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Questions aux fins de discussion

Table des matières - Précédente - Suivante

  1. Une enquete a-t-elle été faite dans votre pays sur les besoins en personnel de commercialisation? Si oui, quels en ont été les résultats? Couvrait-elle tout l'éventail des emplois dans ce secteur? Dans la négative, pouvez-vous estimer les besoins dans les domaines omis? Vérifiez vos estimations en questionnant un échantillon d'employeurs.
  2. Dans quelles directions pensez-vous que la demande de main-d'ouvre s'accroîtra au cours des décennies a venir? Dans quelle mesure? Préparez une évaluation des besoins de votre pays en matiere de formation commerciale dans l'hypothese:

TABLEAU 3.3 Récapitulation des a suivre pour la formation t la commercialisation

Promotion de la formation Moyens de formation Resource requises
Sensibiliser le public a l'urgence et au besoin d'une formation pour développer l'économie. Etudier les moyens de formation existants pour juger de leurs possibilités sur le plan de l'enseignement et du nombre de personnes a former. Appui financier d'entreprises privées, de coopératives et d'entreprises publiques.
Organiser des discussions de groupe sur les aventages d'une meilleure commercialisation, des conférences des séminaires, des réunions d'agriculteurs et de commerçants.   Contribution éventuelle des stagiaires aux frais.
  Réviser éventuellement les programmes de fommation et les améliorer.  
  Un complément de formation a celle qui est déja dispensée permettrait d'améliorer les installations en place.  
Attirer l'attention de personnalités influentes du monde agricole et commercial sur la nécessité de dispenser une formation.    
  Organiser la formation des formateurs.  
Obtenir l'appui du gouvernement: faute de cet appui, la formation peut échouer. Prévoir, s'il le faut, de nouveaux moyens ou de nouvelles méthodes de formation.  
  Evaluer l'avantage d'un centre national de commercialisation agricole.  

 

Besoin de fomation Oui former? Justlfication
Déterminer le besoin de formation par des enquetes, des observations, des données statistiques sur les perspectives d'emploi, des estimations sur les effectifs nécessitant une formation. On peut diviser le secteur aengrocommercial groupes selon. Axer la formation sur les objectifs économiques nationaux du plan de développement et les politiques officielles.
  - Les produits ou les facteurs de production commercialisés.

- Les fonctions assumées.

 
    Indiquer les rendements attendus des investisse ments dans la formation.
  La formation requise peut etre exprimée, commodément, en homme/heures.  

a) d'un transfert de toutes les principales fonctions de la commercialisation aux mains de l'Etat

b) d'une politique visant a réduire les dépenses publiques et a confier le maximum de responsabilités aux entreprises nationales privées.

  1. Des séminaires nationaux sur des aspects de la commercialisation alimentaire et agricole se sont-ils tenus dans votre pays? Qui les a suivis? Quels renseignements pouvez-vous obtenir sur leur impact?
  2. Enquérez-vous en milieu gouvernemental et universitaire du nombre de ressortissants de votre pays qui ont étudié la commercialisation a l'étranger. Que font maintenant ces personnes? Contactez celles que vous pouvez trouver et demandez-leur dans quelle mesure elles jugent utile la formation qu'elles ont reçue. Dans quels autres pays conseilleriez-vous maintenant a vos compatriotes d'aller suivre des cours de commercialisation? Expliquez pourquoi.
  3. Quelles sont les institutions dans votre pays qui forment a la commercialisation? Pensez-vous qu'elles répondent aux besoins actuels et futurs? Quels changements suggéreriez-vous?
  4. Une institution spécialisée dans ce domaine serait-elle utile dans votre pays? Si oui, a quels groupes et a quelles catégories de stagiaires devraitelle s'adresser? Comment pourrait-on en faire une institution viable? Trouverait-elle matiere a recherche commerciale sous contrat?
  5. Quelles devraient etre les données principales d'un programme de formation dans votre pays a l'intention du personnel d'un office national d'achat de céréales alimentaires, des directeurs de coopératives rurales de commercialisation, des petits commerçants indépendants de produits agricoles? Spécifiez la durée, le programme d'études, etc., en fonction de la nature de leur tâche.
  6. Quelles sont les principales sources d'information sur la commercialisation dans votre pays? Fournissent-elles de bonnes bases a l'enseignement au niveau universitaire? Au niveau des cadres moyens? Au niveau technique et professionnel? Quels autres auxiliaires didactiques sont les plus nécessaires?

Références

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JAIN, S.C. Principles and practice of agricultural marketing and prices. Vora, Bombay.

ONAH, J. O., ed. Marketing in Nigeria: experience in a developing country Cassell, Londres.

WHETHAM, E. H. Agricultural marketing in Africa. Oxford University Press, Oxford.


4. Les céréales alimentaires

Un systeme de libre commercialisation, composé d'entreprises indépendantes et a la fois concurrentes, évoluera le plus souvent dans le sens dicté par les besoins des consommateurs. C'est ce que montre, par exemple, la structure des entreprises familiales qui, au Nigéria, assurent un approvisionnement régulier a des villes de plusieurs millions d'habitants. Sans l'intervention de tels commerçants, les prix des produits récoltés pendant une meme campagne connaîtraient certainement des écarts plus importants entre le moment de la récolte et la suite de l'année. En effet, chacun d'eux achete quand les prix sont bas et stocke pour revendre plus tard, nivelant ainsi les irrégularités saisonnieres. Mais, comme dans leurs calculs ces commerçants tiennent compte des risques de pertes matérielles, des incertitudes du marché et de la mise en jeu de liquidités souvent rares, l'éventail saisonnier des prix peut encore sembler tres large. Il n'est guere probable qu'un tel systeme, si rien n'entrave son libre jeu, ait pour effet d'atténuer les répercussions du caractere saisonnier des approvisionnements sur les producteurs et les consommateurs, et moins encore de réduire les brusques variations, d'une campagne sur l'autre, de la production nationale totale. Le systeme pousse a recourir aux importations pour pallier les pénuries. Or, outre les dépenses en devises qu'elles occasion-nent, ces importations risquent de décourager les producteurs nationaux. L'incertitude des débouchés et des recettes restreint encore l'acces des cultivateurs au crédit pour financer les moyens de production.

C'est pourquoi la plupart des gouvernements d'Asie, d'Amérique latine et, plus récemment, d'Afrique ont trouvé judicieux de mettre sur pied un mécanisme de stabilisation du marché destiné a réduire les effets de fluctuations aussi accentuées dans l'approvisionnement et les prix des céréales de base, qui découragent la production et ajoutent aux difficultés des consommateurs a faible revenu. Ils s'efforcent ainsi de satisfaire des besoins déja reconnus depuis de nombreuses années en Europe et en Amérique du Nord. On ne peut s'attendre que les cultivateurs travaillent plus et dépensent de l'argent pour accroître leur production s'ils n'ont pas l'assurance de trouver un acheteur pour ce surplus a un prix minimal déterminé. Pour une garantie efficace des prix, il faut un office disposé a acheter a ces prix. Il doit aussi exister un moyen permettant aux pouvoirs publics d'assurer la fourniture de vivres lorsque les prix du marché libre s'emballent, afin que les prix a la vente restent compatibles avec le revenu du consommateur.

Dans les pays ou plusieurs des principales cultures vivrieres parviennent a maturité a différentes époques de l'année, la nécessité d'un tel mécanisme de stabilisation se fait moins sentir. C'est le cas dans les zones tropicales humides ou ignames et manioc peuvent remplacer les céréales saisonnieres.

 

Comment contrôler le marché avec 10 pour cent des récoltes

Les programmes de stabilisation du prix des céréales ont pour caractéristique d'inciter a la mise en place d'un organisme public équipé pour vendre, acheter et détenir des stocks. Cet organisme entretient un stock régulateur qu'il regarnit par des achats effectués a un prix annoncé a l'avance, soutenant ainsi le marché au moment de la récolte, quand beaucoup d'agriculteurs sont pressés de vendre. Plus tard, pendant la morte-saison, ce stock est remis en circulation par l'intermédiaire de grossistes ou de détaillants, ce qui permet de limiter la hausse des prix a la consommation. Lorsque des commerçants et des coopératives existent déja sur place, ils peuvent servir d'acheteurs. Dans ce cas, la mise en ouvre du programme de stabilisation n'exige que des moyens relativement limités, car on ne cherche pas a supplanter les circuits commerciaux existants.

Cette forme de stabilisation convient parfaitement aux pays qui doivent importer pour compléter leur production nationale, ou dont les exportations sont marginales, mais ni substantielles ni suivies. Dans les pays exportateurs, a moins que le prix a la production ne soit basé sur la parité d'exportation, l'application de tels dispositifs risque de rendre nécessaires des subventions répétées du gouvernement. Ne traitant qu'une partie des disponibilités commercialisées, l'office de stabilisation ne peut rattraper ses pertes a l'exportation, ni aupres des producteurs, ni aupres des consommateurs.

Pour stabiliser le marché intérieur, il est également indispensable de contrôler les importations et les exportations des produits en question et des produits de remplacement acceptables. On accorde parfois le monopole des importations et des exportations a l'office de stabilisation. En autorisant la libre importation, on risquerait de voir le pays inondé de produits importés a bas prix, ce qui interdirait a l'office de stabilisation de vendre ses propres stocks a un prix satisfaisant.

Pour aider un service de ce genre a équilibrer son budget, on peut l'autoriser a prélever des marges supplémentaires sur certains produits complémentaires achetés surtout par des consommateurs a haut revenu. Les importations de riz dans certains pays d'Afrique offrent cette possibilité. Toutefois, meme s'il bénéficie d'une telle assistance, on ne peut attendre d'un office de stabilisation qu'il offre aux agriculteurs un prix supérieur a celui qu'il peut demander au consommateur, moins ses couts de fonctionnement. De meme, il ne peut etre question pour lui de vendre aux consommateurs moins cher que le prix a la production, majoré des frais. Donc, si le gouvernement n'est pas disposé a accorder des subventions (chose que beaucoup de pays en développement ne peuvent pas se permettre), il ne saurait etre question de « soutenir » les prix a la production ni d'« empecher la hausse » des prix a la consommation au-dela des niveaux économiques. Il ne saurait y avoir de distribution gratuite des réserves en cas d'urgence si on ne peut les reconstituer. Dans plusieurs pays d'Afrique, des organismes gérant des stocks régulateurs ont du cesser ou réduire fortement leurs activités a cause de distributions gratuites, a titre de secours, qui avaient dégarni leurs stocks.

Achats. Avant d'acheter, il faut etre sur de disposer en temps utile des fonds ou des crédits nécessaires au paiement. On doit également disposer d'installations d'emmagasinage, encore que l'office ne doive pas forcément etre propriétaire de la totalité de ces locaux si certains peuvent etre loués. L'un des moyens d'aborder le probleme de façon pratique consiste a estimer:

Il est généralement admis que cette quantité doit se situer entre 10 et 20 pour cent de la récolte commercialisée en année moyenne, l'objectif provisoire étant d'ordinaire fixé a 14 ou 15 pour cent. Par rapport a la production totale, le pourcentage est naturellement bien plus faible. Dans les pays en développement, la majeure partie de la récolte est consommée dans les villages producteurs. Sur une production de mais estimée a 14 ou 15 millions de sacs, l'Office kenyen des produits n'en a acheté, pendant de nombreuses années, que 1 ou 2 millions.

Tres rares sont les pays en développement ou l'office de stabilisation s'efforce d'acheter la totalité de la quantité commercialisée d'une céréale de base. Afin de mettre en ouvre une politique visant a maintenir le prix intérieur au-dessus des cours du marché mondial, certains offices ont eu le monopole des achats en gros, meme si cela obligeait a des exportations substantielles. Les pertes a l'exportation pouvaient alors etre réparties sur les ventes du marché intérieur. Dans la pratique, il est difficile d'appliquer un monopole d'achat, sauf sur les produits provenant de grandes exploitations. La ou les petits producteurs sont nombreux, les fuites sont importantes.

Les acheteurs reçoivent une commission sur chaque sac acheté pour l'office de stabilisation. Ce dernier évite ainsi les frais d'un personnel permanent, alors qu'il s'agit d'effectuer des achats saisonniers et tres variables d'une année a l'autre en fonction des récoltes. Toutefois, dans bien des pays, les plus petits exploitants n'obtiennent pas toujours le prix qui leur est du en application d'un tel systeme parce que l'acheteur est leur créancier, parce qu'ils manquent d'information sur les prix, sur les normes de qualité, etc. Aussi des unités d'achat direct peuvent etre mises en place dans les zones de production afin que les agriculteurs reçoivent effectivement le prix établi. Des coopératives d'agriculteurs peuvent également etre utilisées comme acheteurs. Cette pratique présente en outre l'avantage de faciliter l'octroi de crédit institutionnel aux petits producteurs vivriers, opération souvent rendue problématique par les difficultés de remboursement.

Une fois des centres d'achat installés, qu'ils soient gérés directement ou par une coopérative, quelle doit etre la durée de leurs campagnes d'achat, et quelles sommes convient-il de consacrer a l'emmagasinage et a l'équipement? Beaucoup d'offices de stabilisation ont tendance a acheter le plus possible pendant la période qui suit immédiatement la récolte. Cela renforce leur position pour contrôler ensuite la situation de l'offre, mais oblige, en revanche, a concentrer toute la charge de l'emmagasinage central et du transport sur cette période. Inciter les agriculteurs a mettre de côté une partie de leur production en leur offrant des prix qui augmentent de façon progressive et réguliere apres la récolte est un moyen d'alléger ce fardeau saisonnier.

Une attention toute particuliere doit etre apportée a l'organisation des paiements aux agriculteurs. En désignant comme agent un commerçant, on lui laisse, au moins en partie, la responsabilité de se procurer de l'argent liquide pour payer les agriculteurs a la livraison. Les coopératives et les centres d'achat direct dépendent entierement des avances financieres faites par l'office de stabilisation. Des rétards dans l'arrivée des fonds ainsi que des procédures compliquées visant a diminuer les risques de disparition de ces fonds -par exemple le paiement par coupons encaissables a la banque-ont provoqué les agriculteurs des critiques séveres. Quand, au plus fort de la saison, la Food Corporation of India se trouva pendant 10 jours dans l'incapacité d'acheter a Khanna, le grand marché de groupage du Penjab, les prix payés aux agriculteurs chuterent de 15 pour cent.

Figure 4.1 L'organisme officiel d'achat- .. il ne regardera meme pas nos produits s'il ne reçoit pas de pourboire! »

Figure 4.2 « Pour le moment, nous ne pouvons verser aux membres que 70 pour cent du prix-moins les déductions. »

Il n'y a, en principe, rien a redire a un systeme de primes a la qualité versées aux exploitants, mais trop souvent, pour simplifier les achats, les regles ne sont pas appliquées avec assez de rigueur. Ainsi, en 1980, il faisait tres humide au moment de la moisson; sous la pression des agriculteurs, la Food Corporation of India ramena les criteres minimaux pour le paddy a 18 pour cent d'humidité et 6 pour cent d'impuretés, ce qui favorisa la livraison d'une marchandise a trop forte teneur en humidité et de mauvaise qualité. L'emmagasinage et la revente en subirent les conséquences. Pour permettre une adaptation progressive, il vaut mieux répartir sur plusieurs campagnes l'application de normes simples assorties d'une prime a la qualité.

Fixation des prix. Pour remplir efficacement son rôle, qui est de faire progresser la production, le bareme des prix d'achat devrait etre publié avant les semailles. Si le prix est fixé trop haut, l'office se verra proposer la récolte entiere, et peut-etre meme la quantité qui serait normalement réservée a la consommation locale. Il en résultera des difficultés de transport et d'emmagasinage, et on risquera de se trouver a court de fonds pour honorer le prix de base garanti, ce qui compromettra toute crédibilité ultérieure. Si le prix est fixé trop bas, le plus gros de la récolte passera aux mains de négociants. L'office de stabilisation, a moins d'importer, ne disposera d'aucun stock a remettre sur le marché si les prix au consommateur viennent a monter en fleche au cours de l'année. On pourrait logiquement partir d'un point situé a mi-chemin de la parité des prix d'importation et de la parité des prix d'exportation. Il serait alors possible d'ajuster ce prix lors des campagnes ultérieures en fonction des réactions du producteur et du marché, ainsi que du prix a quai des marchandises importées.

Emmagasinage et transport. Avant de démarrer un programme de stabilisation, il faut etre sur de pouvoir disposer de moyens d'emmagasinage. On a eu tendance a construire de grands silos dans les capitales. Il serait bien plus utile de pouvoir stocker dans des centres de transport adéquats situés dans les principales zones de production. Il faut toujours tenir compte des installations existantes que l'on pourrait louer. Souvent, dans les pays en développement, des bâtiments du genre entrepôt, ou peuvent aussi etre gardés des engrais ou d'autres fournitures ou produits agricoles, constituent une solution économique pour l'emmagasinage saisonnier. Les silos spécialisés conviennent pour un entreposage a plus long terme, et dans les ports ou il est tres important de pouvoir charger ou décharger rapidement les bateaux.

Pour transporter les céréales achetées dans le cadre d'opérations de stabilisation, il revient généralement moins cher de recourir aux services d'autres entreprises. Etant donné le caractere essentiellement saisonnier de ses besoins, l'office n'a peut-etre pas intéret a avoir son propre parc de véhicules. Des entreprises spécialisées sont habituellement mieux placées pour assurer une pleine utilisation des véhicules tout au long de l'année, et pour trouver du fret de retour afin de réduire les couts. Au Malawi et ailleurs, l'expérience montre que favoriser la croissance d'entreprises indépendantes de transport est un moyen particulierement efficace de stimuler l'initiative commerciale dans les pays du tiers monde.

On ne saurait trop insister sur l'importance que revetent, pour les offices de stabilisation, la compétence administrative au sein des offices et le savoir-faire technique en matiere de manutention, d'emmagasinage et de commercialisation des céréales. Beaucoup de gouvernements ont des difficultés a recruter le meilleur personnel disponible et a lui permettre de travailler a l'abri de toute pression politique.

Stocks de stabilisation et de réserve. Les stocks détenus par les offices de stabilisation peuvent servir soit a régulariser les approvisionnements et les prix au cours d'une campagne, soit a disposer d'un report au terme d'une bonne année, soit enfin a constituer une réserve pour se prémunir contre de futures pénuries, c'est-adire un stock de sécurité alimentaire. En théorie, il est utile de faire la différence entre les stocks qui vont permettre d'affronter les fluctuations « normales » d'une campagne (ou d'une année) a l'autre, et les stocks supplémentaires qui feront le tampon en cas de pénurie « anormale ». Une telle pénurie pourrait avoir pour cause:

Afin de pouvoir parer a de telles éventualités, bon nombre d'Etats entretiennent des stocks de réserve qui représentent de un a trois mois de consommation. En général, réserves nationales et stocks de stabilisation sont intimement associés; en effet, dans la pratique, le maintien de la qualité de ces stocks nécessite des rotations périodiques et l'Etat s'engage a acheter aux agriculteurs lors de la moisson en vertu des programmes de stabilisation des prix. Les Etats peuvent affecter des quantités déterminées aux réserves nationales sans devoir pour autant les mettre matériellement a part.

Pour atteindre leurs buts, les programmes de stabilisation n'exigent pas de réserves nationales de ce type. L'Etat doit prendre en charge séparément les frais de gestion de ces stocks de « réserve » supplémentaires. Si on impose cette charge a un office de stabilisation, on risque de voir, comme dans certains pays d'Afrique, sa marge de fonctionnement prendre une telle importance que les agriculteurs seront fortement tentés de vendre ailleurs.

Les pays exportateurs de pétrole ou de minerai pourront peut-etre inclure ces dépenses dans leur programme de développement. D'autres jugeront meme indispensable de le faire pour se prémunir contre d'éventuelles difficultés d'approvisionnement au moment ou des importations seraient nécessaires. C'est le cas pour un pays enclavé comme le Malawi.

Pour les pays qui n'auraient pas de grandes difficultés a couvrir leurs besoins, en cas d'urgence, grâce a des sources internationales, les investissements en stocks de sécurité et en emmagasinage seront moins prioritaires. On peut dire que l'Inde, qui a suffisamment de ports maritimes, aurait de telles possibilités pour le blé. Ainsi, la réserve nationale de 12 millions de tonnes de céréales vivrieres, jugée nécessaire par le gouvernement au début des années 80 pour une consommation annuelle moyenne de 130 millions de tonnes, pourrait etre réduite sans risque.

La suite de ce chapitre est consacrée a ce qui a été fait pour améliorer la commercialisation des céréales alimentaires dans certains pays et a ce qu'il en est résulté dans la pratique.

 

Décisions arbitraires

Dans les années 50, la Colombie, comme la plupart des pays d'Amérique latine, était accablée par le prix tres élevé de la nourriture. Le pain coutait environ deux fois plus cher qu'aux Etats-Unis, alors que les salaires étaient en moyenne cinq fois moins élevés. Meme le mais et les haricots secs, base de l'alimentation populaire, atteignaient, bien que produits sur place, des prix nettement supérieurs aux cours mondiaux. Chacun se répandait en protestations indignées contre les « spéculateurs » et les « accapareurs ». Le gouvernement avait reconnu que les pouvoirs publics devaient prendre des initiatives pour stabiliser les prix des denrées alimentaires de base. Il avait mis sur pied un office national des produits agricoles-INA-qui devait régulariser le marché intérieur des aliments de premiere nécessité-blé, mais, haricots secs et pommes de terre. L'INA avait reçu le monopole du commerce de gros du blé, et le montant d'une taxe sur les importations lui était dévolu. La raison invoquée pour maintenir le prix du blé en Colombie a un niveau élevé était qu'on pouvait le cultiver sur place en altitude. Quoi qu'il en soit, les petits exploitants avaient besoin d'un prix élevé pour s'assurer un revenu convenable, alors qu'une grande exploitation bien équipée pouvait produire a un prix relativement bas. Pour les politiciens, c'était la une cause sociale revée a défendre, surtout si les terres a blé se trouvaient leur appartenir. Il fallait protéger les moyens d'existence des exploitants pauvres en maintenant les prix du blé bien au-dessus des cours mondiaux. L'INA n'avait été créé que pour cela et pour veiller a ce que les cultivateurs de mais, de haricots et de pommes de terre puissent jouir aussi de débouchés rémunérateurs. Jusqu'en 1955, l'INA ne fit pratiquement rien pour stabiliser les prix intérieurs. Mais il était tres bien installé. Il occupait quatre étages d'un luxueux immeuble moderne dans le centre de Bogota. Il y avait 18 succursales. L'INA possédait aussi quelques silos modernes en béton dotés d'installations de séchage, situés dans des centres de consommation. Ils fonctionnaient a 20 ou 40 pour cent de leurs possibilités, avec une rotation annuelle unique. Pour le seul siege, les effectifs du personnel atteignaient plusieurs centaines.

En 1956, un projet fut lançé pour rendre l'INA plus efficace. Comme il était difficile, pour des raisons politiques, de toucher aux taxes sur le blé, il fallait concentrer tous les efforts sur la stabilisation du prix des autres aliments de base, qui étaient bien acceptés comme produits de remplacement, en particulier par les groupes a faible revenu. On commença par constituer une base d'informations a partir desquelles l'INA pourrait déterminer ses opérations touchant les prix et l'approvisionnement. L'office colombien de planification et l'INA entreprirent une enquete pour évaluer les mouvements des denrées alimentaires de base par la route, le rail et les cours d'eau. En tenant compte de ce que consommaient l'agriculteur, sa famille et son bétail, ainsi que des semences pour la campagne suivante, des pertes a l'emmagasinage, etc., on faisait une estimation de la production totale. Ces chiffres de base pouvaient alors etre ajustés d'une campagne sur l'autre a l'aide de rapports sur les conditions de culture. Le personnel de l'INA était déja sur place dans les zones rurales et pouvait etre employé a rassembler les données nécessaires. Disposant du schéma des mouvements commerciaux et de rapports sur l'état du marché, l'INA était a meme d'intervenir judicieusement sur les marchés intérieurs pour amortir les fluctuations dues a la spéculation.

L'INA fournissait les locaux et le personnel administratif. L'office de planification fut autorisé a dresser des points de contrôle sur les routes principales pour vérifier le contenu des camions qui passaient; il fit ensuite rédiger et publier un programme d'intervention pour la stabilisation des prix des aliments de base. Cet ouvrage devint un best-seller en Colombie et dans les pays voisins, et fut abondamment cité. Il rencontra l'approbation générale. Mais rien ne se passa. Au bout d'un certain temps, l'homme qui en avait été l'instigateur s'impatienta et se plaignit. Un jour, il fut convoqué au bureau d'un politicien tres important. On lui demanda comment le projet pouvait etre mis en application. En établissant, répondit-il, des centres d'achat disposant de moyens d'emmagasinage appropriés, pour acheter au moment de la moisson lorsque les prix sont bas. a Alors, construisez le premier ici », dit le politicien en montrant du doigt un point sur une carte. L'endroit était a 12 km de la voie ferrée et tres malcommode.

Heureusement, ce politicien fut destitué peu apres. La réaction du gouvernement suivant fut d'abolir purement et simplement l'INA. Mais la nécessité de stabiliser les prix et l'approvisionnement des aliments de base n'avait pas disparu pour autant; il fallait donc un service public qui s'en charge de façon systématique. Un gouvernement ultérieur fonda l'Institut pour le développement de la commercialisation agricole (IDEMA). Sa fonction était de garantir des prix minimaux aux agriculteurs et de stabiliser les prix a la consommation pour le blé, le mais, le riz, les haricots et les pommes de terre. Cet institut joua un rôle fondamental dans le programme de formation aux techniques commerciales dont il a été question au chapitre 3 sous le nom d'ILMA.


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