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Ils ont pour but d'aider les producteurs et les commerçants a équilibrer l'offre et la demande sur tel ou tel marché et ainsi limiter d'excessives fluctuations de prix. La diffusion officielle de données nécessaires a tous a son utilité car elle resserre l'éventail des informations que doivent se procurer eux-memes les agriculteurs, les commerçants et les consommateurs. Le prix étant généralement fixé apres que l'acheteur et le vendeur ont apprécié l'offre et la demande au mieux de leurs moyens, il faut, si possible, que ces données leur soient communiquées avant.
Pour élaborer un programme d'information, il convient successivement de:
Ce programme peut etre exécuté directement par un service officiel de commercialisation, une institution spécialisée distincte, ou en tout ou en partie par des organisations commerciales ou offices chargés de tels ou tels groupes de produits. L'important est que ces différentes instances soient impartiales, car les informations doivent etre fiables et objectives.
L'agriculteur a surtout besoin de ces informations pour comparer les prix sur les différents marchés auxquels il a acces et pour planifier sa production future. La plupart des informations n'étant utiles qu'aux agriculteurs commerciaux, l'intéret d'un service élaboré de mercuriales est contestable des l'instant ou les opérations commerciales sont limitées ou inexistantes. Lorsque les échanges commerciaux entre régions sont restreints, les exploitants ont sans doute davantage besoin d'etre renseignés sur les prix, la production et le commerce dans leur seule zone plutôt qu'au niveau national. Il en va de meme pour le détaillant qui ne peut s'approvisionner que sur place, et pour les consommateurs intéressés surtout par les prix pratiqués par les détaillants du secteur ou ils vivent.
Un ordre de priorité peut etre donné aux produits faisant l'objet d'informations en fonction de leur importance pour l'économie et de la mesure dans laquelle un complément de renseignements a leur propos servirait les intérets de l'exploitant, du commerçant et du consommateur.
Marchés locaux. Un service local d'information n'a guere la possibilité, en général, d'influencer l'offre. En effet, l'offre du jour est déja déterminée au moment ou arrivent ses renseignements. Ce qu'il peut faire, c'est améliorer la formation des prix en veillant a ce que ceux-ci refletent l'offre et la demande réelles et ne soient pas indument influencés par des inconnues, des rumeurs et des incertitudes. Il peut, entre autres, afficher sur un tableau les tendances des prix de la veille. A condition que les informateurs s'en tiennent scrupuleusement a une seule qualité pour les cotations, les tendances de son prix donnent en général une bonne idée des variations sur l'ensemble du marché. Un systeme d'information avancé peut signaler les changements dans le taux d'arrivages. Si, par exemple, a un moment donné, les trois premiers producteurs qui arrivent sur le marché apportent tous 30 pour cent de plus de laitue que d'habitude, sans aucune raison particuliere pour cela, on peut raisonnablement supposer que l'offre totale de laitue ce jour-la augmentera aussi de 30 pour cent.
Marchés nationaux. On peut, dans leurs cas, agir davantage sur la commercialisation. Le service publie les données locales fournies par les différents marchés de gros du pays, ainsi que des renseignements sur les disponibilités offertes par les marchés de groupage des agriculteurs, l'état général des cultures et les tendances des importations et des exportations.
D'ordinaire, les enquetes concernant l'état des cultures reposent sur les opinions d'observateurs compétents qui operent dans les grandes régions productrices et rendent régulierement compte des espérances de récolte dans leur voisinage immédiat. Cette estimation est normalement exprimée en pourcentage de récolte escomptée par rapport a la récolte optimale. Apres quelques années de pratique dans le rassemblement et l'utilisation des données, on peut se fier raisonnablement aux chiffres ainsi relevés et s'appuyer sur eux pour planifier exportations et importations avant la récolte.
En Indonésie, depuis 1980, un service relie par téléphone les producteurs de légumes des zones montagneuses éloignées aux marchés de gros nationaux. Les informations émanant des marchés de production de Cipanas, Lombang et Pangalengan sont ainsi transmises, tôt le matin, au centre provincial de Bandung, puis, de la, a Jakarta. Des renseignements sur les marchés paralleles de Medan et Surabaya sont également transmis par téléphone. Dans l'apres-midi, on interroge les grossistes de Jakarta et l'on retourne par téléphone ces informations aux marchés de production, ou elles sont affichées sur un tableau tôt le lendemain matin. A Pangalengan, les producteurs se rassemblent autour de ce tableau vers 7 heures du matin. C'est la qu'ils rencontrent les grossistes et arretent avec eux les prix indicatifs de leur produit, qui est alors ramassé au bord des routes qui longent leurs champs. Les informations sur les prix sont aussi diffusées par la presse et la radio. Pour mettre en place ce service, il a fallu essentiellement installer des liaisons téléphoniques directes et former intensivement du personnel. Le personnel et les communications téléphoniques constituent les charges de fonctionnement.
Service officiel de commercialisation. La commercialisation joue un rôle stratégique dans le développement économique et elle est capitale pour l'agriculture commerciale. Elle mérite par conséquent une attention permanente et tout particulierement au sein du gouvernement.
Un service officiel de commercialisation doit en principe assumer les fonctions suivantes:
Le diagramme de la page 45 regroupe ces activités en quatre grands domaines pour chacun desquels est indiqué le personnel requis.
Dans les pays ou les entreprises publiques sont étroitement melées a la commercialisation, un ministere spécial peut etre créé a cet effet. Les activités doivent cependant en etre bien coordonnées avec celles des ministeres de l'agriculture, du développement rural et du commerce. C'est ainsi qu'en Iran, un tel ministere, qui n'était pas parvenu a instaurer de bonnes relations de travail avec les autres, a du etre abandonné et son unité spécialisée en commercialisation s'est retrouvée privée de toute base solide de travail.
Lorsque les responsabilités de commercialisation se répartissent entre plusieurs institutions gouvernementales, il peut etre bon qu'un conseil de la commercialisation réunisse périodiquement ces dernieres. Il faut aussi prévoir un secrétariat pour assurer la continuité.
L'expérience tanzanienne a montré que plus l'Etat intervient dans les activités de commercialisation et de détermination des prix, plus il a besoin d'une unité professionnelle compétente pour le conseiller. Il est regrettable pour les producteurs et les consommateurs des pays a orientation marxiste que le dogme politique empeche de se rendre a cette évidence.
Recherche. Des enquetes objectives détaillées sur les circuits de commercialisation reliant le producteur au consommateur sont précieuses pour aider les décideurs a appréhender le systeme dans son ensemble. Dans un deuxieme temps, la recherche se prete mieux a la vérification de certaines hypotheses. C'est pourquoi il convient de définir des le départ les principaux problemes a étudier, et de concevoir la collecte des données de maniere a clarifier ces problemes et a évaluer l'efficacité des améliorations éventuelles. Rassembler des données dans le vide n'est d'aucune utilité.
Les études de marché visant a développer les ventes de tel ou tel produit doivent tenir compte des éléments suivants:
Plan d'un service officiel de commercialisation
Projets d'investissement. Une enquete sur l'impact de nouvelles installations de marché dans certaines régions indiennes a montré que la production agricole s'en est trouvée accrue de 2 a 4 pour cent par an. Cette augmentation était surtout le fait des petits exploitants agricoles, jusque-la mal desservis. Il ressort toutefois de l'expérience qu'il vaut mieux entreprendre pas a pas les projets de construction. Exécuter de grands projets sous la pression de délais imposés par les besoins administratifs d'une institution de financement peut etre tres préjudiciable.
Mercuriales. Divers services de mercuriales mis sur pied au titre de programmes d'aide ont périclité peu apres la cessation des financements extérieurs. De toute évidence, ces services étaient mal adaptés aux besoins des agriculteurs et des commerçants.
L'évaluation d'un de ces services, créé au Pérou, a fait ressortir que seuls y trouvaient de l'intéret quelques utilisateurs parmi ceux auxquels il était destiné. Souvent, on en interprétait mal le but et l'on ne comprenait pas bien ce que signifiaient « prix agricoles » et « prix officiels ». Les exploitants écoutaient les petites stations locales de radio a 6 h 30 du matin et apres 7 h du soir, et les commerçants a midi. Les informations sur les prix doivent parfois etre insérées dans des programmes musicaux ou personnalisées pour retenir l'attention, etre acceptées par la direction concernée et ne pas ennuyer les auditeurs profanes. Les agriculteurs lisent plus les journaux locaux que nationaux; les bulletins imprimés doivent etre polarisés sur la région desservie. Dans le cas du Pérou, les tableaux noirs dressés sur les marchés avaient pour avantage d'inciter les gens a commenter les informations concernant les prix. Producteurs et commerçants s'intéressaient particulierement a celles qui étaient affichées sur un tableau proche d'un entrepôt de pommes de terre.
Figure 2.3 Service d'information sur le marché local.
On a évalué ce service en interrogeant un échantillon d'utilisateurs potentiels des mercuriales. Il est important de procéder a des contrôles de ce type pour tous les services permanents d'information.
Il arrive que surgissent des conflits avec les politiques officielles visant a maintenir des prix plafonds, ou avec des programmes d'achats officiels. Au Kenya, en 1981, il a finalement été décidé de rendre publics les prix de vente des céréales aux acheteurs autres que ceux de l'Office des céréales. Auparavant, ces prix restaient secrets et ne se communiquaient que de bouche a oreille, ce qui donnait aux commerçants un avantage sur les agriculteurs. En Iran, un service de mercuriales fut aboli des l'instant ou il révéla que le niveau effectif des prix de nombreux produits dépassait de loin celui qui était fixé par le gouvernement et servait a ce dernier pour établir l'indice du cout de la vie.
Références
ABBOTT, J.C. Dans Markets and marketing in developing countries. Ed. R. Moyer & S.C. Hollander. Homewood, Irwin Illinois.
AID. Agribusiness and rural project analysis manual, par S. R. Daines et a/. Washington, D.C.
FAO. Les problemes de la commercialisation et leurs solutions, par J.C. Abbott. Collection FAO: La commercialisation - Cahier No 1. FAO, Rome.
FAO. A summary note on the analysis of economic and financial returns in agricultural projects, par J.B. Bhattarchargee. Rome.
FAO. Outlines for food marketing facility projects to be presented for financing. Rome.
VARMA, S.C. Agricultural marketing in India. Directorate of Marketing and Inspection, Ministry of Rural Reconstruction, Delhi.
Il faut de toute évidence former du personnel pour les services de soutien et de réglementation relevant d'organismes publics, ainsi que pour les entreprises qui se livrent effectivement a des activités de commercialisation. Ce personnel doit etre tout aussi bien préparé que celui d'autres disciplines. Nanti d'un savoir fondé sur l'expérience d'autrui, il travaillera plus efficacement et commettra moins d'erreurs que ceux qui doivent s'initier empiriquement.
La commercialisation est un domaine nouveau pour la plupart des enseignants de métier. Il y a en effet peu de temps qu'elle figure aux programmes des universités et instituts de formation professionnelle bien établis. En attendant, les responsables des programmes d'amélioration de la commercialisation n'ont que trop conscience de ce que la lenteur des progres a cet égard vient surtout du manque de personnel qualifié.
Ce chapitre indique comment procéder pour arriver a mettre sur pied un systeme national apte a dispenser une formation du type et du niveau requis pour répondre aux besoins du pays. Parmi les méthodes adoptées par les pays en développement figurent les suivantes:
Les organisations sollicitées pour financer la formation a une nouvelle discipline veulent connaître le nombre d'effectifs a former, la maniere de le faire et la durée. Le tableau 3.1. donne un modele permettant d'obtenir les réponses a ces questions.
TABLEAU 3.1 Modele a utiliser pour évaluer les besoins de formation a la commercialisation agricole et alimentaire
Entreprises et services de commercilisation | Effectifs a former | Principales matiéres a enseigner |
Formation de niveau universitaire | ||
Services
gouvernementaux de soutien et de réglementation de la
commercialisation Etude de marché Infommations sur les marchés Elaboration des politiques y compris politiques des prix |
||
Grandes
entreprises de commercialisation Sociétés publiques Coopératives Entreprises privées (de gros, de détail, de transformation, d'entreposage) |
||
Institutions
de soutien a la commercialisation Sociétés de développement et de financement Sociétés-conseils Agroindustries |
||
Instituts de
formation a la commercialisation Universités Autres instituts de formation |
||
Grands
marchés Marchés de gros |
||
Divers | ||
Formation a la gestion et aux techniques (niveau moyen) | ||
Entreprises
publiques, coopératives et privées Céréales Groupeurs Grossistes Détaillants |
||
Fruits et
légumes Groupeurs Transporteurs Grossistes Détaillants Spécialistes de la transformation |
||
Bétail et
viande Groupeurs Grossistes Abatteurs Bouchers Commerçants en cuirs et peaux |
||
Produits
laitiers Groupeurs Spécialistes de la transformation Distributeurs Détaillants |
||
Oufs et
volaille Groupeurs Grossistes Détaillants |
||
Produits
tropicaux Commerce d'exportation (a spécifier par culture) Distributeurs de facteurs de production Grossistes de district Détaillants engrais et pesticides Détaillants matériel agricole |
||
Transporteurs Au niveau du village et du district Au niveau national |
||
Commerce
alimentaire de détail Supermarchés et magasins libre-service Petits détaillants |
||
Services
publics de commercialisation Services d'inspection Commercialisation locale Commercialisation a l'exportation Administrateurs de marché Marchés de gros Marchés de détail Marchés aux bestiaux Vulgarisateurs agricoles Divers |
Parmi ceux qui ne touchent pas de pres a la commercialisation, beaucoup ne peuvent se rendre compte du nombre de personnes et de disciplines annexes qu'elle met en jeu. Le tableau 3.2 récapitule les données chiffrées résultant d'une enquete de ce genre sur les besoins de formation a la commercialisation en Equateur. Une formation pratique du personnel d'exécution s'imposerait aussi dans toute la gamme des activités et services énumérés. Ce modele, une fois rempli avec indication des effectifs a former et des besoins dans chaque catégorie, servira de base de travail pour élaborer les programmes de formation a la commercialisation.
TABLEAU 3.2 Besoins personnel qualifié de commercialisation agricole, Equateur (1977-1990)
Programmes, projets et services | Effectifs a former | |||
Durée
de la formation |
Niveau univereitaire |
Niveau moyen |
Ouvriers spécialisés |
|
Entreposage des céréales (ENAC) | 1976-1982 | 50 | 170 | 80 |
Stations d'achat (ENAC) | 1976-1985 | 8 | 160 | 160 |
Centres de groupage des céré ales (coopératives) | 1977-1985 | 4 | 16 | 16 |
Entreprises de commercialisation | 1972-1985 | 24 | 48 | 48 |
Entrepôts de pommes de terre | 1978-1985 | 10 | 20 | 20 |
Entrepôts de céréales et de pommes de terre (périmetres irrigués) | 1976-1985 | 4 | 12 | 12 |
Chaîne du froid | 1976-1985 | 14 | 36 | 36 |
Emballage des fruits et légumes | 1978-1989 | 8 | 16 | 32 |
Marchés de gros | 1977-1982 | 30 | 60 | 60 |
Commissionnaires, courtiers, commissaires-priseurs | 1977-1985 | 30 | 20 | - |
Information sur les marchés et les prix | 1977-1985 | 20 | 30 | - |
Contrôle de qualité et laboratoires | 1977-1985 | 50 | 150 | - |
Services d'inspection | 1978-1 985 | 50 | 50 | - |
Statistiques et projections de l'oflre | 1977-1985 | 20 | 20 | - |
Abattoirs et inspection | 1977-1985 | 86 | 410 | 670 |
Marchés aux bestiaux | 1977-1985 | 30 | 60 | 95 |
Industries laitieres, laboratoires d'inspection | 1977-1985 | 280 | 370 | 400 |
Industries et inspection des viandes | 1978-1985 | 50 | 120 | 120 |
Instructeurs pour centres de for mation a la commercialisation | 1978-1985 | 40 | 40 | - |
Coopératives de consommateurs et supermarchés | 1978-1 985 | 20 | 40 | 120 |
Total | 838 | 1848 | 1869 | |
Besoins annuels de formation | (1978-1990) | 64 | 142 | 144 |
A premiere vue, ces chiffres peuvent paraître élevés, mais, dans ce pays en développement a croissance rapide, il faut s'attendre a un fort taux de défections dans l'immédiat. On doit donc former plus d'effectifs que le strict nécessaire en prévision des vacances probables. Que certains des éléments ainsi formés se dirigent vers d'autres activités n'est pas forcément une perte, car ils continueront a contribuer a la croissance économique. Dans le cas de l'Equateur, on a prévu de former le double des effectifs réellement requis pour etre sur d'en avoir assez.
Pour évaluer les besoins a cet égard, on interroge d'ordinaire un échantillon d'employeurs de personnel de commercialisation, puis on extrapole les résultats a l'échelle nationale en appliquant les chiffres disponibles pour l'ensemble des services, des marchés, des entreprises, etc. Beaucoup d'employeurs peuvent ne pas se rendre compte de tous les postes qui exigent une spécialisation en commercialisation jusqu'au moment ou l'interview leur en fait prendre conscience. Il faut alors pourvoir aux besoins futurs, y compris ceux engendrés par les changements dans la politique gouvernementale et dans le rôle de tel ou tel secteur de l'économie.
L'exemple ci-apres donne une idée de l'évolution que peuvent connaître les besoins de personnel de commercialisation a la suite de changements de ce genre dans un pays comme la Jordanie, gros exportateur de produits frais.