. Le nouvel abattoir approvisionnerait les autres villes du Lesotho par camions isothermes. L'Office du Lesotho pour la commercialisation du bétail, alors en voie de création, dirigerait l'ensemble du projet. On devait installer une usine de traitement des sous-produits (extraction des graisses). L'abattoir serait construit conformément aux exigences hygiéniques et autres de la Communauté économique européenne. L'investissement total serait d'environ 4 millions de dollars.
Une analyse de ce projet retint trois hypotheses critiques du point de vue de la commercialisation, a savoir:
La capacité prévue de 40 000 bovins par an, plus du double de la production totale du pays a ce moment-la, s'appuyait sur l'espoir que:
Certes, en améliorant l'aménagement des pâturages et les pratiques d'élevage, on aurait pu élever davantage de bétail au Lesotho, mais la production n'avait pas augmenté au cours des 12 années précédentes. Pour atteindre les rendements prévus, il faudrait apporter des changements considérables dans les systemes d'utilisation des terres, et cela prendrait beaucoup de temps. On pourrait en grande partie, par des interventions de la police, mettre un terme aux exportations de bétail vivant et a l'abattage sur place dans les villes et villages des basses terres. Malgré tout, le cout du transport des animaux vivants jusqu'a l'abattoir et du retour de la viande vers les zones rurales constituerait toujours une incitation a la fraude.
Le lancement a grande échelle d'opérations de finition au Lesotho se heurtait a diverses contraintes: étendue limitée des bons pâturages disponibles, prix élevé des fourrages supplémentaires, des vitamines, etc., rendement technique tres bas du troupeau dont on disposait, et concurrence probable des entreprises d'embouche installées dans le pays voisin.
Le Lesotho se verrait sans doute attribuer un contingent limité des importations dans les pays de la CEE. Mais le débouché principal de ses exportations serait constitué par les consommateurs a bas revenu du pays voisin, et il serait fonction du bon marché de la viande et de la régularité des approvisionnements. Des débouchés pour les sous-produits comestibles seraient également nécessaires. Quand les animaux sont exportés vivants, la valeur des abats s'ajoute a celle de la bete. Si les abats se vendaient moins cher a Maseru, il y aurait la un désavantage de plus a surmonter.
Pour le gouvernement, l'aspect financier était masqué jusqu'a un certain point par une offre de crédit bilatéral pour la construction de l'abattoir. En fait, a plus long terme, il aurait peut-etre fallu subventionner ses activités au cas ou les éleveurs auraient eu besoin de stimulants pour livrer leurs betes. Le Gouvernement du Lesotho ne disposait d'aucune ressource pour payer de telles subventions. Bien au contraire, il voyait plus probablement dans cette installation une source éventuelle de revenu ou l'on pourrait puiser pour contribuer aux dépenses publiques. Pour conclure, le rapport conseillait au gouvernement de s'entendre avec le bailleur de crédit bilatéral sur un abattoir plus modeste quant au débit et aux couts de fonctionnement.
Se posa ensuite le probleme de savoir quel type de gestion offrirait au projet les meilleures chances de succes. Vaudrait-il mieux louer l'affaire a une entreprise transnationale expérimentée disposant déja de débouchés pour l'exportation, la confier sous contrat a une entreprise sud-africaine, ou la faire gérer directement par l'Office du Lesotho pour la commercialisation du bétail avec une aide internationale? Une analyse de 1981 aboutit aux conclusions suivantes:
Le gouvernement opta pour la deuxieme formule. Il existait une entreprise qui gérait déja un abattoir au Swaziland tout proche. Elle se proposait de faire venir des animaux vivants d'Afrique du Sud pour utiliser a plein la capacité de production, et d'ajouter une conserverie pour écouler la viande de qualité inférieure. Ces propositions reposaient sur l'espoir d'un contingent d'importation dans le Marché commun de 3 000 tonnes de bouf désossé, conformément a la Convention de Lomé. Sans la collaboration de l'Afrique du Sud, on manquerait de viande pour atteindre ce contingent. Ce que voyant, l'agence européenne d'aide bilatérale était prete a décliner toute responsabilité dans cette affaire.
Pendant ce temps, les parcs d'engraissement qui devaient compléter le projet donnerent lieu a d'autres litiges. Il fallait les installer si l'on voulait produire, avec les bovins du Lesotho provenant des pâturages de colline, une viande qui se vendrait avec profit a l'exportation ou, dans le pays meme, aux touristes et aux consommateurs a revenu élevé. La Banque mondiale avait prévu des parcs d'engraissement dans deux projets de développement régional, mais avait ensuite reculé devant les difficultés de gestion. On rattrapa la situation avec un projet de remplacement de 5 millions de dollars avec la Banque africaine de développement. Toutefois, certains avis contraires soutenaient que les opérations d'embouche devaient etre réparties entre des unités plus modestes, tenues par des associations d'éleveurs et par le gérant de l'abattoir.