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CLOSE THIS BOOKProduction de Farine de Maïs à Petite Échelle (CTA - ILO - WEP, 1990, 140 p.)
CHAPITRE 6. METHODOLOGIE D’ESTIMATION DES COUTS DE PRODUCTION
VIEW THE DOCUMENT6.1. Introduction
VIEW THE DOCUMENT6.2. Détermination de l’échelle et du type de production
6.3. Estimation des coûts de production
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VIEW THE DOCUMENT6.3.1. Amortissement des bâtiments et de l’équipement
VIEW THE DOCUMENT6.3.2. Maintenance et réparation des installations
VIEW THE DOCUMENT6.3.3. Consommation d’énergie
VIEW THE DOCUMENT6.3.4. Loyer du terrain
VIEW THE DOCUMENT6.3.5. Coûts de main-d’oeuvre
VIEW THE DOCUMENT6.3.6. Coûts d’ensachage et d’emballage
VIEW THE DOCUMENT6.3.7. Intérêts sur le fonds de roulement
VIEW THE DOCUMENT6.3.8. Coût unitaire de la farine de maïs produite par de petits moulins
VIEW THE DOCUMENT6.3.9. Coût unitaire de production des farines converties dans des appareils à cylindres
VIEW THE DOCUMENT6.4. Deux exemples d’application de la méthode d’estimation

Production de Farine de Maïs à Petite Échelle (CTA - ILO - WEP, 1990, 140 p.)

CHAPITRE 6. METHODOLOGIE D’ESTIMATION DES COUTS DE PRODUCTION

6.1. Introduction

Les entrepreneurs qui souhaitent mettre sur pied une installation de production de farines de maïs n’ont, en général, pas beaucoup de choix en ce qui concerne leur échelle de production. Celle-ci aura été déterminée par le capital dont ils disposent et par la demande du marché. C’est en fonction de ces deux facteurs que leur choix se portera sur un moulin à façon, sur un petit moulin industriel, sur un broyeur à marteaux ou sur un appareil à cylindres de moyenne ou grande capacité. Toutefois, dans une fourchette donnée, l’investisseur peut choisir entre divers types de moulins (petits moulins à meules métalliques ou à meules de pierre ou petits broyeurs à marteaux, par exemple). Il voudra par ailleurs étudier la rentabilité de certaines opérations précédant ou suivant la mouture (égrenage, blutage, ensachage, etc.). En fonction de l’échelle de production fixée, il pourra ainsi estimer les dépenses et les recettes correspondant à chaque variante afin de trouver la solution la plus rentable. Le but de ce chapitre est de proposer une méthodologie relativement simple pour l’étude des incidences économiques de diverses techniques de production de farines de maïs, méthodologie qui s’applique surtout aux petites installations artisanales ou industrielles. Les personnes qui désirent investir dans un grand moulin à marteaux ou à cylindres devraient s’adresser à un bureau d’études qualifié afin d’obtenir une estimation fiable de la rentabilité de l’opération.

6.2. Détermination de l’échelle et du type de production

Pour déterminer l’échelle de production, il faut, en premier lieu, identifier le marché à approvisionner. Pour les petits moulins d’une capacité de production de 1 à 8 t/jour, le marché potentiel pourra être un village ou un groupe de villages, une circonscription ou une région du pays. La région constitue probablement le marché le plus grand pour des moulins d’une capacité de 8 t/jour. A l’échelle du pays, la production est en général l’affaire des grands moulins.

Le marché une fois délimité, il convient d’estimer le volume de maïs à traiter pour l’approvisionner; on étudiera donc les informations dont on dispose sur la consommation de farine de maïs. A défaut d’informations suffisantes, on procédera à une étude de marché afin d’éviter une sous-utilisation du moulin si la demande a été surestimée. On tiendra compte des sources d’approvisionnement existantes, telles que les moulins locaux déjà installés ou les fournisseurs des zones ou des régions voisines. L’investisseur peut ainsi calculer sa part potentielle du marché.

Il s’agit alors de déterminer s’il sera possible de trouver le maïs nécessaire. Dans les pays en développement, beaucoup de petits moulins ont été contraints de fermer ou de travailler à une fraction seulement de leur capacité faute d’un approvisionnement suffisant. Il faut aussi tenir compte de la concurrence des autres moulins locaux comme de celle des grands moulins situés dans les zones urbaines. En outre, dans certains pays, le gouvernement peut donner la priorité aux grands établissements, pour l’approvisionnement en maïs, notamment lorsqu’ils appartiennent à l’Etat. Ainsi, un moulin peut se voir contraint d’adopter une échelle de production inférieure à celle qui correspondrait à la demande estimée, par suite d’un approvisionnement en maïs insuffisant.

Une fois le volume de la production annuelle de farine de maïs déterminé, il faut estimer la capacité de production du moulin. Celle-ci est fonction des pointes de production lorsque, faute de moyens suffisants de stockage du maïs ou à cause des fluctuations de la demande, il n’est pas possible de maintenir une production constante toute l’année. Il peut arriver ainsi qu’un moulin à façon ait à traiter une grande quantité de maïs en un temps relativement court après la récolte, puis des volumes inférieurs par la suite. Un moulin industriel ayant une capacité de stockage limitée pourra se trouver dans la même situation. Un moulin polycéréales, c’est-à-dire conçu pour traiter diverses céréales moissonnées à différentes périodes de l’année, pourra en revanche maintenir une production constante tout au long de l’année.

Il faut également décider si l’on effectuera ou non certaines opérations connexes (égrenage, conditionnement, blutage, etc.). Cette décision sera fondée principalement sur la demande du marché - qui détermine le type et la qualité des farines à produire et les conditions de commercialisation - et sur la nature du maïs reçu (en épis ou égrené). La capacité des équipements additionnels doit évidemment correspondre à celle de l’installation de mouture.

6.3. Estimation des coûts de production

Une fois déterminées la production annuelle de farines et la capacité des divers équipements, il reste à estimer le coût unitaire de production de chacun des procédés de transformation correspondant à l’échelle de production choisie. Le futur exploitant, on l’a vu, peut choisir entre différents types de moulins et adopter celui qui correspond au coût de production le plus bas tout en répondant aux conditions locales. C’est ainsi qu’il peut être préférable de choisir un moteur diesel plutôt qu’un moteur électrique lorsque l’alimentation en courant est irrégulière, même Si le coût de production avec moteur diesel est plus élevé.

Dans l’estimation du coût unitaire de production, les éléments suivants sont à prendre en considération:

- amortissement des bâtiments et de l’équipement;
- maintenance et réparation des installations;
- consommation d’énergie;
- loyer du terrain;
- rémunération de la main-d’oeuvre;
- intérêts sur le fonds de roulement (dans le cas des moulins industriels); et
- coût de l’ensachage ou de l’emballage (dans le cas de moulins industriels).

Chacun de ces éléments peut être déterminé comme suit.

6.3.1. Amortissement des bâtiments et de l’équipement

Le montant de l’amortissement annuel dépend des prix d’achat, des taux d’intérêt pratiqués et des durées de vie respectives des bâtiments et de l’équipement. Il sera d’autant plus élevé que les taux d’intérêt seront plus hauts et que les durées de vie des bâtiments et de l’équipement seront plus courtes.

Supposons que le prix d’achat Z d’un matériel soit de 10 000 francs, que le taux d’intérêt i en vigueur soit de 15 pour cent et que la durée d’utilisation de ce matériel soit de 10 ans. On peut déterminer le montant de l’amortissement annuel en se reportant au tableau 11 qui donne la valeur actuelle du facteur d’annuité F pour divers taux d’intérêt (5 à 40 pour cent) et pour des durées allant de 1 à 25 ans. Pour un taux d’intérêt de 15 pour cent et une durée de 10 ans, ce facteur est égal à 5,019. Le montant de l’amortissement annuel s’obtient en divisant le prix d’achat par le facteur en question.1 Dans notre cas, on trouve:


1 On peut montrer que:


où i représente le taux d’intérêt appliqué et n la durée de vie respective des bâtiments et du matériel en années. Si l’on veut obtenir une estimation plus précise du coût d’amortissement annuel en tenant compte de la valeur résiduelle des bâtiments et du matériel, on appliquera l’équation suivante:


où Z, F, i et n sont définis comme ci-dessus et où S est la valeur résiduelle des bâtiments et du matériel, respectivement.

La valeur Z des bâtiments et du matériel peut être évaluée comme suit:

Coût des bâtiments: On demandera un devis aux entreprises de construction locales sur la base des plans établis et des spécifications retenues (matériaux, etc.). Les coûts de construction varieront notablement selon les normes adoptées. On peut construire des bâtiments relativement peu coûteux, mais des bâtiments fondés sur des normes plus élevées pourront coûter jusqu’à 8 fois plus.

Coût du matériel: Le coût du matériel - qu’il soit importé ou acheté sur place - comprend les frais du transport et d’assurance. Le tableau 12 fournit des données sur les coûts de diverses installations de mouture dont les débits horaires sont compris entre 25 kg (moulin à meules de pierre verticales) et 10 000 kg (appareil à cylindres); les prix f.a.b. et c.a.f. sont également indiqués dans ce tableau. Quant au tableau 13, il fournit des indications sur les coûts de diverses égreneuses d’un débit horaire allant de 100 kg (égreneuse manuelle) à 4 000 kg (égreneuse à moteur).

Les estimations relatives aux installations d’égrenage et de mouture pourront, selon les cas, être inférieures ou supérieures aux prix de commande; cela tient au pays d’origine du matériel, au type de transport utilisé, à la situation géographique du pays importateur, etc. Le futur exploitant aura donc intérêt à obtenir des devis précis auprès d’importateurs locaux ou de fournisseurs étrangers (l’annexe II contient une liste de constructeurs). Le coût du matériel produit localement pourra aisément être obtenu auprès des constructeurs.

Tableau 11
Table d’actualisation: valeur actuelle, au taux d’intérêt (i), de la somme de (n) annuités d’un franc payables en fin d’année

Nombre d’années (n)

Taux d’intérêt (i)


5%

6%

8%

10%

12%.

14%

15%

16%

18%

20%

22%

24%

25%

26%

28%

30%

35%

40%

1

0,952

0,943

0,926

0,909

0,893

0,877

0,870

0,862

0,847

0,833

0,820

0,806

0,800

0,794

0,781

0,769

0,741

0,714

2

1,859

1,833

1,783

1,736

1,690

1,647

1,626

1,605

1,566

1,528

1,492

1,457

1,440

1,424

1,392

1,361

1,289

1,224

3

2,723

2,673

2,577

2,487

2,402

2,322

2,283

2,246

2,174

2,106

2,042

1,981

1,952

1,923

1,868

1,816

1,696

1,589

4

3,546

3,465

3,312

3,170

3,037

2,914

2,855

2,798

2,690

2,589

2,494

2,404

2,362

2,320

2,241

2,166

1,997

1,849

5

4,330

4,212

3,993

3,791

3,605

3,433

3,352

3,274

3,127

2,991

2,864

2,745

2,689

2,635

2,532

2,436

2,220

2,035

6

5,076

4,917

4,623

4,355

4,111

3,889

3,784

3,685

3,498

3,326

3,167

3,020

2,951

2,885

2,759

2,643

2,385

2,168

7

5,786

5,582

5,206

4,868

4,564

4,288

4,160

4,039

3,812

3,605

3,416

3,242

3,161

3,083

2,937

2,802

2,508

2,263

8

6,463

6,210

5,747

5,335

4,968

4,639

4,487

4,344

4,078

3,837

3,619

3,421

3,329

3,241

3,076

2,925

2,598

2,331

9

7,108

6,802

6,247

5,759

5,328

4,946

4,772

4,607

4,303

4,031

3,786

3,566

3,463

3,366

3,184

3,019

2,665

2,379

10

7,722

7,360

6,710

6,145

5,650

5,216

5,019

4,833

4,494

4,192

3,923

3,682

3,571

3,465

3,269

3,092

2,715

2,414

11

8,306

7,887

7,139

6,495

5,938

5,453

5,234

5,029

4,656

4,327

4,035

3,776

3,656

3,544

3,335

3,147

2,752

2,438

12

8,863

8,384

7,536

6,814

6,194

5,660

5,421

5,197

4,793

4,439

4,127

3,851

3,725

3,606

3,387

3,190

2,779

2,456

13

9,394

8,853

7,904

7,103

6,424

5,842

5,583

5,342

4,910

4,533

4,203

3,912

3,780

3,656

3,427

3,223

2,799

2,468

14

9,899

9,295

8,244

7,367

6,628

6,002

5,724

5,468

5,008

4,611

4,265

3,962

3,824

3,695

3,459

3,249

2,814

2,477

15

10,380

9,712

8,559

7,606

6,811

6,142

5,847

5,575

5,092

4,675

4,315

4,001

3,859

3,726

3,483

3,268

2,825

2,484

16

10,838

10,106

8,851

7,824

6,974

6,265

5,954

5,669

5,162

4,730

4,357

4,033

3,887

3,751

3,503

3,283

2,834

2,489

17

11,274

10,477

9,122

8,022

7,120

6,373

6,047

5,749

5,222

4,775

4,391

4,059

3,910

3,771

3,518

3,295

2,840

2,492

18

11,690

10,828

9,372

8,201

7,250

6,467

6,128

5,818

5,273

4,812

4,419

4,080

3,928

3,786

3,529

3,304

2,844

2,494

19

12,085

11,158

9,604

8,365

7,366

6,550

6,198

5,877

5,316

4,844

4,442

4,097

3,942

3,799

3,539

3,311

2,848

2,496

20

12,462

11,470

9,818

8,514

7,469

6,623

6,259

5,929

5,353

4,870

4,460

4,110

3,954

3,808

3,546

3,316

2,850

2,497

21

12,821

11,764

10,017

8,649

7,562

6,687

6,312

5,973

5,384

4,891

4,476

4,121

3,963

3,816

3,551

3,320

2,852

2,498

22

13,163

12,042

10,201

8,772

7,645

6,743

6,359

6,011

5,410

4,909

4,488

4,130

3,970

3,822

3,556

3,323

2,853

2,498

23

13,489

12,303

10,371

8,883

7,718

6,792

6,399

6,044

5,432

4,925

4,499

4,137

3,976

3,827

3,559

3,325

2,854

2,499

24

13,799

12,550

10,529

8,985

7,784

6,835

6,434

6,073

5,451

4,937

4,507

4,143

3,981

3,831

3,562

3,327

2,855

2,499

25

14,094

12,783

10,675

9,077

7,843

6,873

6,464

6,097

5,467

4,948

4,514

4,147

3,985

3,834

3,564

3,329

2,856

2,499

Tableau 12: Coûts indicatifs de divers matériels de mouture livrés sur place (fin 1980) (Source: Constructeurs et estimations des auteurs)

Type de moulin ou de broyeur

Débit horaire (kg)

Moteur (kW)

Pays d’origine

Prix f.a.b.

Prix c.a.f. et transport intérieur





(livres sterling)

1. Pierre (vertic.)

25

0,5

Belgique

383

420

2. Pierre (vertic.)

35

0,7

Belgique

401

440

3. Meules métalliques

45

0.7

Royaume-Uni

200

220

4. Pierre (vertic.)

50

0,7

Belgique

466

510

5. Marteaux

85

4,0

Royaume-Uni

2 040

2 250

6. Meules métalliques

125

2,0

Royaume-Uni

217

240

7. Pierre (horiz.)

150

3,0

France

770

850

8. Meules métalliques

150

3,5

Inde

900

1 000

9. Marteaux

160

7,5

Royaume-Uni

1 826

2 000

10. Meules métalliques

180

3,5

Royaume-Uni

207

230

11. Marteaux

180

7,5

Royaume-Uni

3 150

3 500

12. Pierre (vertic.)

200

2,0

Danemark

277

300

13. Pierre (vertic.)

240

2,0

RFA

624

690

14. Pierre (horiz.)

250

5,0

France

1 000

1 100

15. Meules métalliques

250

5,0

Inde

1 000

1 100

16. Meules métalliques

270

5,0

Royaume-Uni

260

290

17. Marteaux

300

5,5

Royaume-Uni

1 124

1 250

18. Meules métalliques

300

3,0

France

205

225

19. Pierre (vertic.)

310

3,0

RFA

654

720

20. Marteaux

320

15,0

Royaume-Uni

3 387

3 725

21. Meules métalliques

340

5,5

Royaume-Uni

520

570

22. Pierre (vertic.)

350

3,0

France

470

520

23. Pierre (vertic.)

410

5,0

RFA

970

1 100

24. Marteaux

500

5,5

Brésil

430

475

25. Marteaux

570

7,5

Royaume-Uni

1 276

1 400

26. Pierre (horiz.)

600

7,5

Danemark

447

490

27. Marteaux

680

30,0

Royaume-Uni

6 400

7 000

28. Pierre (horiz.)

700

9,0

Danemark

603

660

29. Pierre (vertic.)

750

5,5

France

604

660

30. Pierre (vertic.)

950

15,0

Danemark

683

750

31. Marteaux

1 000

11,0

Brésil

750

825

32. Marteaux

1 260

56,0

Royaume-Uni

10 400

11 450

33. Cylindres

2 000

110,0

Royaume-Uni

250 000

275 000

34. Cylindres

5 000

300,0

Royaume-Uni

400 000

440 000

35. Cylindres

10 000

485,0

Royaume-Uni

700 000

770 000

Tableau 13 Coûts indicatifs de diverses égreneuses a maïs livrées sur place (mi-1981)

Débit horaire (kg)

Entraînement

Puissance (kW)

Pays d’origine

Prix f.a.b.

Prix c.a.f. et transport intérieur





(livres sterling)

100

Manuel

-

Royaume-Uni

26

30

150

Manuel

-

RFA

35

40

350

Pédale

-

Japon

243

270

500

Manuel

-

Royaume-Uni

125

140

600

Moteur

1,5

RFA

906

1 000

750

Moteur

0,3

Royaume-Uni

174

190

1 125

Moteur

1,5

Japon

580

640

1 300

Pédale

-

Royaume-Uni

180

200

2 500

Moteur

4,5

Royaume-Uni

180

200

3 000

Moteur

7,5

Royaume-Uni

453

500

2 600

Moteur

5,5

Brésil

1 250

1 400

4 000

Moteur

7,5

Royaume-Uni

2 950

3 200

Source: Constructeurs et estimations des auteurs.

L’entrepreneur fera bien de demander aussi un devis pour les matériels accessoires (pesage, nettoyage, aspiration, calibrage, blutage, séchage, ensachage, générateurs électriques, etc.), pour autant que ceux-ci ne soient pas déjà compris dans l’offre de base.

La durée de vie des matériels pourra être indiquée par les constructeurs; elle peut dépasser 50 ans si le matériel est utilisé, entretenu et réparé comme il convient.

6.3.2. Maintenance et réparation des installations

Les coûts de maintenance et de réparation incluent le coût de la main-d’oeuvre et celui des pièces détachées. Si ces travaux sont effectués par l’exploitant ou par son personnel, leur coût viendra s’ajouter aux coûts de main-d’oeuvre (voir la section 6.3.5 ci-après). Par contre, s’il est nécessaire de faire régulièrement appel à des spécialistes extérieurs, l’entrepreneur demandera un devis lui permettant d’évaluer le coût annuel de leurs interventions.

Le coût des pièces détachées dépend du taux annuel d’utilisation de chaque matériel, de la qualité du maïs traité et des soins apportés à la maintenance. En règle générale, le coût annuel des pièces détachées peut être estimé à 10 pour cent du coût du matériel correspondant.

6.3.3. Consommation d’énergie

Les machines peuvent être entraînées par des moteurs électriques, diesels ou à essence. Pour chacune de ces sources d’énergie, la consommation peut être estimée comme suit:

Moteurs électriques

Le coût annuel global de la consommation de courant, E, s’obtiendra, en première approximation, par la formule:

E = He·Pe·Ae + Be

He = nombre (estimé) d’heures par an durant lesquelles les moteurs fonctionneront;
Pe = somme des puissances nominales des moteurs électriques, en kW,
Ae = prix du kWh (en cas de branchement sur le réseau),
Be = charges annuelles (abonnement, location, etc.).

Si l’on voulait avoir une estimation plus précise de la consommation annuelle de courant, il faudrait multiplier la puissance de chaque moteur (exprimée en kW) par le nombre présumé de ses heures d’utilisation, faire la somme des produits ainsi obtenus et multiplier cette somme par le prix d’achat du kWh (toujours en cas d’alimentation par le réseau).

La valeur réelle de H sera en général inférieure à la valeur estimée, en raison notamment de l’arrêt des machines pour leur maintenance régulière.

Moteurs à combustion interne

Le coût annuel global des carburants (essence, gasoil), C, est donné par la formule:

C = HC · LC · DC

HC = nombre estimé d’heures de fonctionnement par an,
LC = consommation horaire en litres,
DC = prix du litre d’essence ou de gasoil.

Les coûts énergétiques seront estimés pour chaque matériel mécanisé (moulins, broyeurs, séparateurs, séchoirs, etc.). Les tableaux 12 et 13 donnent la puissance en kW requise pour l’entraînement de différents matériels. (La puissance d’un moteur exprimée en CV (chevaux-vapeur) est égale à la puissance en kW multipliée par 1,341.)

6.3.4. Loyer du terrain

Si le terrain n’appartient pas à l’exploitant, celui-ci devra ajouter, aux autres coûts, le loyer annuel du terrain. Ce coût pourra être estimé sur la base de la superficie au sol (voir le chapitre 5) et des loyers pratiqués pour des terrains similaires.

6.3.5. Coûts de main-d’oeuvre

Les coûts annuels de main-d’oeuvre sont fonction du type et de la capacité de production des installations (moulin artisanal, moulin industriel, moulin à cylindres) ainsi que du nombre d’opérations connexes réalisées (stockage, égrenage, blutage, ensachage, etc.). Un petit moulin à façon pourra fort bien être exploité par son propriétaire, seul ou avec l’aide éventuelle d’un assistant. Par contre, les moulins industriels de petite ou moyenne capacité nécessiteront l’emploi d’un responsable à plein temps ou à temps partiel (dans la plupart des cas, l’exploitant lui-même), d’un travailleur qualifié à temps partiel ou à plein temps pour assurer le fonctionnement des installations et leur maintenance (l’exploitant peut aussi s’en charger) et d’un certain nombre de manoeuvres pour la manutention du grain et des farines, l’ensachage et le nettoyage. Le nombre de manoeuvres nécessaire pour la manutention du grain et des farines sera plus élevé si la production doit être stockée. Le cas échéant, il faudra également employer du personnel pour transférer le grain des camions aux magasins et de ceux-ci au moulin. Les produits finis seront transportés du moulin aux magasins, puis aux camions. Ainsi, le maïs (sous forme de grain ou de farine) devra être transporté quatre fois. Le nombre de manoeuvres, T, requis pour les tâches ci-dessus est égal à:


m = quantité de maïs (en tonnes) transformée par jour, et
p = productivité de la main-d’oeuvre (tonnes/jour).

La valeur de (p) est fonction de la productivité des travailleurs locaux, de la distance entre les camions et les magasins et des temps morts entre les déchargements successifs. Ces facteurs varient considérablement d’un moulin à l’autre, et il n’est pas possible de ce fait de fournir une estimation de p. L’exploitant devra l’évaluer lui-même sur la base des informations dont il dispose.

Il sera parfois nécessaire d’engager de la main-d’oeuvre pour l’égrenage des épis et la mise en sacs des produits. Le nombre de travailleurs non qualifiés exigé par ces opérations est fonction de la capacité du moulin; un ou deux manoeuvres suffiront dans le cas d’un moulin industriel de petite ou moyenne capacité.

Le nombre de travailleurs non qualifiés peut varier pendant l’année selon la capacité de stockage du moulin. Il faut tenir compte, dans l’estimation des besoins en main-d’oeuvre, d’une éventuelle fermeture du moulin pendant certaines périodes.

Le coût annuel global de la main-d’oeuvre (ouvriers et personnel d’encadrement et de gestion), S, est donné par la formule:

S = Tt · Jt · St + 12 Tp · Sp + 12 M

Tt = nombre de travailleurs temporaires, non qualifiés, nécessaires chaque jour pour le transport du grain et de la farine, l’ensachage et le nettoyage,

Jt = nombre de jours durant lesquels on a recours à une main-d’oeuvre temporaire non qualifiée,

St = salaire journalier de la main-d’oeuvre temporaire non qualifiée,

Tp = nombre de travailleurs qualifiés et permanents rémunérés au mois,

Sp = salaire mensuel de la main-d’oeuvre qualifiée, et

M = salaire mensuel du responsable du moulin.

Il conviendra évidemment de tenir compte des situations suivantes:

- pas de coûts de transport du grain et de la farine (dans le cas des moulins artisanaux);

- pas de coûts d’ensachage ou d’emballage;

- pas de coûts de main-d’oeuvre qualifiée, si le travail est effectué par l’exploitant lui-même.

Le salaire du responsable devrait être au moins égal à celui qu’il obtiendrait pour un emploi équivalent dans une autre entreprise. Les salaires mensuels ou horaires des travailleurs qualifiés et des manoeuvres seront ceux en vigueur dans la région.

6.3.6. Coûts d’ensachage et d’emballage

La farine de maïs peut être mise dans des sacs de jute de 50 kg ou dans des sacs plus petits (5 kg ou plus), suivant les conditions locales de vente. La farine peut également être commercialisée en sachets de papier de 1 kg portant les informations appropriées (marque, poids net, nom du moulin, etc.). Les sacs de jute et les sachets de papier seront en général commandés à des fabricants locaux. Les coûts annuels à prendre en compte correspondront à la valeur des commandes annuelles de sacs et de sachets de papier nécessaires pour la production annuelle du moulin.

6.3.7. Intérêts sur le fonds de roulement

Les moulins industriels devront parfois stocker un volume de grain correspondant à une production de trois mois si l’approvisionnement en maïs est irrégulier tout au long de l’année. Ils pourront aussi être obligés de stocker de la farine et d’accepter des retards dans les règlements de leurs livraisons. Il pourra donc se faire que la production d’un ou deux mois doive être stockée ou vendue à crédit, parfois les deux à la fois. Un fonds de roulement est donc indispensable pour couvrir le coût d’un volume de grain équivalant à quatre ou cinq mois de fonctionnement (grain et farine) ainsi que les coûts de la main-d’oeuvre, de l’énergie et de l’amortissement du matériel correspondant à la transformation de la farine stockée. Ce fonds de roulement pouvant être considéré comme improductif, les intérêts annuels sur ce capital constituent un autre élément à ajouter aux autres postes.

6.3.8. Coût unitaire de la farine de maïs produite par de petits moulins

L’estimation du coût unitaire de production de la farine de maïs est la dernière opération à réaliser dans l’étude des diverses options technologiques de transformation du maïs. Le coût unitaire de production est égal à la somme des divers coûts annuels dont il est question dans les paragraphes 6.3.1 à 6.3.7, divisée par la production annuelle de farine de maïs. La technique de transformation la plus appropriée sera celle dont le coût unitaire de production est le plus faible. Le choix des matériels et de l’échelle de production devrait donc correspondre à la technique dont le coût est le moins élevé.

Dans le cas des moulins artisanaux, la technique de transformation la plus appropriée sera celle pour laquelle la somme des amortissements (bâtiments et matériels) et des coûts énergétiques par tonne de production est la plus faible, étant donné que les intrants de main-d’oeuvre sont les mêmes pour toutes les techniques (exploitant aidé, dans certains cas, par un assistant).

Dans le cas des moulins industriels, il faut tenir compte, pour l’évaluation des diverses options technologiques, de la demande pour diverses qualités de farines. On peut, par exemple, commercialiser soit de la farine complète non traitée, soit de la farine partiellement dégermée (c’est-à-dire de la farine dont on a retiré une partie du germe et du son). Dans ce dernier cas, on peut équiper le moulin d’une installation de dégermage. Lorsqu’on compare les coûts de production de la farine complète et de la farine partiellement dégermée, il faudra donc tenir compte des différences de coût des matériels et des prix de détail des produits (farine complète et farine partiellement dégermée) et sous-produits (son et germe). Dans ce cas, le choix de la technique implique à la fois un choix de matériel et un choix de produit.

6.3.9. Coût unitaire de production des farines converties dans des appareils à cylindres

La décomposition des coûts afférents à un moulin à cylindres est beaucoup plus complexe que dans le cas des petits moulins. Ce dossier traitant essentiellement de ceux-ci, nous ne procéderons pas à une analyse détaillée de la structure des coûts des moulins à cylindres.

Les principaux postes à prendre en considération dans l’estimation du coût d’un moulin à cylindres concernent le maïs brut, le stockage des matières premières et des farines, l’ensachage, la main-d’oeuvre, la gestion, le transport, les assurances et les impôts. D’autres éléments déterminants du coût en question sont liés à la zone d’implantation, au fonds de roulement immobilisé par le stockage du maïs brut, à l’utilisation de la capacité de production et à la durée de la campagne. Selon Uhlig et Bhat (1979), le maïs brut entre pour “plus de 80 pour cent dans les coûts nets globaux, avec une marge de 10 pour cent”, sur la base des prix alors en vigueur au Kenya. Ce chiffre donne une très bonne idée, bien qu’approximative, de l’estimation des coûts unitaires. Il suffit de connaître le prix local du maïs brut pour estimer les coûts unitaires de production. Si l’on veut avoir une estimation plus précise, dans le cas par exemple où les coûts estimés sont proches des prix de vente au détail, il faut obtenir des informations plus complètes sur le volume et le prix des intrants.

Le coût des matériaux d’ensachage et d’emballage suit, en importance, celui du maïs brut. Il représente 6 à 9 pour cent du coût unitaire global, selon que ces opérations se font manuellement ou qu’elles sont mécanisées. Ce coût peut être légèrement inférieur lorsqu’on utilise des sacs ou des sachets plus grands (par exemple des sacs de 50 kg, au lieu de 25 kg).

Les coûts de la main-d’oeuvre et de la gestion viennent au troisième rang; ils représentent moins de 5 pour cent des coûts unitaires, tombant même à 2 pour cent dans les entreprises fortement mécanisées. Les dépenses de gestion en constituent une part importante; pour les plus petits moulins à cylindres (2 t/h), elles représentent 48 pour cent environ des coûts totaux de main-d’oeuvre et de gestion. Ce pourcentage décroît au fur et à mesure que l’échelle de production augmente, sans toutefois descendre généralement au-dessous de 32 pour cent.

Les autres postes sont beaucoup moins importants que ceux dont il vient d’être question. Les coûts d’assurance et de maintenance représentent approximativement 4 pour cent des coûts unitaires globaux.

6.4. Deux exemples d’application de la méthode d’estimation

L’application de la méthode exposée dans la section précédente peut être illustrée par deux exemples: un moulin à façon ayant une production de 1 t/jour et un petit moulin industriel ayant une production de 8 t/jour. Le premier est équipé d’un moulin à meules métalliques entraîné par un moteur électrique de 2 kW (il s’agit du moulin n° 6 dans le tableau 12), alors que le second utilise un broyeur à marteaux actionné par un moteur électrique de 11 kW (broyeur n° 32). Les deux moulins produisent de la farine complète.

Le tableau 14 récapitule les différents postes estimés sur une base annuelle en partant des hypothèses ci-après:

a) Moulin artisanal (région rurale)

- production: 1 t/jour,
- rythme de production: 8 h/jour, 300 jours/an,
- prix du maïs: US$150 par tonne de grain,
- prix du moulin à meules métalliques (livré sur place): US$500,
- coût des bâtiments: US$300,
- main-d’oeuvre: exploitant et assistant,
- coût de l’énergie: US$0,10/kWh,
- consommation d’énergie: 2 400 kWh/an,
- pièces détachées: US$50/an (10 pour cent du coût des matériels),
- loyer du terrain: US$300/an,
- durée de vie utile des bâtiments et des matériels: 25 ans,
- taux d’intérêt: 15 pour cent,
- fonds de roulement: néant,
- bénéfice annuel du moulin: US$5 000,
- salaire mensuel de l’assistant: US$150.

b) Moulin Industriel (zone urbaine)

- production: 8 t/jour,

- rythme de production: 8 h/jour, 300 jours/an,

- prix du maïs: US$150 par tonne de grain,

- prix du broyeur à marteaux: US$1 200,

- coût des bâtiments: US$4 000,

- main-d’oeuvre: exploitant et 4 ouvriers non qualifiés,

- coût de l’énergie: US$0,10/kWh,

- consommation d’énergie: 26 400 kWh/an,

- pièces détachées: US$120/an,

- loyer du terrain: US$1 200/an,

- durée de vie utile des bâtiments et des matériels: 25 ans,

- taux d’intérêt: 15 pour cent,

- fonds de roulement: volume de maïs-grain équivalant à 1-3 mois de fonctionnement (200-600 t),

- bénéfice annuel du moulin: US$12 000,

- salaire mensuel de la main-d’oeuvre non qualifiée: US$200.

On supposera que la maintenance des installations est assurée dans l’un et l’autre cas, par l’exploitant. Pour simplifier, on ne tiendra pas compte non plus des coûts d’ensachage ou d’emballage, et cela bien que le moulin industriel soit très probablement amené à les prendre en considération.

Le tableau 15 indique les coûts unitaires de production des deux moulins ainsi que le prix de gros minimal acceptable. On voit, par ces exemples, que le coût unitaire de production du moulin industriel est sensiblement inférieur à celui du moulin artisanal, et cela bien que le moulin industriel doive stocker du maïs en vue d’éviter des ruptures d’alimentation. Lorsque le moulin industriel n’est pas dans l’obligation de constituer un stock de grain, son coût unitaire de production tombe à US$11 par tonne, au lieu de US$13 ou US$17. On peut également relever que les coûts unitaires de production varient entre 7,98 et 14,30 pour cent des prix de gros; ces pourcentages sont sensiblement inférieurs au chiffre de 20 pour cent environ qui caractérise les grands moulins à cylindres. Il serait toutefois erroné de comparer les moulins à cylindres aux petits moulins artisanaux ou industriels, étant donné que les types de produits sont très différents dans les deux cas.

Il serait erroné de conclure de ce qui précède que les coûts unitaires de production des moulins industriels seront inférieurs dans tous les cas à ceux des moulins artisanaux. Les coûts calculés sont basés en effet sur de nombreuses hypothèses dont plusieurs risquent de se révéler infondées. Les futurs exploitants devront par conséquent procéder à leur propre évaluation en se basant sur des estimations précises des divers postes de dépenses.

Tableau 14
Coûts annuels d’exploitation d’un moulin artisanal et d’un moulin industriel


Moulin artisanal

Moulin industriel


(en dollars des Etats-Unis)

Main-d’oeuvre

1 800

9 600

Bénéfice

5 000

12 000

Amortissement des bâtiments et des matériels1

124

805

Consommation d’énergie

240

2 640

Pièces détachées

50

120

Loyer du terrain

300

1 200

Intérêts sur le capital de roulement2

-

4 500;13 500

Coût annuel total

7 514

30 865;39 865

1 Le facteur F est égal à 6,464 (voir le tableau 11).

2 Evalués sur la base d’un mois et de trois mois de stocks de grain, respectivement (pour le moulin industriel uniquement).


Tableau 15
Coûts de production unitaires pour un moulin artisanal et un moulin industriel


Moulin artisanal

Moulin industriel

Coût annuel total2 (US$)

7 514

30 865;39 865

Production annuelle (t)

300

2 400

Coût unitaire de production (US$)

25

13;17

Prix de gros minimal de la farine (US$/t)

175

163;167

Coût de production (en pour cent du prix de gros)

14,30

7,98;10,18

2 Evalués sur la base d’un mois et de trois mois de stocks de grain, respectivement (pour le moulin industriel uniquement).

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